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Le FN en tête, l'UMP éliminée... Les enseignements de la législative partielle dans le Doubs

Le Front national (32,60 %) est arrivé en tête du premier tour, devant le Parti socialiste (28,85 %). En troisième position, l'UMP (26,54 %) est éliminée.

Article rédigé par Clément Parrot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
La candidate FN Sophie Montel est arrivée en tête du premier tour de l'élection législative partielle dans la 4e circonscription du Doubs, le 1er février 2015. (SEBASTIEN BOZON / AFP)

La 4e circonscription du Doubs a choisi, dimanche 1er février, un duel FN contre PS pour le second tour de l'élection législative partielle. La candidate du Front national Sophie Montel est arrivée en tête avec 32,60 % des voix, devant le candidat PS Frédéric Barbier (28,85 %). L'UMP Charles Demouge, arrivé en troisième position avec 26,54 %, des voix est éliminé. Tous les autres candidats de cette élection obtiennent moins de 4%. Francetv info résume les principaux enseignements de ce scrutin.

L'UMP, grande perdante de l'élection

Le faible taux de participation (39,56 %) n'a pas permis au candidat UMP Charles Demouge de se maintenir au second tour. L'UMP a amélioré son score en pourcentage (26,54 % contre 23,21% en 2012), mais a perdu 2 500 voix. Et pour un parti, arrivé en deuxième position aux Européennes, cette non qualification pour le second tour reste une gifle. "L'UMP est le grand perdant de cette élection", analyse pour francetv info le directeur du Cevipof Martial Foucault. Le politologue rappelle qu'il s'agit de la première législative partielle depuis 2012 où l’UMP est absente du second tour : "Ce résultat traduit à la fois une défaite pour Nicolas Sarkozy et la difficulté pour l’UMP de se positionner après les attentats."

L'autre explication de cette défaite tient à la personnalité du candidat de 69 ans Charles Demouge, ajoute Martial Foucault : "C’est un candidat connu localement puisqu'il est présent depuis de nombreuses années, mais il participe à cette usure des élites locales, à cette fatigue de la représentation." Le politologue souligne également qu'il ne faut pas conclure que l'UMP se retrouve "hors jeu" après ce scrutin, puisque les élections départementales se dérouleront dans un tout autre contexte.

Mais l'UMP se retrouve dans une position compliquée et doit se prononcer mardi sur sa position pour le second tour de cette élection. "Sa position sera scrutée et Nicolas Sarkozy devra certainement s'exprimer sur le choix de son parti, il va devoir dévoiler si l'UMP poursuit la stratégie du 'ni-ni' ou s'il retourne à la position du front républicain", conclut le politologue. De son côté l'UDI, allié de l'UMP dans cette élection, a déjà appelé à voter pour le PS.

Le PS bénéficie de "l'esprit du 11 janvier"

Avec ce résultat, le Parti socialiste est en position de mettre fin à sa série noire de 13 législatives partielles perdues depuis son arrivée au pouvoir en 2012. Le score du PS est en nette baisse (28,85 % contre 40,81% en 2012, soit 9 000 voix en moins), donc difficile de parler de score satisfaisant. Mais pour un parti qui s'imaginait éliminé dès le premier tour, ce résultat garde un goût de victoire. Le regain de popularité de l'exécutif après les attentats du mois de janvier semble avoir profité au candidat socialiste Frédéric Barbier. "Le résultat montre un effet de remobilisation de l'électorat après les événements de janvier", confirme Martial Foucault, "globalement les partis au pouvoir bénéficie toujours de l’unité nationale".

Pour continuer à profiter de cette dynamique d'unité nationale, symbolisée par la grande manifestation du 11 janvier, de nombreux dirigeants politiques ont appelé au rassemblement "des républicains" juste après la publication des résultats. Le candidat PS Frédéric Barbier a appelé "à l'unité" autour de lui contre le FN. Le Premier ministre Manuel Valls sur Twitter et le chef de file des députés PS Bruno Le Roux ont appelé l'UMP au rassemblement républicain. Enfin, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll attend de l'UMP "une position claire et sans ambiguïté".

Le FN poursuit sa progression

"Si le bon score du FN [32,60 %] peut paraître surprenant par rapport à la séquence politique de la France depuis un mois, il est tout à fait logique si l'on regarde ce qui se passe sur cette circonscription depuis trois ans ans", explique Martial Foucault. Le FN avait obtenu 23,87% au premier tour de la législative en 2012 et 35,08% aux Européennes de 2014, bien au-dessus de sa moyenne nationale. 

Le FN est parvenu à mobiliser son électorat en faisant de cette élection un symbole politique. "Il s’agissait de remplacer Pierre Moscovici, qui représente tout ce que tout le Front national déteste : un ancien ministre de l'économie social-démocrate et nouveau commissaire européen à Bruxelles", explique Martial Foucault. 

Mais ce n'est pas la seule raison du succès frontiste. "Cette 4e circonscription du Doubs concentre beaucoup de perdants et de laissés-pour-compte de la mondialisation, donc le FN est dans son registre", analyse Martial Foucault. Effectivement, il s'agit d'un territoire populaire frappé par le chômage, berceau de l'industrie automobile, qui compte 22% d'ouvriers contre 13,5% au niveau national. Ce n'est pas un hasard si Marine Le Pen s'est déplacée devant l'usine PSA de Sochaux au cours de cette campagne.

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