Pourquoi Ségolène Royal relance-t-elle le débat sur Notre-Dame-des-Landes ?
La ministre de Environnement a assuré, dimanche, qu'il valait "mieux arrêter les frais" à Notre-Dame-des-Landes, où doit être transféré l'aéroport de Nantes.
Elle assume ses divergences. La ministre de l'Environnement Ségolène Royal a jugé dimanche 16 octobre sur France 3 qu'il valait "mieux arrêter les frais" à Notre-Dame-des-Landes, alors que le Premier ministre Manuel Valls a assuré que l'évacuation des occupants du site se ferait dès "cet automne". Pourquoi la ministre de l'Environnement prend-elle le risque de faire entendre une tonalité différente ?
Parce qu'elle a toujours défendu cette position
Ségolène Royal est cohérente. Elle a toujours été opposée à la construction de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique). Dès 2011, lors de la campagne pour la primaire socialiste de 2012, à laquelle elle était candidate, elle avait remis en cause le projet soutenu par Jean-Marc Ayrault et François Hollande.
L'ex-présidente de la région Poitou-Charentes invitait déjà, à l'époque, à un moratoire. Et à voir si "la conception de cet équipement, son lieu d'implantation, son impact, son coût correspondent vraiment à l'intérêt économique du territoire", rapportait Le Télégramme en octobre 2011.
Parce qu'elle veut éviter des affrontements
Certes, en Loire-Atlantique, le camp du "oui" l'a emporté à 55% en juin lors du référendum local sur le transfert de l'aéroport de Nantes dans la commune de Notre-Dame-des-Landes. Mais l'opposition est toujours vive sur place. "Les 1 650 hectares de bocage (...) sont occupés par plusieurs centaines de personnes prêtes à résister à toute intervention policière", relate Le Monde.
Tandis que Matignon se dit prêt à évacuer la ZAD (Zone à défendre), Ségolène Royal a rappellé, dimanche, le décès du jeune écologiste Rémi Fraisse sur le chantier du barrage de Sivens (Tarn) en octobre 2014, après le jet de grenades offensives par les gendarmes. "Imaginons seulement qu'il y ait mort d'homme, parmi les forces de l'ordre ou du côté des manifestants. Ce serait gravissime !" prévient encore Ségolène Royal,
Elle ne semble pas seule sur cette longueur d'onde. Interrogé sur France 3, le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, a entretenu, dimanche, le flou sur les intentions du gouvernement. "Le problème, c'est que pour faire cet aéroport, vous savez ce que ça nécessite (...). C'est l'engagement d'un bras de fer violent", a-t-il déclaré, insistant sur les risques de "débordements" en cas d'évacuation du terrain. A quelques mois de la présidentielle, pas sûr que l'exécutif, déjà au plus bas dans les sondages, veuille prendre ce risque.
Parce qu'elle pense à 2017 ?
Anonymement ou non, plusieurs ministres ou hiérarques socialistes se sont interrogés sur l'opportunité pour François Hollande de se représenter en 2017, après la bombe à fragmentation que représente Un président ne devrait pas dire ça, son recueil d'entretiens à deux journalistes du Monde.
Dans l'hypothèse où le chef de l'Etat ne se présenterait finalement pas à la présidentielle de 2017, Ségolène Royal, battue au second tour de la présidentielle de 2007 par Nicolas Sarkozy, songe-t-elle à être candidate ? Rien ne l'indique, mais le député Patrick Mennucci défend cette hypothèse dans un entretien au Journal du Dimanche : "S'il [François Hollande] n'y va pas, d'autres ont la capacité d'y aller. Je crois que le Premier ministre [Manuel Valls], même s'il ne l'a pas exprimé, est un candidat potentiel, en tout cas c'est ce qu'on dit. Et puis il y a d'autres personnalités, je pense notamment à Ségolène Royal, qui pourrait parfaitement être candidate."
En tout cas, sa déclaration lui a valu le soutien du secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts, David Cormand. Il s'est réjoui "qu'une forme de bon sens se fasse entendre de la part de la ministre de l'Ecologie et des Transports".
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