Cet article date de plus de sept ans.

Législatives : Manuel Valls est un homme "en fuite" qui inspire du "dégoût", lance un eurodéputé PS

Publié Mis à jour
Article rédigé par franceinfo
Radio France

Le député européen Guillaume Balas, socialiste proche de Benoît Hamon, a répondu avec virulence à l'annonce de Manuel Valls de se présenter aux législatives pour la majorité présidentielle, mardi matin. 

Le député européen socialiste Guillaume Balas, a réagi, mardi 9 mai sur franceinfo, à l'annonce de Manuel Valls de sa volonté d'être candidat de la majorité présidentielle aux législatives. Ce proche de Benoît Hamon qualifié l'attitude de l'ex-Premier ministre de "fuite d'un homme", qui inspire du "dégoût". Le "Parti socialiste doit affirmer de manière claire son ancrage à gauche" et ne pas "devenir la cinquième roue du carrosse d’une majorité macroniste qui, en fait, n’aura pas besoin de lui", a estimé Guillaume Balas. Il souhaite "une union de la gauche avec Jean-Luc Mélenchon". En tout cas, une gauche nouvelle "est à construire", a-t-il ajouté.

franceinfo : Comment réagissez-vous à l’annonce de Manuel Valls ? Est-ce que cela annonce un changement de position au Parti socialiste ?

Guillaume Balas : Plus rien ne m’étonne de Manuel Valls. Il inspire toujours plus de dégoût sur le fait de ne jamais respecter aucun cadre collectif. Il n’avait pas respecté celui de la primaire. Il ne respecte pas aujourd’hui celui des délibérations du Parti socialiste. C’est la fuite d’un homme.

Concernant l’avenir du Parti socialiste, il doit maintenant choisir sur le fond : est-ce qu’il est d’abord un supplétif d'Emmanuel Macron sans même discuter du fond de ses propositions ? Le président élu a des propositions, elles sont légitimes. Le problème, c’est qu’elles ne rejoignent que très partiellement, souvent pas du tout – voire au contraire – ce qu’a toujours défendu le Parti socialiste. Nous sommes un parti issu de la défense du monde du travail. Est-ce que nous souhaitons aujourd’hui qu’il y ait un code du travail par entreprise et que les salariés ne puissent plus être défendus par la loi ? Ce n’est qu’un exemple. Le Parti socialiste doit affirmer de manière claire son ancrage à gauche, pour défendre ce qu’est sa mission historique, c’est-à-dire défendre le monde du travail. J’ai l’impression que certains voudraient abandonner cette cause uniquement pour se faire élire député.

Pourtant Manuel Valls n’est pas le seul à vouloir se positionner, y compris au sein du PS ?

Oui, c’est pour cela que le Parti socialiste a un choix historique à faire. C’est déjà arrivé dans son histoire. Il a eu des moments de faiblesse et il a préféré rejoindre le centre-droit libéral. Je pense notamment à 1958.  Il avait cédé devant le général de Gaulle sans plus rien défendre. Or il doit jouer son rôle aujourd’hui. Son rôle est de défendre ce que sont ses options fondamentales politiques, son identité, celle notamment de la justice sociale, et de faire en sorte que cela puisse être affirmé dans cette campagne. Le risque est que le PS ne soit plus que la cinquième roue du carrosse d’une majorité macroniste, qui, en fait, n’aura pas besoin de lui.

Que souhaitez-vous, alors ?

Une union de la gauche avec Jean-Luc Mélenchon. À gauche, il est même celui qui a fait le plus gros score à l'élection présidentielle, je ne l’oublie pas. C’est à lui de répondre à cette question. Pour l’instant, il n’y répond pas, c’est sa responsabilité. Si la gauche était rassemblée, nous pourrions avoir un nombre de députés très important, peut-être même une majorité relative. Nous pourrions peser dans le futur de ce pays.

Mais le flou vient de votre direction, la plateforme législative proposée par la direction du PS met l’accent sur les convergences avec Emmanuel Macron et laisse tomber le programme de Benoît Hamon.

La direction du PS, ce n’est pas le PS. Ce matin [mardi], nous allons beaucoup dire que ce texte ne convient pas car l’orientation politique qu’il y a derrière n’est pas celle qui constitue le Parti socialiste et son histoire. Il est impossible aujourd’hui d’y adhérer. J’espère que la direction entendra raison. C’est sa responsabilité. Autrement, elle prend le risque d’un parti désuni au moment des législatives. Ce n’est pas nous qui déstabilisons les électeurs de gauche. Ce qu’ils attendent, c’est un parti de gauche qui a des propositions de gauche. Responsable et réformiste, mais de gauche. Tout le monde dit que le Parti socialiste doit se dépasser, mais pour faire quoi ? Que la social-démocratie soit très malade, c’est certain. C'est pour cette raison que Benoît Hamon a proposé une voie qui est celle d’un dépassement du Parti socialiste français par la création d’un espace politique nouveau et qui associe notamment l’écologie et la démocratie. Cela veut dire qu’il y a un espace politique entre la radicalité de Jean-Luc Mélenchon et la trahison pour aller vers Emmanuel Macron, pour une gauche moderne, responsable, qui veut transformer tout en gouvernant. Cette gauche est à construire aujourd'hui.

Législatives : "Plus rien n'étonne de Valls, il inspire toujours plus de dégoût", lance Guillaume Balas (PS)

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.