Les sept plaies de François Hollande
Le limogeage de Delphine Batho, et le déballage qui a suivi, viennent grossir la liste des contrariétés qui perturbent le président. Francetv info revient sur ces soucis qui s'entassent.
"Je ne veux pas parler de ça ici." En déplacement à Tunis (Tunisie), jeudi 4 juillet, François Hollande a préféré éluder le sujet. La veille, son ex-ministre de l'Ecologie, Delphine Batho, a tiré à vue sur le gouvernement et indirectement, sur le président lui-même.
Ce dernier psychodrame gouvernemental arrive au plus mauvais moment. Après avoir (un peu) repris des couleurs dans les sondages, la cote de François Hollande a de nouveau baissé de trois points, à 26%, selon le baromètre mensuel Ifop, paru le 22 juin, dans le Journal du dimanche. Et comme si cela ne suffisait pas, les polémiques et incidents se multiplient. Retour sur sept dossiers qui tracassent François Hollande.
1Batho, l'ex-ministre devient un électron libre
Opération grand déballage pour Delphine Batho, ex-ministre de l'Ecologie, qui a tout à la fois dénoncé les méthodes du Premier ministre et les orientations du gouvernement. Quand le premier procède "aux arbitrages sans discussion directe avec les ministres concernés", la politique engagée est qualifiée de "tournant de la rigueur qui ne dit pas son nom, et qui prépare la marche au pouvoir de l'extrême droite dans notre pays". Et quand Arnaud Montebourg salue "une excellente collègue", Cécile Duflot se fend même d'un tweet pour soutenir la ministre bannie.
#FF @delphinebatho avec des pensées amicales et la certitude de poursuivre des combats en commun
— Cécile Duflot (@CecileDuflot) July 5, 2013
Après une série de couacs, François Hollande avait mis un point d'honneur à faire appliquer la solidarité gouvernementale. Ses ministres n'ont pourtant pas fini de lui jouer des tours.
2EELV, la démission comme épée de Damoclès
Maintes fois évoquée, maintes fois repoussée, la démission des ministres écologistes pèse sur l'unité de la gauche. Dans la foulée du limogeage de Delphine Batho, Pascal Canfin, ministre délégué au Développement, est monté au créneau sur France Info : "Il y a devant nous des rendez-vous qui sont déterminants et si ces rendez-vous étaient ratés, (...) nous en tirerons toutes les conséquences." La réunion de crise des trois ministres écologistes n'a rien donné, mardi soir. Bluff ou non, certains parlementaires écolos – tels Noël Mamère – se chargent de faire planer la menace d'une démission. François Hollande doit composer avec une aile écolo de plus en plus critique. Au risque de fragiliser le gouvernement.
3Après Cahuzac, soupçons sur un autre compte suisse
Un ancien cadre de la banque suisse Reyl, Pierre Condamin-Gerbier, disposerait d'une liste explosive, transmise mardi à la justice. Y figurent, selon lui, une quinzaine de noms, dont des ministres en fonction. Selon Mediapart, le banquier cite ainsi Renaud Donnedieu de Vabres – ancien ministre UMP de la Culture – et, "avec plus de prudence", Laurent Fabius. Bombe à retardement ou pétard mouillé ? En avril, déjà, le ministre des Affaires étrangères avait démenti "formellement la rumeur, relayée par Libération". Sans parvenir à la dissiper. A terme, ce climat de suspicion risque de nuire à l'action du gouvernement. Et au passage, à l'image du président.
4Les députés désavouent sa loi sur la transparence
François Hollande lance une croisade pour la transparence, en avril, et décide que les patrimoines des parlementaires seront publiés. L'annonce suscite un tollé dans la majorité, qui voit d'un mauvais œil ce déballage public. Après bien des discussions, la commission des Lois de l'Assemblée a finalement adopté un compromis, mardi. Les déclarations seront consultables mais ne seront pas publiées. Alors qu'un Français sur deux était favorable à une publication, selon un sondage publié par Sud-Ouest, le 15 juin, François Hollande est désavoué par sa propre base.
5Une promesse risquée sur le chômage
C'est le principal engagement de François Hollande en matière d'emploi : inverser la courbe du chômage d'ici à la fin de l'année. De quoi laisser pantois l'OCDE, la Commission européenne et l'Unedic, qui prévoient une hausse jusqu'en 2014. En mai, la hausse du chômage a pourtant marqué une pause. Pari gagné ? "Il est beaucoup trop tôt pour parler d'une inversion de la courbe du chômage", nuance Marion Cochard, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Près de trois Français sur quatre considèrent aujourd'hui l'emploi comme une priorité, selon un récent sondage BVA. Gare à l'échec sur ce dossier. La confiance des Français est en jeu.
6Hollande à contre-courant en Europe
Hollande / Barroso ? "Le choc de deux édredons", résume François Beaudonnet, correspondant de France 2 à Bruxelles. Tous deux ont perdu des plumes, avant l'ouverture de discussions économiques majeures avec les Etats-Unis, le 8 juillet.
Mi-juin, la France obtient que le secteur culturel soit exclu des prochaines négociations. José Manuel Barroso évoque alors une attitude "réactionnaire", dans un entretien à la presse. Les ministres Arnaud Montebourg, Aurélie Filippetti et Nicole Bricq fustigent en retour le président de la Commission. François Hollande doit calmer le jeu, à l'issue du Conseil européen. "Ce n'est pas le débat de personnes qui est intéressant, c'est le débat sur les politiques."
Rebelote avec Angela Merkel. Le gouvernement français, par la voix de Najat Vallaud-Belkacem, réclame mercredi un gel des négociations, après les révélations d'espionnage américain. La chancelière allemande, elle, défend la position opposée, précisant que cet accord demeure "la plus haute priorité". De quoi isoler François Hollande de son précieux partenaire.
7Le crash diplomatique de l'avion bolivien
Pendant plusieurs heures, mardi, la France interdit à l'avion du président Evo Morales de survoler son territoire, car elle soupçonne l'informaticien Edward Snowden, qui fuit la justice américaine, d'être à bord. Avant de présenter ses "regrets", le lendemain. Une "erreur historique", a réagi le dirigeant bolivien, qui avait reçu François Hollande en mars. La France avait pour ambition de devenir un partenaire de premier plan de l'Amérique du Sud. Las, résume le chercheur Jean-Jacques Kourliandsky, "cette affaire risque de remettre les compteurs à zéro".
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