Morano isolée dans son propre camp après ses propos sur la "race blanche"
Lâchée par ses camarades des Républicains, l'eurodéputée a toutefois reçu, lundi, le soutien de Gilbert Collard, député du Gard sous l'étiquette Rassemblement bleu Marine, proche du Front national.
"La France est un pays de race blanche." Cette phrase de Nadine Morano martelée sur le plateau de l'émission "On n'est pas couché", sur France 2, a provoqué un tollé et continue de faire réagir, lundi 28 septembre. Chez Les Républicains, dans le propre camp de l'eurodéputée, on prend ses distances. De nombreux ténors du parti condamnent fermement ses propos.
Les Républicains "ne s'y associent pas"
Les porte-parole du parti de droite ont estimé qu'il s'agissait d'"une expression malheureuse", lundi, lors du point presse hebdomadaire, rapporte BFMTV.
Les Républicains ne s'y associent pas.
Reste que le parti ne compte pas sanctionner l'élue car il estime qu'elle parlait uniquement en son nom. "Nadine Morano n'est pas habilitée à parler au nom de notre famille politique", a ajouté Sébastien Huyghe.
Sarkozy serait "consterné"
Le président des Républicains n'a pas encore officiellement réagi, lundi après-midi. Mais son entourage indique qu'il est "consterné par l'énorme maladresse de Nadine Morano", rapporte Le Figaro.
"Pas quelque chose d'acceptable", commente Juppé
"La notion de race ne me paraît pas quelque chose d'acceptable", a réagi lundi Alain Juppé. "La nation ne se définit pas par une race, je l'ai écrit maintes fois, et je continue à penser que la plus belle définition de ce qu'est une nation, de ce qu'est une patrie, c'est celle qu'Ernest Renan a donnée au XIXe siècle : le lieu du vivre ensemble (...), des valeurs communes, un projet commun, un bien commun, une vision commune de l'avenir", a souligné le maire de Bordeaux lors d'un point de presse.
La France, "c'est une république laïque", dit Fillon
L'ancien Premier ministre François Fillon a réagi, dimanche soir, sur BFMTV. "La France est un pays historiquement avec des racines chrétiennes, c'est un fait. Aujourd'hui, c'est une République, un pays laïque qui ne fait pas de différence entre les religions. Ma définition de la France, c'est ça : une république laïque", a-t-il déclaré. Aurait-il utilisé les mêmes termes que Nadine Morano ? "A l'évidence, non", a-t-il tranché.
"La France, ce n'est pas une race", rappelle Le Maire
Lundi, l'ancien ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire, membre des Républicains, l'a martelé sur BFMTV : "La France, ce n'est pas une race, la France, ce n'est pas une religion, la France, elle n'est pas une couleur de peau. La France, c'est une idée, c'est des principes, c'est des valeurs essentielles, l'égalité homme-femme, la laïcité, notre histoire, notre mémoire, notre langue. C'est ça qui fait la valeur de la France."
Mais, comme le parti, il ne souhaite pas que Nadine Morano soit sanctionnée. "On n'est pas là pour sanctionner, distribuer des bons points et des mauvais points."
Une "dévaluation du débat politique", regrette Gaymard
Le député-maire de Tourcoing a mentionné Félix Eboué, ancien gouverneur de la Martinique, de la Guadeloupe et du Tchad, et Saïd Boualam, surnommé "le bachaga Boualem", qui fut vice-président de l'Assemblée nationale.
Je crois que le Bachaga Boualem et Félix Eboué ne voient pas le lien entre être de "race blanche" et être français... pic.twitter.com/QegYsL53Tm
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) 28 Septembre 2015
D'autres membres des Républicains ont également critiqué Nadine Morano. Hervé Gaymard, député de Savoie, a estimé qu'"avec la phrase de Morano, on est dans la dévaluation compétitive du débat politique". De son côté, Valérie Debord, secrétaire générale adjointe du parti, a mentionné l'article 1er de la Constitution : "Etre français, c'est adhérer aux valeurs de la République sans distinction d'origine, de race ou de religion."
Nadine Morano a quand même reçu un soutien. Mais il ne venait pas de son camp. Elle a été défendue, lundi, par Gilbert Collard, député du Gard, élu du Rassemblement bleu Marine (RBM), proche du Front national.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.