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Présidentielle 2022 : pour les cinq prétendants à l'investiture LR, "ça va se terminer dans un mouchoir de poche"

Dans le sprint final avant le résultat du vote, au plus tard le samedi 4 décembre, les candidats en course tentent de faire la différence. Avant leur ultime débat, mardi soir sur France 2, franceinfo se plonge dans les coulisses des derniers jours d'une campagne indécise.

Article rédigé par franceinfo - Thibaud Le Meneec
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 8min
De gauche à droite, Michel Barnier, Valérie Pécresse, Philippe Juvin, Eric Ciotti et Xavier Bertrand, le 8 novembre 2021, sur le plateau de la chaîne LCI à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). (BERTRAND GUAY / POOL)

"Le jeu est assez ouvert." Pour Julien Aubert, député du Vaucluse, comme pour les autres membres des Républicains, le congrès du parti semble plus indécis que jamais. Qui de Michel Barnier, Xavier Bertrand, Eric Ciotti, Philippe Juvin ou Valérie Pécresse sera désigné candidat LR pour l'élection présidentielle de 2022, au soir du samedi 4 décembre ? "En dehors des réunions publiques, on n'a pas de palpeur", souffle ce stratège de campagne alors que se profile un ultime débat télévisé pour les départager, mardi 30 novembre. "Ça va se terminer dans un mouchoir de poche", pronostique Julien Aubert.

Un brouillard qui s'explique par l'arrivée massive de 70 000 adhérents, alors qu'ils n'étaient "que" 80 000 fin septembre, lorsque le principe de la primaire fermée a été acté. De mercredi à samedi, ils ne seront finalement que 139 918 à pouvoir désigner leur champion, certains nouveaux membres n'ayant pas communiqué un numéro de téléphone nécessaire au vote. Les militants les plus récents sont-ils des partisans de Xavier Bertrand, de Michel Barnier, d'Eric Ciotti ou d'un autre ? Personne ne le sait. "Quelqu'un d'Ile-de-France ne va pas forcément voter pour la présidente de la région, Valérie Pécresse", met en garde un parlementaire de sa garde rapprochée. Avec un corps électoral plus difficile à analyser que lors de la primaire de 2016, la prudence est de mise.

"Pas à l'aise" dans les débats, Barnier va "se défendre"

Pour tenter d'y voir clair à quelques jours du scrutin à deux tours, chacun tente de se fabriquer son thermomètre afin de "sentir" l'humeur des militants. Et à ce petit jeu, le grand oral des cinq candidats devant le Conseil national, le 20 novembre, a changé la donne, selon les adversaires de Michel Barnier. Interrogé sur ses critiques passées à l'égard de Laurent Wauquiez, dont il se réclame aujourd'hui, l'ancien commissaire européen a perdu des points dans la course à l'investiture, aux yeux de ses concurrents. A cela s'ajoutent, dans les trois premiers débats, des prises de parole jugées décevantes par de nombreux membres du parti. "C'est sûr que ce n'est pas un tribun", grince un soutien de Xavier Bertrand. "Il n'est pas à l'aise", reconnaît un cadre du parti. Ce que réfute Daniel Fasquelle, porte-parole de l'ancien commissaire européen chargé du Brexit : "Michel ne connaît pas bien l'exercice des débats, tandis que les régionales gagnées par Valérie Pécresse et Xavier Bertrand sont encore fraîches."

"Michel Barnier a reçu des coups, mais il a été meilleur que les autres dans le troisième débat."

Daniel Fasquelle, porte-parole de Michel Barnier

à franceinfo

Avec la quatrième joute télévisée, Michel Barnier souhaite retrouver l'élan du mois d'octobre, quand ses partisans s'appuyaient sur sa fidélité au parti pour fustiger les deux présidents de région, partis durant le quinquennat puis revenus chez LR cet automne.

Cette opération reconquête en laisse pourtant certains dubitatifs. "Michel Barnier, c'est un peu comme Alain Juppé en 2016 : à la fin, tout le monde se demande pourquoi il faut voter pour lui", cingle un parlementaire proche d'un de ses rivaux. 

