"On sort de cette séquence épuisés" : alors que leurs vacances démarrent, les députés racontent une année éprouvante
Ça y est, pour eux aussi, les vacances démarrent bientôt. La session parlementaire à l'Assemblée nationale se termine dimanche 23 juillet, synonyme de congés d'été pour les députés. Réforme des retraites, rejet de la réforme de sûreté nucléaire, violences urbaines après la mort de Nahel : si les élus des différents groupes sont rarement d'accord sur le fond, tous décrivent une année éprouvante.
Dans les couloirs du Palais-Bourbon, les pas sont un peu plus lourds que d'habitude, les traits plus tirés et les yeux cernés : "Oui, on a besoin de vacances", concède facilement Danielle Simmonet, députée La France insoumise de la 15e circonscription de Paris. Cette année, plus encore que d'habitude, l'hémicycle a été un lieu de discussions, rythmées par les 49.3, les motions de censure et les débats parfois houleux.
"Mentalement, il y a une fatigue"
D'autant qu'il a fallu siéger plus qu'à l'accoutumée. Même les députés habitués, aguerris, l'ont senti. C'est par exemple le cas du Républicain Pierre-Henry Dumont qui en est pourtant à son second mandat : "C'est une Assemblée nationale qui prend un peu plus de place dans les débats, avec un président de la République qui passe parfois en force alors que ça ne mérite pas. Ça a été le cas, par exemple pour le budget, l'année dernière. Cela a fait beaucoup de peine à beaucoup de députés qui ont travaillé sur le projet de loi de finances. Mentalement c'est un peu compliqué, il y a une fatigue."
Ressenti similaire de l'autre côté de l'hémicycle pour le communiste Sébastien Jumel : "D'abord les 100 jours ont été très longs. Je constate que les marcheurs n'ont renoncé à rien. Nous, on a joué notre rôle de résistance, d'alerte, de porte-voix. On sort de cette séquence épuisés".
Une plongée dans le grand bain encore plus éprouvante pour les plus jeunes, les députés qui ont été élus pour la première fois en 2022. Le député Rassemblement National Pierrick Berteloo a dû prendre ses marques : "On finit par s'y faire à tous ces couloirs, quand on est souvent à l'Assemblée, on sait où l'on va !" Il poursuit : "Moi, initialement j'étais marin sur les porte-conteneurs et sur les ferrys. L'Assemblée, ça ne ressemble pas à un bateau, il faut s'habituer aux différents débats, au fonctionnement, aux prises de parole..."
Des journées qui commencent tôt et finissent tard
Le député insoumis Louis Boyard met lui en avant la fatigue physique et psychologique, d'autant plus présente quand on appartient à LFI, selon lui : "Il y a une tension permanente qui n'est pas agréable. Quand vous voyez l'extrême droite et les macronistes s'allier contre La France insoumise, seule contre tous, oui, il y a une tension. Quand on est député, on n'a plus vraiment de vie pour soi. On commence tôt, et on finit tard. Mais ce n'est pas grave, on est là pour ça".
Alors Louis Boyard "accueille les vacances à bras grand ouverts. Ça fait longtemps que je n'ai pas vu ma famille, ça va me faire plaisir de les revoir". Une pause de quelques semaines avant de se remettre au travail : les travaux parlementaires reprendront autour du 15 septembre.
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