Gérard Depardieu, congé parental, "devoir des pères"… Ce qu'il faut retenir de l'interview d'Emmanuel Macron dans "Elle"
"Il n'y a chez moi aucune complaisance", a déclaré, dans une interview au magazine Elle parue mercredi 8 mai, le président de la République à propos de Gérard Depardieu. Le président est revenu sur ses déclarations à la fin du mois de décembre dans l'émission "C à vous" où il se disait "grand admirateur" de l'acteur français mis en examen pour viols. Dans cet entretien à l'hebdomadaire féminin, Emmanuel Macron est revenu sur d'autres déclarations polémiques comme celle sur le "réarmement démographique" mais aussi annoncé l'ouverture d'un débat sur "le devoir des pères" et a souhaité que l’on puisse "définir dans notre loi" la notion de consentement. Il a également fait des annonces sur le futur congé parental. Franceinfo vous résume cet entretien.
Sur Gérard Depardieu
Le président est revenu sur les propos qu'il avait tenus à la fin du mois de décembre, lorsqu'il s'était dit "grand admirateur de Gérard Depardieu", avait dénoncé "une chasse à l'homme" et avait affirmé que l'acteur "rend fier la France". "Je n'ai jamais défendu un agresseur face à des victimes, assure Emmanuel Macron dans cette interview. Je me suis exprimé sur Gérard Depardieu parce qu'il y avait toute une polémique sur des propos tenus dans un documentaire, et sur la question de la Légion d'honneur. Or, je suis pour que l'on écoute."
"Il n'y a chez moi aucune complaisance. Juste une volonté de respecter nos principes, tels que la présomption d'innocence. Ces mêmes principes qui vont permettre à la justice de statuer en octobre prochain et c'est une bonne chose."
Emmanuel Macrondans "Elle"
"J'ai un profond respect, une bienveillance et une grande confiance pour et dans la parole des femmes", ajoute le président, qui assure être "intraitable sur la question des viols, de la domination, de cette culture de la brutalité. Ma priorité est et a toujours été la protection des victimes, et c'est aussi le cas pour l'affaire Depardieu".
"J'ai utilisé l'expression 'chasse à l'homme' de manière non sexuée, si je puis m'exprimer ainsi. Je n'aime pas les procès médiatiques, la justice par tweets, et ce de manière générale. Nous sommes dans une société qui cherche à abattre les gens en quelques jours, puis qui les oublie. Moi, je suis plutôt dans le combat, dans le maquis", termine-t-il.
Sur le futur "congé de naissance"
Emmanuel Macron a également été interrogé sur le projet du gouvernement de "congé de naissance", qui vise à remplacer le congé parental actuel et que le président souhaite "plus court et mieux rémunéré". Concrètement, cela se présentera sous la forme d'un congé de "trois mois pour les mères, trois mois pour les pères, cumulables durant la première année de l'enfant". Ils seront indemnisés "à hauteur de 50% du salaire" jusqu'à 1 900 euros, soit le plafond de la Sécurité sociale.
Le "congé de naissance" entrera en vigueur à la fin de l'année 2025 et "s'ajoute aux congés de paternité et de maternité", précise Emmanuel Macron. À l’heure actuelle, le congé parental, qui peut être demandé dès la fin du congé maternité ou du congé d'adoption et jusqu'au troisième anniversaire de l'enfant, peut durer jusqu'à un an, précise le site de l'administration.
Sur le "réarmement démographique"
Lors d'une conférence de presse de mi-janvier, Emmanuel Macron a évoqué sa volonté d'un "réarmement démographique" pour lutter contre la baisse de la natalité. Une expression qui avait suscité la polémique et les critiques, notamment des associations féministes. "Je l'ai utilisée en filant la métaphore dans d'autres secteurs, justifie le président. C'est pour dire que la force d'une nation réside aussi dans sa capacité à générer une natalité dynamique." Pour Emmanuel Macron, "toute femme doit disposer librement de son corps" et "il ne faut pas culpabiliser celles qui ne veulent pas avoir d'enfants, mais il ne faut pas que la mauvaise organisation de notre société empêche des femmes, des familles d'en avoir si elles le souhaitent."
Il a précisé que son plan de lutte contre l'infertilité allait s'articuler autour de la "prévention", du "parcours" et de la "recherche". Il affirme ainsi qu'un "check-up fertilité", autour de l'âge de 20 ans, serait proposé à tous et remboursé par l'assurance maladie afin d'"établir un bilan complet, spectrogramme, (ou) réserve ovarienne". "Nous allons organiser des campagnes en faveur de l'autoconservation d'ovocytes pour les femmes qui veulent avoir des enfants plus tard", a-t-il aussi indiqué.
Sur la PMA et la GPA
Pour réduire les délais d'attente pour accéder à une PMA (actuellement de 16 à 24 mois), Emmanuel Macron a l'intention d'"ouvrir aux centres privés l'autoconservation ovocytaire" qui était "jusqu'ici réservée aux établissements hospitaliers". En revanche, le chef de l'Etat renouvelle dans cet entretien à Elle son opposition à la gestation pour autrui (GPA). "Je le redis, je n'y suis pas favorable. Elle n'est pas compatible avec la dignité des femmes, c'est une forme de marchandisation de leur corps", martèle-t-il.
"Ceci dit, je pense évidemment que les parents d'enfants nés par GPA à l'étranger doivent être respectés et accompagnés. Ce sont des familles aimantes", ajoute-t-il.
Sur le "devoir des pères"
"On a laissé des hommes s’exonérer de tous leurs devoirs de parentalité", déplore le président de la République, qui voit là "une vraie inégalité". Emmanuel Macron souhaite ouvrir le débat sur "le rôle des pères". "Je suis pour que l’on revienne à une logique de droits et devoirs, y compris pour les pères", affirme le président qui plaide pour "non plus seulement un droit mais un devoir de visite, un devoir de suivi, d’éducation, de poursuite du projet parental" même après "séparation d’un couple quand elle a lieu".
Sur la notion de consentement dans la loi
Emmanuel Macron souhaite que l’on puisse "définir dans notre loi" la notion de consentement, de façon à ce qu’elle soit "claire, pleinement objectivable et respectueuse de nos principes". Ce projet vise à faire évoluer la définition pénale du viol, afin d'introduire cette notion de consentement dans la loi. Une proposition de texte, préparée par des parlementaires et Éric Dupond-Moretti, le garde des Sceaux, devrait "voir le jour d’ici à la fin de l’année", précise le président.
Sur la ménopause
Le président de la République a également annoncé une mission parlementaire sur la ménopause, afin de dresser "l'état des lieux de la prise en charge actuelle (...) et des difficultés rencontrées par les femmes en termes d'information et de suivi." "Aujourd'hui, beaucoup de femmes pensent que les traitements ne sont pas adaptés. Je souhaite obtenir des préconisations claires", a poursuivi Emmanuel Macron.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.