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Notre-Dame-des-Landes : ceux qui ont voté "non" ne l'ont pas fait que pour "une question environnementale"

Francetv info a interrogé un géographe pour comprendre la répartition géographique du vote lors du référendum au sujet du projet d'aéroport.

Article rédigé par Clément Parrot - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des militants opposés à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le 26 juin 2016, dans la grange de la Vache Rit à Notre-Dame-des-Landes. (LOIC VENANCE / AFP)

Les habitants de Loire-Atlantique ont dit "oui" au transfert de l’actuel aéroport de Nantes Atlantique vers la commune de Notre-Dame-des-Landes. Les électeurs ont choisi à 55,17% des voix de déplacer l'infrastructure au cœur du département. Mais ce résultat cache de grandes disparités géographiques, comme le révèle la carte ci-dessous. Francetv info a interrogé le géographe Bruno Judde de Larivière, professeur aux écoles de Saint-Cyr Coëtquidan, pour tenter de comprendre la logique géographique de ce vote.

Francetv info : Existe-t-il une corrélation entre le "non" au projet d'aéroport et la proximité du site retenu pour la construction ?

Bruno Judde de Larivière : Il faut faire attention à ne pas plaquer une idée reçue sur un fait géographique. Il ne faut pas exagérer l'effet "Nimby" ["Not in my backyard", comprenez "pas de ça chez moi"], car ce serait le prototype du contre-sens. Il y a un effet "Nimby" sur une dizaine de communes autour du site prévu pour l'aéroport. Mais la carte de francetv info montre bien que cela ne suffit absolument pas à résumer la situation. Le vote "non" n'est pas uniquement lié à une question environnementale.

Comment faut-il alors expliquer le vote "non" ?

Le vote "non" comporte différentes motivations. Il n'est pas question seulement de Notre-Dame-des-Landes. Comme pour tout référendum, on exprime autre chose, comme le rejet du gouvernement. Il ne faut pas oublier la réalité de la France périurbaine, où il existe une fracture politique, avec un sentiment de rejet sur tout ce qui est proposé. Autre exemple, certains habitants de Nantes, utilisateurs actuels de l'aéroport [situé au sud de l'agglomération] ont pu voter "non" pour ne pas voir leur temps de trajet doubler.

Et peut-on tirer des leçons de la répartition du "oui" ? 

Il apparaît plus simple d'analyser le vote "oui", en jaune sur la carte. On se retrouve avec un cinquième du territoire au nord-ouest de la Loire-Atlantique ayant voté massivement oui, à plus de 80%. Il s'agit d'une partie du département pauvre, excentré, en attente de vitalité nantaise. Ils ont voté "oui", alors même qu'ils n'auront pas d'avantage avec ce projet vu leur distance avec le site.

Une des explications possibles reste que les habitants espèrent tirer quelques avantages du rapprochement de l'aéroport. Mais ils ne sont pas concernés par la discussion de fond, le changement de lieu. Il est par ailleurs intéressant de constater que le nord-ouest, qui a voté "oui" à Notre-Dame-des-Landes, vote aussi de façon importante pour le Front national, quand on regarde la carte du vote FN aux départementales de 2015.

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