Affaire Penelope Fillon : "Le système de défense est trouble et obscur"
En s'appuyant sur un des contrats de travail de Penelope Fillon, la journaliste de L'Obs, Violette Lazard, met en lumière des incohérences dans le système de défense de François Fillon.
Les révélations se succèdent dans l'affaire Penelope Fillon. Le Canard enchaîné a revu à la hausse mercredi les sommes touchées par l'épouse du candidat Les Républicains à la présidentielle. Elle aurait perçu plus de 900 000 euros brut en tant qu'attachée parlementaire, notamment de François Fillon, et à La Revue des deux mondes.
Le 1er février, L'Obs a publié un des contrats de travail de Penelope Fillon lorsqu’elle travaillait comme assistante parlementaire de son mari. Violette Lazard, journaliste au sein de l'hebdomadaire et auteure de l’article, a estimé jeudi 2 février sur franceinfo "que le système de défense [de François Fillon, ndlr] est trouble et obscur".
franceinfo : Vous avez mis la main sur un des contrats de Penelope Fillon en tant qu'assistante parlementaire et les incohérences continuent. Madame Fillon n'a pas pu fournir elle-même les documents à la justice ?
Violette Lazard : Penelope Fillon a indiqué qu'elle n'a pas retrouvé ses contrats de travail quand elle a été entendue par les enquêteurs vendredi 27 janvier. Elle a aussi dit qu'elle n'était pas sûre de les avoir signés. Ces explications sont très vagues, très floues. Les enquêteurs sont allés à l'Assemblée nationale où il y a un service financier. Ils ont cherché les contrats de travail, et, a priori ils les ont retrouvés. Moi aussi.
Et ces contrats sont plutôt explicites...
Ils sont très clairs. Ce sont des contrats de travail "type", sur deux pages. Ils sont passés par l'employeur, le député, François Fillon, et sa femme qui a signé sous la mention "lu et approuvé". J'ai en ma possession le deuxième contrat de Penelope Fillon qui court de 1998 à 2002.
Il y a une adresse précise dans ce contrat de travail qui est censé être au Mans...
Oui, c'est ce qui m'a le plus marqué. Quand j'ai récupéré le contrat, je me suis juste dit : 'on a la preuve que ce contrat a bien existé'. En le regardant plus précisément, on constate qu'il y a deux adresses : Sablé-sur-Sarthe, la mairie de François Fillon, et une autre rajoutée au stylo, rue Gambetta au Mans, l'adresse de la permanence du RPR en 1998. Les militants présents à cette époque m'ont assuré ne pas avoir vu Penelope Fillon.
Est-ce qu'on peut imaginer qu'il y a une permanence au RPR où elle ne met jamais les pieds et une permanence où elle travaille, à Sablé-sur-Sarthe ?
On peut tout imaginer. Mais on constate que le système de défense est trouble et obscur.
Il y a trois jours, l'avocat de François Fillon nous assurait que Penelope Fillon travaillait de chez elle. Nous avons maintenant une adresse au RPR où personne ne l'a vue. François Fillon confirme qu'elle n'y est jamais allée, mais un de ses soutiens, dans la Sarthe, affirme l'inverse. C'est troublant
Violette Lazard, journaliste à L'Obsà franceinfo
Dans le contrat de travail, on lit que l'employeur, le député, n'engage le salarié qu'en raison de la confiance qu'il lui porte. Il va être difficile pour la justice de formuler les contours d'un emploi fictif, non ?
Il faudrait revoir les règles de travail des assistants parlementaires. Aujourd'hui, on apprend qu'il n'a ni besoin d'être présent à la permanence, ni besoin d'être à l'Assemblée ou à la mairie. Il peut rester chez lui. Comment vérifier qu'il travaille vraiment ? La confiance est la seule compétence. Un s'engagement en politique contre le député est le seul motif de licenciement. D'après son contrat, Penelope Fillon devait travailler 39 heures par semaine. Elle était censée partir à 9 heures de chez elle et revenir à 19 heures. Il faudrait revoir ces règles. Elles ne peuvent que jeter l'opprobe sur les parlementaires.
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