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Trois fois où Edouard Philippe a dézingué Emmanuel Macron (avant de devenir son Premier ministre)

Député-maire Les Républicains du Havre, ce proche d'Alain Juppé, nommé lundi à Matignon, n'a pas toujours été tendre avec le nouveau président.

Article rédigé par franceinfo
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Edouard Philippe et Emmanuel Macron, à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), le 1er février 2016.  (LOIC VENANCE / AFP)

Emmanuel Macron a dévoilé, lundi 15 mai, la première carte de sa "recomposition politique" en nommant à Matignon le député-maire Les Républicains du Havre, Edouard Philippe. Le nouveau chef de l'Etat a donc choisi un Premier ministre de droite.

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Ce proche d'Alain Juppé n'a pas toujours été tendre avec le président de la République. Lorsqu'il était ministre de l'Economie ou candidat à l'Elysée, Emmanuel Macron a été la cible de critiques de la part du nouveau chef du gouvernement. 

Quand il raillait la nomination de "l'ancien banquier de chez Rothschild" à Bercy

Lors de la nomination d'Emmanuel Macron au ministère de l'Economie, en août 2014, en remplacement d'Arnaud Montebourg, Edouard Philippe ironise sur Twitter. Le député-maire du Havre relève alors que l'annonce de la composition du gouvernement est faite par le secrétaire général de l'Elysée, Jean-Pierre Jouyet, proche de François Hollande mais aussi ancien secrétaire d'Etat aux Affaires européennes de Nicolas Sarkozy.

Et Edouard Philippe de souligner qu'Emmanuel Macron est un "ancien banquier de chez Rothschild", ajoutant le mot-dièse #financennemie. Une allusion au discours de François Hollande, prononcé en janvier 2012 au Bourget. "Mon véritable adversaire, (...) c’est le monde de la finance", avait-il affirmé en pleine campagne.

Quand il opposait "le Macron des actes" et "le Macron des discours"

En septembre 2016, Edouard Philippe, porte-parole d'Alain Juppé lors de la primaire à droite, est invité de L'Opinion. "J'ai toujours pensé qu'il y avait deux Macron", explique l'élu des Républicains lors de cette interview. "Le Macron du discours, avec lequel, je suis très souvent d'accord – pas sur tout, mais très souvent d'accord – et que j'aime bien, par ailleurs, parce que c'est quelqu'un de sympathique et d'intelligent."

"Il y a le Macron des actes", qui n'est "pas le Macron des discours", estime ensuite Edouard Philippe. Le maire du Havre se lance alors dans une longue tirade offensive : "Le Macron des actes, c'est l'homme qui murmure à l'oreille du président les mesures de la première partie du quinquennat, c'est l'homme qui organise la politique économique de la France entre 2012 et 2015 et c'est le ministre dont objectivement on ne peut pas dire qu'il ait fait des choses absolument considérables."

Le Macron des actes, c'est un homme politique nommé par la grâce d'un président qu'il va finir par trahir. J'aime bien le Macron des discours, moins le Macron des actes.

Edouard Philippe

à "L'Opinion"



Quand il martelait que "Macron n'assume rien mais promet tout"

De janvier à mai, le maire du Havre a livré chaque semaine une chronique pour Libération, dans laquelle il décrit à sa façon la campagne présidentielle. Le 18 janvier, le député des Républicains s'intéresse au cas d'Emmanuel Macron. "Qui est Macron ? Pour certains, impressionnés par son pouvoir de séduction et sa rhétorique réformiste, il serait le fils naturel de Kennedy et de Mendès France. On peut en douter. Le premier avait plus de charisme ; le second plus de principes", écrit-il. Et la plume d'Edouard Philippe se fait encore plus acerbe.

Macron, qui n’assume rien mais promet tout, avec la fougue d’un conquérant juvénile et le cynisme d’un vieux routier (si j’ose dire, s’agissant du promoteur des autocars). De quoi restera-t-il le nom ? D’une révolution manquée ou d’une victoire éclair ? D’une trahison misérable ou d’une ambition démesurée ? Personne ne peut le dire aujourd’hui.

Edouard Philippe

dans "Libération"

Le 15 février, le ton de l'élu était tout aussi sévère à l'égard du candidat d'En marche !, moquant l'aspect mystique d'Emmanuel Macron. " Il marche sur l’eau en ce moment. Il guérit les aveugles, il multiplie les pains, il répand la bonne parole. A la France paralysée, il ordonne 'Lève-toi et en marche !' ; aux électeurs déboussolés, il dit 'celui qui vient à moi n’aura jamais faim et celui qui croit en moi n’aura jamais soif'. Et tout ça, tout seul, sans réel programme, ni réelle équipe. Il suffit de croire en lui. D’avoir la foi."

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