Primaire de la droite : ce qu'il faut retenir du débat entre Juppé et Fillon
Les deux candidats de la primaire de la droite ont échangé, jeudi 24 novembre, pour la dernière fois de la campagne.
Une ultime bataille, avant le second tour. Les deux finalistes de la primaire de la droite, Alain Juppé et François Fillon, se sont affrontés, jeudi 24 novembre, lors du débat de l'entre-deux tours. Deux heures d'échanges où chacun a tenté de convaincre qu'il était le meilleur choix pour porter les couleurs de la droite à la présidentielle 2017.
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Voici ce qu'il faut en retenir.
Juppé s'explique sur ses attaques
Critiqué pour ses attaques depuis le premier tour, Alain Juppé a profité de son propos liminaire pour s'expliquer. "François, nous nous connaissons depuis bien longtemps. (...) J’ai toujours eu pour toi de l’amitié et de l’estime, a commencé le maire de Bordeaux. Cela dit, il y a des règles dans un débat, on peut se poser des questions, c’est ce que j’ai fait quand tes positions ou tes propositions ne me paraissaient pas tout à fait claires." "J’ai été un peu surpris de la virulence de ta réponse, mais nous allons continuer à débattre", a-t-il lâché à son rival. Ce dernier lui a répondu, en glissant : "Ce deuxième tour, ce n’est pas un combat. Ce débat ne doit pas être celui de la division."
Fillon se défend d'être "un conservateur moyenâgeux"
Attaqué ces derniers jours sur ses positions sur l'avortement, François Fillon a voulu éteindre la polémique. "François Fillon, qui est devenu depuis quelques jours une sorte de conservateur moyenâgeux, serait contre l'avortement", a-t-il ironisé, en préambule. "En tant que responsable politique depuis trente ans, est-ce qu’une seule fois vous avez entendu François Fillon revenir sur l’IVG ? Je ne toucherai à rien dans ce domaine", a poursuivi le député de Paris, avant de lancer à Alain Juppé : "Je trouve que le procès qui m’a été fait n’est pas correct."
Un Fillon cinglant et sûr de lui
Par petites touches, le favori du second tour a assis son autorité sur son rival. Il l'a d'abord repris, en glissant "20 milliards" alors qu'Alain Juppé parlait de millions d'euros. Il l'a ensuite mouché, en répondant à sa place : "C'est à moi qu'on a posé la question François - Oui, mais je vais y répondre." Il lui a enfin sèchement répondu quand le maire de Bordeaux l'a interrogé directement sur sa proposition de faire travailler les fonctionnaires 39 heures payées 37 : "Est-ce la réalité ? - Non !" Ce sujet a déclenché une vive passe d'armes entre les deux hommes. "Ce n'est pas juste, on ne peut pas demander aux fonctionnaires de travailler plus pour gagner moins", a tenté de répliquer Alain Juppé. "Pourquoi ce n'est pas juste ? C'est un point fondamental. Alain Juppé ne veut pas vraiment changer les choses", a cinglé François Fillon.
Un nouvel échange, sur la campagne de l'extrême droite contre Alain Juppé - "J'ai été rebaptisé Ali Juppé, grand mufti de Bordeaux. (...) Je n'ai pas entendu un seul de tes lieutenants condamner cette campagne" - a permis à François Fillon d'enfoncer le clou. "Chacun est grand et s'occupe de ses affaires", a-t-il répliqué à son rival qui attendait un mot de soutien. Les journalistes en ont également pris pour leur grade. A plusieurs reprises, il s'est insurgé devant les questions "caricaturales", selon lui, qui lui étaient posées à propos de son programme.
Une vision différente de l'identité française
Proches sur de nombreux points, les deux hommes se sont opposés sur leur conception du pays. "La France n'a pas vocation à être multiculturelle, a estimé François Fillon. Elle a une histoire, une langue, une culture, naturellement cette culture et cette langue se sont enrichies des apports de population étrangère, mais ça reste la base, le fondement de notre identité." "Je veux que les étrangers qui viennent s'installer dans notre pays s'intègrent, s'assimilent, respectent l'héritage culturel qui est le nôtre, a-t-il ajouté. Quand on vient dans la maison d'un autre, par courtoisie, on ne prend pas le pouvoir, on respecte cet autre".
Alain Juppé a fait une autre réponse. "Pour moi, l'identité de la France, c'est d'abord la diversité et j'ai peut-être là une divergence avec François. Parce que nous ne sommes pas tous pareils : nous avons des origines différentes, des couleurs de peau différentes (...), nous avons des religions différentes, certains n'en n'ont pas, nous avons aussi des idées politiques différentes, a-t-il développé. C'est une richesse, c'est une force, la diversité de la France, à la condition que cela ne conduise pas au communautarisme."
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