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Législatives : ces candidats qui donnent des consignes de vote à contre-courant pour le second tour

Ces candidats vont soutenir leurs anciens adversaires pour le second tour des élections legislatives. Des choix iconoclastes.

Article rédigé par franceinfo
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Le sénateur LR Serge Dassault, le 8 mars 2017 à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) au siège du groupe Dassault Aviation. (ERIC PIERMONT / AFP)

Ils ne s'attendaient pas à de tels soutiens. Plusieurs candidats qualifiés pour le second tour des élections législatives, qui se déroulera dimanche 18 juin, ont vu leur candidature appuyée par des adversaires parfois aux antipodes de leurs convictions. Voici les principales.

Dans l'Essonne, Serge Dassault appelle à voter Manuel Valls... contrairement à Benoît Hamon

Le sénateur Les Républicains Serge Dassault "appelle tous [ses] amis et tous les électeurs (...) à voter pour Manuel Valls" dans la première circonscription de l'Essonne. L'ancien maire de Corbeil-Essonnes veut faire battre la candidate de La France insoumise, Farida Amrani, et ses "propositions irréalistes". Il l'écrit mardi dans un communiqué.

De son côté, le socialiste Benoît Hamon, qui n'avait pas été soutenu par Manuel Valls lors de la présidentielle après sa victoire au second tour de la primaire de la gauche, a annoncé "sans hésiter" son soutien à la candidate d'extrême gauche, contre l'ancien Premier ministre.

Jean-Luc Mélenchon soutient "quatre" candidats socialistes

Le leader du mouvement La France insoumise a apporté, mardi 13 juin, sur RTL, son soutien aux "quatre" députés PS qui avaient signé la motion de censure contre la loi Travail. Jean-Luc Mélenchon a cité Régis Juanico, candidat dans la Loire, et Barbara Romagnan, candidate dans le Doubs.

Les deux autres députés socialistes qui avaient signé la motion de censure en mai 2016 et qui sont qualifiés pour le second tour dimanche sont le chef de file des frondeurs Christian Paul, candidat dans la Nièvre, et Yann Galut, dans le Cher. "Quant aux autres, qu'ils méritent leurs voix, et qu'ils s'en débrouillent", a lâché Jean-Luc Mélenchon.

A Lille, le candidat FN battu soutient le candidat pro-Mélenchon contre celui d'En marche !

Dans la 1ère circonscription du Nord, qui s'étend en partie sur la ville de Lille, le candidat du Front national, Eric Dillies, ne veut pas voir celui de La République en marche, Christophe Itier, l'emporter. Eliminé au premier tour, il a annoncé lundi qu'il voterait lors du second tour pour le candidat de La France insoumise, Adrien Quatennens, arrivé deuxième dimanche soir. 

Et il invite les électeurs FN à faire de même, révèle La Voix du Nord"Je considère qu'envoyer un énième député [de La République en marche à l'Assemblée], ce n'est pas sain pour la démocratie et la République parlementaire. Je pense que la France a besoin d'avocats et non pas de procureurs", a expliqué le chef de l'opposition FN à la mairie de Lille, cité par Le Parisien.

A Saint-Nazaire, la volte-face d'un candidat FN qui avait appelé à voter pour La France insoumise

Il a parlé trop vite. Eliminé dès le premier tour de l'élection législative dans la 8e circonscription de Loire-Atlantique, celle de Saint-Nazaire, Gauthier Bouchet n'a pas tardé à livrer sa réaction, dimanche soir. Le candidat du Front National a déclaré vouloir voter "personnellement pour [la] France insoumise".

Sans s'arrêter à ce soutien personnel, celui qui est arrivé quatrième avec seulement 9,01% des voix a également appelé "sans ambiguité à voter pour celui que je considère comme le plus républicain et le moins inféodé aux institutions européennes", c'est-à-dire pour Lionel Debraye, arrivé deuxième (15,98%). Des paroles recueillies par France Bleu Loire Océan :

La candidate de La République en marche Audrey Dufeu-Schubert est quant à elle arrivée largement en tête, avec 38,44% des suffrages.

