Qui est Piotr Pavlenski, l'artiste russe qui revendique la publication des vidéos privées attribuées à Benjamin Griveaux ?
Ce trentenaire, connu pour avoir régulièrement défié le Kremlin et Vladimir Poutine, a obtenu l'asile politique en France en 2017.
Il affirme vouloir "dénoncer l'hypocrisie" de Benjamin Griveaux. L'artiste contestataire russe Piotr Pavlenski, 35 ans, a revendiqué la publication des vidéos à caractère sexuel qui ont entraîné le retrait de la candidature de Benjamin Griveaux à la mairie de Paris. "Il affirme tenir cette vidéo d'une 'source' qui avait une relation consentie avec Benjamin Griveaux", écrit sur son site internet le journal Libération, qui a eu un entretien téléphonique jeudi soir avec lui. Voici un bref portrait de cet artiste, réfugié en France depuis 2017.
>> Retrait de Benjamin Griveaux : suivez les dernières informations en direct
C'est un opposant notoire à Vladimir Poutine
Piotr Pavlenski s'est fait connaître en défiant régulièrement les autorités russes : il a notamment arrosé d'essence et incendié les portes du siège de l'ex-KGB à Moscou. En 2012, il s'était cousu les lèvres en soutien aux Pussy Riot, un groupe de jeunes femmes condamnées en Russie à deux ans de camp pour avoir "profané" la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou au cours d'une "prière punk" qui critiquait ouvertement le président Vladimir Poutine.
Celui qui se revendique de "l'art politique" ne recule devant rien pour faire passer ses idées. En 2013, il s'enroule ainsi dans des fils barbelés devant l'Assemblée législative de Saint-Pétersbourg pour protester contre des lois jugées répressives ; quelques mois plus tard, il se cloue les testicules sur le pavé de la place Rouge, à Moscou afin de dénoncer l'apathie de la société russe. En juin 2016, Piotr Pavlenski fait sept mois de détention avant d'être condamné à une amende pour avoir "endommagé" la Loubianka, siège historique des services de sécurité russes.
Il a été accusé de violences sexuelles en Russie
Piotr Pavlenski et son ex-compagne Oksana Chaliguina sont arrivés en France en janvier 2017 en compagnie de leurs deux jeunes filles, après un périple d'un mois à travers l'Europe de l'Est, comme l'artiste l'avait raconté à franceinfo. Le motif de son départ : des accusations de violences sexuelles en réunion à l'encontre d'une jeune actrice russe. S'il ne nie pas l'existence d'une relation "proche" avec celle-ci, Piotr Pavlenski dément toute violence, quand elle affirme qu'il l'a menacée et lacérée de coups de couteau. "Mon erreur a été d'avoir fait confiance à cette fille", se défendait-il en 2017.
Si Piotr Pavlenski assure que le Kremlin a utilisé cette histoire pour le décrédibiliser, Dominique Derda, correspondant de France 2 en Russie, se souvient qu'il y avait "beaucoup d'interrogations autour de ce dossier". "L'actrice qui se dit victime de violences est tout sauf une égérie poutinienne, elle vient d'un des rares théâtres anti-pouvoir. Et ses collègues affirment qu'elle n'est pas du tout mythomane", témoignait-il sur franceinfo en 2017. Piotr Pavlenski et son ex-compagne ont obtenu l'asile politique en France en mai 2017.
Il a été condamné en France pour une action et fait l'objet d'une enquête pour violences
L'artiste trentenaire russe poursuit son œuvre en France à travers ses performances contestataires. En octobre 2017, il incendie la façade d'une succursale de la Banque de France dans la capitale. Pour ces faits, Piotr Pavlenski est condamné en janvier 2019, à trois ans de prison, dont 2 ans avec sursis. Il effectuera onze mois de détention à Fleury-Mérogis, indique Le Monde. Son objectif était de dénoncer la présence de la Banque de France sur la place de la Bastille. Il s'agissait, selon l'artiste et son ex-compagne, d'une performance artistique intitulée Eclairage.
Ce n'est pas la seule péripétie judiciaire de l'artiste russe en France. Comme l'a révélé Mediapart, l'intéressé fait l'objet d'une enquête pour des faits de violence avec arme commis dans la nuit du 31 décembre 2019 au 1er janvier 2020 dans le 6e arrondissement. Une information confirmée de source judiciaire à franceinfo. Il est soupçonné d'avoir donné des coups de couteau lors d'une bagarre dans un appartement, ce qu'il conteste.
Il est défendu par l'avocat Juan Branco
L'avocat militant Juan Branco a affirmé au Figaro et au Point avoir été consulté par Piotr Pavlenski sur la publication de ces vidéos et messages intimes. "Il m'a consulté comme avocat. J'ai compris que, pour lui, c'était un acte politique, assure-t-il à l'hebdomadaire. De la même façon qu'il s'était opposé au régime de Poutine, il était prêt à tout pour s'opposer au régime de Macron, qu'il considère comme tout aussi répressif." "Son acte est donc un acte politique. Je l'ai prévenu des risques..." a également expliqué Juan Branco à une journaliste du Figaro.
Selon @anatolium "#Pavlenski s'oppose à @EmmanuelMacron comme à Poutine. Il considère que le régime en France est violent et répressif pour son peuple. Son acte est donc un acte politique. Je l'ai prévenu des risques..."
— Sophie de Ravinel (@S2RVNL) February 14, 2020
Candidat aux législatives en 2017 pour La France insoumise en Seine-Saint-Denis, Juan Branco poursuit : "Il dit que c'est la première vidéo d'une série. (...) Je suis parti du présupposé qu'il savait ce qu'il faisait. (...) Mais il ne touche qu'aux personnes qui font le jeu de la peopolisation."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.