"Il n'y a pas besoin de violence entre nous"

Et pas sûr que le dernier débat électrise sa campagne tant les trois premiers ont accouché d'échanges courtois, presque dans la retenue. Car à droite, le traumatisme de 2016, où les camps de Nicolas Sarkozy, Alain Juppé et François Fillon s'étaient déchirés avant le scrutin, est encore vif. "Chacun a dit ce qu'il avait à dire, il ne s'agit pas d'attaquer les autres", balaie Patrick Stefanini, directeur de campagne de Valérie Pécresse, après celle de François Fillon il y a cinq ans. "Il n'y a pas besoin de violence entre nous."

"Nous nous connaissions et nous savions qu'on pouvait arriver à débattre dans la paix."

Philippe Juvin

à franceinfo

Chez les cinq prétendants, l'absence d'attaques frontales au cours de ces derniers jours est stratégique pour mener une campagne présidentielle unie. Mais pas seulement : très différents en 2016, les projets sont aujourd'hui beaucoup plus proches. Est-ce en raison d'un programme "commun à 90%", dixit un membre de l'équipe de Valérie Pécresse, que leurs débats n'ont jusqu'alors jamais attiré plus d'un million de téléspectateurs ?

"On a beaucoup trop parlé d'immigration"

Les candidats et leurs entourages assurent en tout cas qu'il sera question de logement, de santé, d'écologie ou d'éducation, mardi soir. Des thèmes qui n'ont été qu'effleurés lors des trois premiers débats, centrés sur la sécurité, l'immigration ou l'identité. Conséquence de la percée médiatique et sondagière d'Eric Zemmour ? "Ils ont tous couru après lui dans cette campagne", raille un ancien cadre du parti. "Je ne crois pas qu'on ait été monomaniaques", répond l'eurodéputé Geoffroy Didier, proche de Valérie Pécresse, qui balaie les accusations en "zemmourisation" de la bataille pour le Congrès. "C'est le choix des chaînes", évacue Daniel Fasquelle. "Ils ont saturé les thématiques régaliennes", déplore pourtant un responsable du parti de la rue de Vaugirard.

A en croire les proches des candidats et les responsables LR "non alignés", il y a un bénéficiaire de cette campagne à droite toute : Eric Ciotti, tenant d'une ligne dure face à Emmanuel Macron. Le député des Alpes-Maritimes a d'ailleurs affirmé qu'il voterait pour Eric Zemmour si le polémiste d'extrême droite affrontait le chef de l'Etat au second tour de l'élection présidentielle. "Il fait une très bonne campagne et suit sa ligne", concède-t-on dans l'entourage de Xavier Bertrand. "On a beaucoup trop parlé d'immigration, c'est aussi ce qui a contribué à faire monter Ciotti", glisse-t-on rue de Vaugirard.

"S'il y a un joueur de chaque sport autour d'une table et qu'ils passent deux heures à parler de rugby, c'est logiquement le joueur de rugby qui va s'en tirer le mieux."

Un cadre LR

à franceinfo

Un clash avec Muselier comme élément fédérateur

Ce joueur de rugby, Renaud Muselier a décidé de le plaquer à la gorge dans la dernière ligne droite de la campagne, mardi 23 novembre. "Faux-nez" de l'extrême droite, candidat qui "véhicule les idées de Zemmour à l'intérieur de LR"... Annonçant son soutien à Xavier Bertand, le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur s'est livré à une attaque en règle d'Eric Ciotti, que les autres candidats ont immédiatement défendu sur Twitter. Y compris le président de la région Hauts-de-France, qui a refusé l'adoubement de son homologue de Paca. En réponse, Renaud Muselier a dénoncé le "touchez pas à Ciotti" en vigueur chez les différents candidats en lice et a décidé de claquer la porte du parti.

Autrefois sujet tabou, la primaire emporte tout, désormais, au point de gommer les différences de sensibilités. "On a un socle de valeurs communes qui nous entraînent dans la même direction. Comme dans un orchestre, on joue la même partition", s'enorgueillit Sébastien Huyghe, député du Nord et proche de Xavier Bertrand. "On nous avait enterrés et on a désormais un volume d'adhésions considérable. Et les candidats ne se sont pas tapés sur la gueule comme des tarés", se félicite un cadre du parti. Chez Les Républicains, jusqu'ici, tout va bien.

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