PrĂ©sidentielle : Ăric Zemmour annonce sa candidature "Ă un moment oĂč ça va pĂ©naliser Les RĂ©publicains", selon un politologue
Ăric Zemmour va annoncer sa candidature mardi 30 novembre. Le mĂȘme jour que le dernier dĂ©bat des prĂ©tendants Ă l'investiture du parti Les RĂ©publicains.
Alors qu'Ăric Zemmour doit annoncer sa candidature Ă la prĂ©sidentielle mardi 30 novembre, le politologue et chercheur associĂ© au Centre d'Ă©tudes et de recherches des sciences administratives et politiques (Cersa) Olivier Rouquan analyse sur franceinfo qu'il le fait prĂ©cisĂ©ment "Ă un moment oĂč ça va pĂ©naliser Les RĂ©publicains", puisque le dernier dĂ©bat des candidats Ă la primaire LR a aussi lieu mardi 30 novembre. Selon lui, Eric Zemmour et LR se livrent une "bataille mĂ©diatique" pour sĂ©duire l'Ă©lectorat qui a votĂ© pour François Fillon en 2017.
franceinfo : Quelle est la stratĂ©gie derriĂšre l'officialisation de la candidature d'Ăric Zemmour Ă la prĂ©sidentielle ?
Olivier Rouquan : On le sait, la prĂ©supposĂ©e dynamique de campagne d'Ăric Zemmour est Ă la peine depuis plusieurs semaines et l'annonce de cette candidature est censĂ©e braquer Ă nouveau les projecteurs sur le candidat de façon plus positive. Quand on annonce sa candidature Ă priori c'est pensĂ©, c'est une stratĂ©gie de communication et ça doit se faire Ă l'avantage du presque dĂ©sormais candidat. L'idĂ©e est de changer la tonalitĂ© du message et des commentaires sur la campagne menĂ©e par Ăric Zemmour puisqu'elle Ă©tait devenue assez nĂ©gative, notamment Ă Marseille ces jours derniers, et d'essayer d'avoir Ă nouveau un regard qui sera plus positif puisque les intentions de vote - qu'il faut prendre avec beaucoup de prĂ©caution - tĂ©moignent d'une stagnation voire d'une rĂ©gression.
Il fait son annonce le jour du dernier débat de la primaire Les Républicains. Pourquoi ?
C'est tout sauf un hasard puisqu'on voit bien sur les intentions de vote - qui quand mĂȘme donnent quelques informations â qu'Ăric Zemmour est en mesure de capter une partie de l'Ă©lectorat rĂ©publicain et surtout de l'Ă©lectorat qui a votĂ© pour François Fillon en 2017. S'il gĂšle cet Ă©lectorat, Ă©videmment ça manquera au candidat LR Ă la prĂ©sidentielle. Il s'agit d'une vĂ©ritable concurrence et compĂ©tition. Aujourd'hui devait ĂȘtre un moment LR puisqu'on s'approche de la dĂ©signation du candidat officiel. Il y a une bataille mĂ©diatique entre les deux par rapport Ă cet Ă©lectorat plutĂŽt ĂągĂ©, plutĂŽt diplĂŽmĂ©. C'est une candidature qui est organisĂ©e, ce n'est pas de l'amateurisme. Il y a un plan mĂ©dia assez consĂ©quent qui s'enchaĂźne dans l'ordre. Il dĂ©clare sa candidature Ă un moment oĂč ça va pĂ©naliser Les RĂ©publicains donc c'est de ce point de vue assez bien pensĂ©.
Ăric Zemmour stagnait dans les derniers sondages sur les intentions de vote. Pensez-vous qu'il peut encore prendre des Ă©lecteurs LR ?
On le voit depuis le dĂ©but dans les intentions de vote d'Ăric Zemmour, il y a une partie des Ă©lecteurs de François Fillon qui se portent plutĂŽt sur lui et qui auparavant d'ailleurs â et c'est un problĂšme de fond pour Les RĂ©publicains â se portaient plutĂŽt sur Marine Le Pen. Ăric Ciotti est un peu un sas intermĂ©diaire qui est susceptible Ă©ventuellement de rĂ©cupĂ©rer cet Ă©lectorat mais ce sera difficile. Semble-t-il, ce qui a desservi Ăric Zemmour ces derniĂšres semaines, c'est qu'il adopte un style de campagne trĂšs provocateur fondĂ© sur le clash et un certain nombre de dĂ©clarations et de gestes qui dĂ©notent. Or, c'est un Ă©lectorat qui quand mĂȘme est assez ĂągĂ©, assez diplĂŽmĂ©, tient un certain savoir-vivre et qui peut avoir Ă©tĂ© heurtĂ© par certaines façons de faire d'Ăric Zemmour. Est-ce que pour autant il va revenir tout de suite chez Les RĂ©publicains ? C'est trĂšs difficile Ă dire. Au-delĂ du style, il y a le fond et, de ce point de vue, la dynamique qui s'est affaissĂ©e d'Ăric Zemmour est due Ă son incapacitĂ© pour l'instant Ă Ă©largir son message et Ă s'emparer d'enjeux, Ă faire ce qui fait qu'Ă un moment donnĂ© l'Ă©lectorat se dit que l'homme correspond Ă la fonction, ce qui compte beaucoup le jour du vote. Ăric Zemmour est loin du compte. Je rappelle quand mĂȘme qu'il faut rester prudent, on parle d'intentions de vote pour l'instant, alors que 50% des Ă©lecteurs restent non-intĂ©ressĂ©s par la campagne et que 53% seulement se disent sĂ»rs d'aller voter, donc attention Ă tout ceci.
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