Mais lundi matin, le candidat investi par le Front national a fait machine arrière.

Contacté par franceinfo lundi après-midi, il justifie son rétro-pédalage. "J'étais un peu dépité par mon score, je n'avais pas conscience de ce que je disais, explique Gauthier Bouchet. C'était inapproprié, dans un contexte où une centaine de candidats FN sont qualifiés pour le second tour." A-t-il pris un savon de la part de son parti ? "Ça, je peux pas vous le dire, c'est de mon initiative", élude-t-il.

Patrick Balkany soutient la candidate En marche ! contre Les Républicains

Bonne ambiance à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Le maire LR de la ville, Patrick Balkany, ne soutient pas le candidat LR-UDI, Arnaud de Courson, qualifié pour le second tour de l'élection legislative dans la 5e circonscription des Hauts-de-Seine. Il votera plutôt pour Céline Calvez, la candidate investie par le mouvement d'Emmanuel Macron. "J'ai félicité dimanche soir la candidate En marche !, elle sera élue dimanche prochain, a-t-il déclaré lundi au Figaro. Je préfère nettement que ce soit elle". Car Arnaud de Courson est son adversaire historique à Levallois. "C'est une femme agréable, poursuit Patrick Balkany. Je m'entendrai sûrement avec elle, plutôt qu'avec un opposant chronique."

Le maire et député sortant avait choisi de ne pas se représenter pour conserver son mandat de maire, en application de la loi de non-cumul des mandats. Il ajoute, au Figaro, qu'il est prêt à "décorer Arnaud de Courson de la médaille de la ville s'il démissionne de son mandat de conseiller municipal" en cas de défaite dimanche prochain. A quoi Arnaud de Courson répond, toujours via Le Figaro : "Avoir son soutien n'est pas un cadeau. Moi, je ne suis pas prêt à être soutenu par n'importe qui"Comme chien et chat.

A Amiens, Pascale Boistard (PS) soutient François Ruffin (France insoumise, EELV, PCF)

L'ancienne secrétaire d'Etat des gouvernements de Manuel Valls et Bernard Cazeneuve, Pascale Boistard, n'a pas resisté à la lourde défaite de son parti. Elle a été éliminée dès le premier tour, en enregistrant seulement 7,06% des voix. Mais si Solférino n'a pas encore donné de consignes de vote, la députée sortante de la 1ère circonscription de la Somme s'est quant à elle positionnée en faveur de François Ruffin. Elle a appelé à voter pour le candidat soutenu par La France insoumise, EELV et le PCF.

Arrivé en deuxième position avec 24,32% des suffrages, François Ruffin est opposé au candidat de La République en marche, Nicolas Dumont, sorti en tête au premier tour avec 34,13% des voix.

En Nouvelle-Calédonie, le FN soutient Les Républicains et l'UDI

Ils doivent s'engager "sur l'honneur" et bénéficieront du soutien du Front national. Dans les deux circonscriptions de Nouvelle-Calédonie, le FN est prêt à soutenir la candidate dissidente LR Sonia Backès et le candidat UDI (Calédonie ensemble) Philippe Gomès, à la condition qu'ils s'engagent "à ne jamais accepter l'indépendance de la Calédonie Française", explique Europe 1.

Le Front national a recolté 6,75% des voix dans la première circonscription et 11,69% dans la deuxième. Trop peu pour se qualifier au second tour mais assez pour tenter de peser dans la balance. Et le parti pose les conditions de son soutien, dans un communiqué signé par Louis Alliot. 

Suite aux accords de Nouméa signés en 1998, un référendum sur l'autodétermination de l'archipel sera organisé en novembre 2018. Le Front national espère que les députés élus s'engageront dans le camp du "non" à l'indépendance.

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