"Honte", "la volonté de gérer les ventres des femmes", "déni ahurissant"... Les réactions aux annonces d'Emmanuel Macron sur la réforme du congé parental

Lors de sa conférence de presse, mardi, le président de la République a évoqué un nouveau "congé de naissance" et un "grand plan de lutte" contre l'infertilité. Des propositions qui ont fait beaucoup réagir la gauche.
Article rédigé par Camille Laurent
Radio France
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Emmanuel Macron au cours de sa conférence de presse à l'Élysée, le 16 janvier 2024 (LUDOVIC MARIN / AFP)

Deux annonces pour relancer la natalité en France. Lors de sa conférence de presse, mardi 16 janvier, Emmanuel Macron a évoqué la création d'un "congé de naissance" pour remplacer le congé parental actuel et qui durerait six mois pour chaque parent. Il a également promis un "grand plan de lutte" contre le fléau de "l'infertilité masculine comme féminine". Des annonces "pour permettre [un] réarmement démographique" et lutter contre la baisse de la natalité. Sur le réseau social X, ces paroles présidentielles sur la démographie française sont celles qui ont fait beaucoup réagir.

"Après l'allongement du congé de paternité, je crois profondément que la mise en place d'un nouveau congé de naissance serait un élément utile" pour relancer la natalité en France, a fait valoir le président de la République. "Il sera mieux rémunéré et permettra aux deux parents d'être auprès de leur enfant pendant six mois s'ils le souhaitent", a précisé Emmanuel Macron. "Surtout, il sera plus court que le congé parental actuel, qui peut aller jusqu'à trois ans et qui éloigne beaucoup de femmes du marché du travail", a observé le chef de l'État. 

Des prises de position qui font bondir la gauche et les associations

"Les droits des femmes, grande cause nationale, vraiment ?", interroge sur X Arthur Delaporte, porte-parole du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, qui énumère : "Réduction de la durée du congé parental (quand la tendance en Europe est à l’allongement), injonctions natalistes (sans s’attaquer aux pesticides, cause d’infertilité)…"

Les écologistes font un lien entre l'infertilité et les pollutions. Pour Julien Bayou, député EELV de Paris : "s'alarmer de l'infertilité sans s'intéresser aux causes, comme les insecticides et pesticides, fallait oser." Pour sa collègue Sandra Regol, présidente du groupe écologiste à l'Assemblée nationale, les annonces du président sont "un déni des causes ahurissant" et "une volonté de gérer les ventres des femmes". De même, le sénatrice écologiste Mélanie Vogel s'offusque : "On ne fait pas des enfants pour 'réarmer' quoi que ce soit. Si vos délires et élucubrations martiales pouvaient au moins s’arrêter à nos utérus, ce serait appréciable", écrit-elle sur X.

La porte-parole du parti d'écologie radicale, Révolution écologique pour le vivant, Azelma Sigaux, se désole : "Macron réduit la durée du congé parental pour 'remettre les femmes sur le marché du travail'. Une fois de plus, la macronie piétine les avancées sociales et réduit l'humain à une machine à produire. Honte de ce pays." "LAISSEZ NOS UTÉRUS EN PAIX",  écrit pour sa part en lettres capitales sur X la présidente de la fondation des femmes, Anne-Cécile Mailfert

L'extrême droite applaudit

Pour le RN, la création d'un "congé de naissance" et le grand plan de lutte contre l'infertilité sont de bonnes mesures. Le parti réclame néanmoins des éclaircissements alors que sur la natalité, "c'est alerte rouge", estime son porte-parole Philippe Ballard sur franceinfo. Une question se pose selon lui : "Est-ce qu'il y aura un ministère de la Famille dans ce gouvernement ? On attend des réponses, on attend depuis six ans et demi." Pour Philippe Ballard, "il y a une urgence absolue pour relancer la politique familiale en France."

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