"Je suis totalement perdu" : incertitudes au sein du gouvernement à propos d'un remaniement

Après une semaine de doutes et d'interrogations avec le vote de la loi immigration, le gouvernement est en vacances. Certains membres de l'exécutif se demandent s'ils en feront toujours partie à la rentrée, alors que l'idée d'un remaniement au début de l'année 2024 fait son chemin.
Article rédigé par franceinfo
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La Première ministre, Elisabeth Borne, à l'Assemblée nationale le 19 décembre 2023. (JULIEN DE ROSA / AFP)

Combien de temps seront-ils encore en place ? C'est la "trêve des confiseurs" pour le gouvernement, après la douloureuse séquence autour du projet de loi immigration. Beaucoup espéraient les vacances, le temps de laisser passer la tempête. Mais, en janvier 2024, à quelle sauce vont-ils être mangés ?

La perspective d'un remaniement agite la Macronie, et certains se demandent combien de temps ils resteront dans le gouvernement et, si oui, à quel poste. Une nouvelle fois dans les couloirs désertés des ministères en vacances, on navigue à vue. "Je suis totalement perdu", glisse un conseiller du gouvernement à franceinfo.

Des ministres ont déçu l'Elysée en "craquant nerveusement"

Après le vote du projet de loi immigration, Aurélien Rousseau, le ministre de la Santé, a démissionné. Agnès Firmin-Le Bodo, nommée par intérim pour le remplacer, est éclaboussée par une affaire de cadeaux. Au moment du vote du compromis sur l'immigration, une demi-douzaine de ministres, pétris de doutes, ont déçu le président en "craquant nerveusement"

Interviewé sur France 5, Emmanuel Macron a brossé le portrait du ministre, à ses yeux, parfait. Son exemple, c'est Gabriel Attal, qui l'accompagne depuis le début, capable d'émerger, d'imprimer, de dépasser du rang. Dans le rang justement, la plupart de ses collègues savent qu'ils ne jouent pas dans la même division. Si le patron décide qu'il veut un gouvernement resserré, leur avenir n'est pas assuré. 

Quand François Bayrou, le conseiller de toujours, parle du besoin d'un élan nouveau et plaide pour un "renouvellement" dans le Journal du dimanche, un ministre parle de la nécessité de boucler une première phase compliquée du quinquennat, après la réforme des retraites et le texte immigration. "Impossible de continuer comme si de rien n'était", explique un autre, après les turbulences du vote à l'Assemblée. "La motion de rejet a marqué la fin de la stratégie de cabotage parlementaire, où l'on avance au coup par coup", juge un troisième. 

Tous scruteront les vœux d'Emmanuel Macron

Tous s'accordent pour dire qu'il faut redonner du souffle, et s'interrogent sur la capacité de la Première ministre à l'incarner. "Pas de crise politique", assurait Élisabeth Borne la semaine passée, "avec un gros côté autruche", note un conseiller du pouvoir. "Sauf qu'elle n'a pas d'ego mal placé, qu'elle est prête à laisser de côté sa fierté, et qu'il ne sera pas facile de trouver un remplaçant aussi résilient et résistant", rappelle un de ses avocats au sein du gouvernement.

Dimanche soir, tous scruteront les vœux du président. Emmanuel Macron a déjà dit qu'il voulait proposer à la France de nouveaux défis et un nouveau cap, mais dans la continuité autour de sa devise "Libérer, protéger, unir", en étendard depuis le printemps 2018, avant toutes les crises ("gilets jaunes", Covid-19, Ukraine, majorité relative). Le président dit qu'il veut continuer le combat pendant trois ans et demi. Il devra rapidement dire avec qui. 

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