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Présidentielle : dix choses que vous ignorez peut-être sur Marine Le Pen

Virée en boîte de nuit, suspension de permis et changement de prénom... Franceinfo s'est penché sur la vie de la candidate du Front national, qualifiée pour le second tour face à Emmanuel Macron.

Article rédigé par Clément Parrot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9 min
Marine Le Pen prend la parole à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), le 13 décembre 2015, lors du second tour des élections régionales. (DENIS CHARLET / AFP)

Beaucoup de choses ont été dites ou écrites sur Marine Le Pen. La candidate du Front national, qualifiée pour le second tour de l'élection présidentielle, a été très tôt exposée au regard des médias. La fille de Jean-Marie Le Pen a très vite arpenté les plateaux de télévision, comme les marchés, lors des campagnes électorales de son père. Malgré cette notoriété rapide, certains éléments de sa personnalité ont mis du temps à être révélés. Franceinfo détaille dix histoires peu connues sur Marine Le Pen.

1Ce n'est pas elle qui devait reprendre les rênes du FN

Marine Le Pen n'était pas première sur la liste pour succéder à son père. C'était Marie-Caroline, la fille aînée, qui était destinée à reprendre la petite entreprise familiale du Front national. "Pour nous, c'était Marie-Caroline qui était amenée à faire carrière, à hériter du nom Le Pen", confirme ainsi à franceinfo Richard Haddad, ancien militant du FN. Une version confirmée par Jany Le Pen, la seconde épouse du patriarche, dans le livre La Politique malgré elle : la jeunesse cachée de Marine Le Pen (éd. La Tengo, 2017) : "Jean-Marie Le Pen pensait vraiment qu'elle lui succéderait, parce qu'il l'avait élevée pour ça. Il lui avait fait faire des études, l'avait envoyée à Oxford. Elle parlait anglais, c'était la plus diplômée..."

Marie-Caroline était programmée pour être l'héritière.

Jany Le Pen

dans "La Politique malgré elle"

Marine Le Pen va profiter de la brouille entre son paternel et Marie-Caroline, au moment de la scission du FN en 1998. La fille aînée avait alors choisi de soutenir Bruno Mégret dans sa tentative de prise en main du parti. De son côté, dans les années 1990, Marine Le Pen n'était pas encore passionnée par la politique, comme le prouve sa première campagne ratée en 1993"Elle (...) ne possédait aucune culture politique. Elle confondait croix gammée et croix celtique", lâche son beau-frère Philippe Olivier, dans l'ouvrage Marine Le Pen, un nouveau Front national ? (Favre, 2010).

Pour Lorrain de Saint Affrique, un proche de Jean-Marie Le Pen en froid avec la présidente du FN, cette absence de culture politique explique le poids politique pris par Florian Philippot au sein de l'appareil frontiste. "Il a structuré Marine. Il était en terrain vierge. Avec lui, elle est passée directement des Feux de l'amour à la Constitution de la Ve République", lâche-t-il dans La Politique malgré elle.

2Son vrai prénom est Marion

Lors de la déclaration à l'état civil, Jean-Marie Le Pen n'a pas donné le prénom "Marine" à sa troisième fille, mais a indiqué trois autres prénoms : "Marion", "Anne" et "Perrine". Mais rapidement, les parents Le Pen ont des regrets et prennent l'habitude de nommer la benjamine "Marine" – un prénom d'usage qui lui restera.

"Je m'étais un peu précipitée au moment où nous avions choisi, et finalement, j'ai préféré Marine en raison de ses yeux bleus", raconte aujourd'hui sa mère, Pierrette Le Pen, dans La Politique malgré elle.

3Son père l'a emmené à la morgue pour l'habituer à la mort

La scène est racontée par Marine Le Pen dans l'émission "Une ambition intime" sur M6. "Il m'a emmenée à la morgue voir Jean-Pierre Stirbois qui s'était tué dans un accident de voiture. Je lui ai dit : 'Mais pourquoi tu m'emmènes ?' Il m'a dit : 'Parce que je ne veux pas que le premier mort que tu voies ce soit moi'." La benjamine du clan Le Pen a 20 ans quand l'ancien député frontiste meurt brutalement.

