Motion de censure : La France insoumise part sans la Nupes et l'assume
La France insoumise a déposé sans le soutien de ses partenaires de la Nupes une nouvelle motion de censure qui sera examinée en début de semaine prochaine à l’Assemblée nationale. La formation assume son systématisme et de jouer cavalier seul.
L'Assemblée doit examiner en début de semaine prochaine deux nouvelles motions de censure, qui n’ont aucune chance d’être adoptées. Celle du RN et celle de La France insoumise, déposées jeudi 27 octobre après le nouveau 49.3 dégainé par Elisabeth Borne sur le budget de la Sécurité sociale. La France insoumise y va donc seule, sans ses partenaires de la Nupes qui ne souhaitent pas déposer une nouvelle motion commune.
Faut-il y voir un coup de pression des insoumis ? Ces derniers n’ont en tout cas pas attendu de consulter leurs partenaires pour annoncer déposer une motion de censure à chaque 49.3. Un systématisme assumé vendredi 28 octobre sur franceinfo par Clémence Guetté, la vice-présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale : "Quand La France insoumise dépose une motion de censure, on est sérieux, lance-t-elle. C'est pour faire chuter ce gouvernement, c'est parce qu'on est prêts à gouverner et qu'on veut prendre leur place et qu'on veut repartir en campagne et qu'il y ait de nouvelles élections législatives. On mène donc la logique jusqu'au bout."
Les "insoumis" assument donc de faire cavalier seul, comme si c’était prendre ou à laisser. On peut y lire un message implicite envoyé aux socialistes, aux communistes et aux écologistes, qui ne signent pas cette nouvelle motion de censure : La France insoumise a du courage politique et est le principal opposant au gouvernement d'Emmanuel Macron. Soit : avec ou sans vous c'est un peu la même chose. "Il faut savoir ce qu'on veut", indiquait en début de semaine à franceinfo l’"insoumis" Eric Coquerel. Le tacle, ici, est à cet égard assez explicite.
Quatre stratégies différentes
Surtout, la position de LFI révèle, une fois encore, que les quatre formations de la Nupes n'ont pas la même stratégie, et surtout pas la même définition de motion de censure. Comme le Rassemblement national, les "insoumis" sont clairs : ils veulent renverser le gouvernement. Ce qui n’est pas du tout le cas des communistes, ni des socialistes, ni des écologistes. "Nous, on en fait un geste politique et symbolique", explique ainsi en off un député PS. Un autre va plus loin : "LFI joue la crise de régime, nous on joue le parlementarisme, on ne joue pas la politique du pire." Pour ce dernier, déposer une motion de censure à chaque fois relève du "cirque" : "Les Français, dit-il, ne nous demandent pas la crise de régime, tandis que La France insoumise la veut." Même réserve pour Yannick Jadot, qui redoute une "brutalisation du débat politique et une instrumentalisation du Rassemblement national" : "Rassembler l'ensemble des oppositions pour faire tomber le gouvernement, ce n'est pas la position des écologistes".
"Faut-il déposer une motion de censure à chaque 49.3 ? Nous, nous considérons que non, confirme sur franceinfo Sabrina Sebaihi, député Nupes des Hauts-de-Seine et porte-parole du groupe EELV à l’Assemblée nationale. Même sous le mandat de Michel Rocard où il y a eu 28 activations du 49.3, la droite n’avait déposé que cinq motions de censure. Ce n’est donc pas systématique. Nous ne voulons pas banaliser la motion de censure comme le gouvernement banalise le 49.3."
"Nous avons des stratégies différentes, et ce n’est pas nouveau : lors de la construction de la Nupes pendant les législatives, il y avait déjà des désaccords qui avaient été écartés du programme commun."
Sabrina Sebaihi, porte-parole du groupe EELV à l’Assemblée nationaleà franceinfo
Pourtant, PS, PC et EELV, tous hésitent à voter ou non cette nouvelle motion de censure déposée par les "insoumis". Ils doivent trancher en réunion de groupe, là où tous devraient se retrouver, à la toute fin de l'examen des textes budgétaires. Les quatre formations envisagent, là, de déposer une motion de censure commune pour un dernier coup d'éclat.
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