Jean-Marie Le Pen explique son geste par sa culture d'origine. "Chez nous, en Bretagne, on voit les morts, on les embrasse même, explique le patriarche dans La Politique malgré elle. Cela fait partie des traditions et du respect que l'on doit à nos défunts." La présidente du FN assure de son côté ne garder aucun traumatisme : "Ça ne m'a pas choquée et j'ai trouvé que cet acte-là était un acte de père."

4Elle a un passé de "night-clubbeuse"

Même si elle s'en défend aujourd'hui, préférant cultiver son image de mère de famille entourée de ses chats, Marine Le Pen a écumé les boîtes de nuit parisiennes au cours de sa jeunesse, selon les récits de plusieurs témoins. "Marine a toujours aimé se pavaner dans des boîtes au milieu des célébrités", raconte dans La Politique malgré elle Marie d'Herbais, l'une de ses meilleures amies à l'époque. 

"Ça se voyait qu'elle aimait faire la fête sur des rythmes érogènes", ajoute dans le même livre Hubert Boukobza, ancien patron des Bains-Douches, haut lieu de la nuit parisienne fréquenté à plusieurs reprises par l'actuelle présidente du FN. Marine Le Pen livre une autre version sur sa réputation de fêtarde qui lui vaudra, un temps, le surnom de "la night-clubbeuse" au sein du Front national. "C'est une réputation qui est un peu usurpée, assure-t-elle dans l'émission "Une ambition intime" sur M6. Je ne suis jamais sortie à Paris, mais en fait ma sœur [Yann] sortait à Paris et j'ai récupéré sa réputation de fêtarde."

5Elle a défendu des immigrés quand elle était avocate

En 1992, Marine Le Pen prête serment et devient avocate. La fille du "Menhir" se porte alors volontaire pour assurer les permanences de comparutions immédiates à la 23e chambre du tribunal de Paris. Dans ce cadre, elle est amenée à défendre beaucoup de clandestins, comme le raconte L'Express"Je ne vois pas où est la contradiction. Il y a des êtres humains, ils ont des droits, on ne va pas leur reprocher à eux la politique d'immigration", se justifie Marine Le Pen dans "Une ambition intime".

Marine Le Pen, devant le palais de justice d'Auch (Gers), le 22 mars 1995. (GABRIEL BOUYS / AFP)

Parmi les dossiers qui passent entre ses mains, celui de Nour-Eddine Hamidi, un sans-papiers d’origine algérienne. Né français en 1951 en Algérie, l'homme va devenir expulsable après un vol de voiture commis avant sa majorité. Il va être défendu à six reprises par Marine Le Pen, qui lui évitera un départ vers sa terre natale. "Me Marine Le Pen ne m’a pas sauvé, elle m’a aidé", raconte-t-il au Monde. En octobre 1995, par exemple, l'homme est arrêté et envoyé à Marseille pour prendre un avion pour l'Algérie. Son avocate prévient Libération et le défend avec force à la barre : "Bien qu’algérien, il est français de fait."

6Elle a été embauchée à prix d'or par son père au FN

 A la fin 1997, l'activité de Marine Le Pen en tant qu'avocate n'est pas florissante. Elle récupère les dossiers des militants du Front national, mais cette clientèle est mauvaise payeuse. "Je n'y arrive plus", confie-t-elle à son père, selon L'Express. Elle débarque alors au début de l'année 1998 au Paquebot, le siège du FN à Saint-Cloud, en tant que directrice juridique du parti de son père. Un poste rémunéré 30 000 francs par mois (ce qui correspondrait aujourd'hui à un peu moins de 6 000 euros en prenant en compte l'inflation) pour un deux-tiers de temps.

A l'époque, cette embauche passe mal chez certains cadres frontistes. "Marine Le Pen représentait l'autre volet de ce que les gens reprochaient à Le Pen, à savoir son népotisme, s'épanche aujourd'hui Bruno Mégret, dans La Politique malgré elle. "Alors que j'éprouvais toutes les peines du monde à recruter des cadres compétents puisque je devais les payer au lance-pierre, sa fille, qui n'avait pas assez de boulot en tant qu'avocate, était recrutée avec un salaire de 30 000 francs", grince l'ancien vice-président du FN.

7Elle s'est brouillée avec sa mère pendant quinze ans

En 1984, Pierrette Le Pen quitte subitement Montretout, le domaine des Le Pen. Elle part se cacher avec son amant dans la banlieue de Toulouse, raconte Dans l'enfer de Montretout (Flammarion, 2017). Le divorce se passe mal. Pierrette, qui a été déboutée par la justice de ses demandes de pension alimentaire, se livre dans les médias à des confessions gênantes sur le patron du FN, qui avait coutume, selon elle, d'appeler Adolf Hitler "Tonton Dolphy" ou de dire "crouilles" pour parler des Arabes.

Le conflit conjugal tourne au glauque. Pierrette est partie avec l'œil de verre de rechange de Jean-Marie Le Pen, alors que lui a gardé l'urne funéraire de la mère de son ex. L'échange se déroule par avocats interposés, pour permettre au président du FN de récupérer son précieux bien. "C'était vraiment la famille Addams", s'amuse un ancien député FN, cité dans Dans l'enfer de Montretout. La crise familiale atteint son paroxysme quand Pierrette décide, pour se venger, de poser en tenue légère dans le magazine Playboy. "Aujourd'hui, après ces photos, nous ne pouvons plus la considérer comme notre mère. C'est pire que de la perdre vraiment", lâche à l'époque Marine Le Pen dans Paris Match.

Une mère, ça fait partie d'un jardin secret, pas d'une décharge publique.

Marine Le Pen

à "Paris Match"

Il faudra quinze années à la famille Le Pen pour se réconcilier. C'est Marie-Caroline, l'aînée, qui fait le premier pas en 1999. Puis, en 2000, Pierrette revient à Montretout. Le "Menhir", qui a depuis refait sa vie avec Jeannine Paschos, dite Jany, accepte d'installer son ex dans une dépendance au fond du jardin.

8Elle a failli arrêter la politique en 2005

En 2005, Marine Le Pen est en colère après la publication d'une interview de son père dans l'hebdomadaire Rivarol. Jean-Marie Le Pen a commis un nouveau dérapage dans le journal d'extrême droite, en évoquant une occupation allemande qui n'aurait "pas été particulièrement inhumaine". La vice-présidente du FN voit dans cette déclaration un sabotage de ses efforts pour normaliser son parti. Pour protester contre cette nouvelle sortie polémique de son père, la jeune élue de 37 ans se met en congé des instances du FN et part se ressourcer en Bretagne.

La benjamine aurait même songé à démissionner. "Je crois qu'en son for intérieur, elle a envisagé d'arrêter la politique", confie son conseiller Bruno Bilde dans Histoire du Front national (Tallandier, 2013). Elle se reprend et décroche son téléphone. "Depuis la Bretagne, j'ai appelé Le Pen au téléphone pour lui dire : 'Puisque c'est comme ça, je serai candidate contre Gollnisch'", raconte Marine Le Pen dans ce même livre. Après cette vive explication avec son père, elle rentre à Paris et dans le rang. Elle se met à l'écriture de son livre autobiographique A contre flots et commence sa route vers la conquête du pouvoir. 

9Elle a été privée de son permis de conduire en 2012

La présidente du Front national a perdu ses douze points à la suite de huit infractions au Code de la route, notamment des excès de vitesse. En 2014, elle tente d'annuler cette suspension de permis devant le juge, en expliquant que ce n'était pas elle qui conduisait mais son chauffeur. Elle assure aussi vivre cette privation de permis comme "une grande injustice". Mais le tribunal de Lille rejette sa demande.

10Elle a perdu 12 kg pour la campagne 2017 

Comme François Hollande pour le scrutin de 2012, Marine Le Pen s'est préparée à l'exigence d'une campagne présidentielle en effectuant un régime alimentaire.

Après les fêtes de fin d'année, les conseillers de Marine Le Pen ont ainsi indiqué à la presse que la candidate avait perdu 12 kg, comme le raconte le journaliste Renaud Dély sur France Inter. Elle-même en a parlé dans Paris Match au moment de son entrée en campagne.

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