Arnaud Montebourg viré, mais Arnaud Montebourg libéré
Francetv info décrypte le discours de départ de l'ancien ministre de l'Economie.
Arnaud Montebourg a réussi son tour de force. Après sa fronde de Frangy-en-Bresse qui a fait voler le gouvernement en éclats, le ministre de l'Économie a annoncé, lundi 25 août, qu'il "reprenait sa liberté" lors d'une conférence de presse à Bercy. "Maintenant, je vais chercher du travail, comme beaucoup de Français", a-t-il déclaré quelques heures plus tard sur TF1. Francetv info décrypte son discours, étonnement maîtrisé et extrêmement violent à l'égard du couple Valls-Hollande.
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Sur l'austérité, il persiste et signe
Cet après-midi, alors que tout le monde attendait une réaction du désormais ex-ministre de l'Economie sur la dissolution du gouvernement annoncée dans la matinée, Arnaud Montebourg a ouvert son discours sur des éléments économiques. Presque techniques. "Les politiques de réduction des déficits aboutissent précisément à la non-réduction des déficits et sont donc une absurdité financière, car, en plombant la croissance, elles empêchent par la chute de l'activité la réalisation de leurs propres objectifs." Par là, le ministre affirme une ultime fois sa position politique, comme un dernier pied de nez à l'exécutif.
Arnaud Montebourg persiste et signe : "Il est désormais établi, connu, acquis et partagé que les politiques d'austérité (...) sont la cause de la prolongation de la crise économique et des souffrances inutiles de la population européenne." En se focalisant sur le fond économique, plus que sur la crise politique, Montebourg ne tombe pas dans le piège de la justification. Mieux encore, il coupe l'herbe sous le pied du Premier ministre en annonçant lui-même son départ : "C'est donc avec la fierté du devoir accompli (...) que j'ai indiqué cet après-midi à Monsieur le Premier ministre que s'il jugeait que je me trompais, je croyais nécessaire de reprendre ma liberté comme il a accepté de me la rendre."
Sur le couple Hollande-Valls, il ne mâche pas ses mots
Avant d'annoncer son départ de l'équipe gouvernementale, Arnaud Montebourg ne s'est pas privé de tirer une dernière cartouche sur la politique menée par le couple Valls-Hollande. "La France est à l'arrêt et le chômage poursuit sa progression pendant que partout ailleurs, il baisse", fustige-t-il, et "nous avons la responsabilité imminente d'interrompre le coulage de l'économie par l'austérité".
Des mots durs pour des maux qu'il impute directement à François Hollande : "J'ai adressé au chef de l'exécutif des notes et des lettres pour tenter d'adjurer le président de la République de faire cesser des politiques qui portent des risques pour notre économie."
"Obstination", "erreur". Montebourg s'en est aussi pris violemment à la personne de Manuel Valls. L'opposition entre les deux hommes n'est pas nouvelle. Depuis les primaires socialistes en 2012, jusqu'à "la ligne jaune" franchie ce week-end par Montebourg, en passant par le pacte de responsabilité ou le dossier Florange, l'électron libre du gouvernement et le "patron intraitable" de la majorité, selon une expression de RTL, n'ont cessé de s'opposer avec virulence. En prenant sa "liberté", avant d'être licencié, Arnaud Montebourg a sans doute voulu gagner la bataille.
Sur son avenir politique, il laisse planer le doute
Que va faire Arnaud Montebourg, maintenant qu'il n'est plus ministre ? "Je vais, puisque je n'ai pas de mandat et ne m'apprête pas à en solliciter d'autres, retourner travailler parmi les Français, comme eux. Et continuer à défendre ce que je crois être juste pour la France", a-t-il lâché. Alors qu'il ne s'est pas représenté aux dernières législatives et qu'il a abandonné son poste de président du conseil général de Saône-et-Loire, il ne dispose plus aujourd'hui que d'un poste de conseiller général du canton de Montret. À côté de la politique, l'homme est avocat.
Fidèle à ses expressions du terroir, Arnaud Montebourg a affirmé qu'il allait "retourner à ses champs et charrues", sans manquer de se comparer à Cincinnatus, un personnage antique romain. Une référence étonnante quand on connait l'histoire de Rome. Après s'être retiré de la vie politique, Cincinnatus a été supplié par les sénateurs de reprendre ses fonctions pour sortir l'Empire de la guerre et de la crise politique. Partir pour mieux revenir. Arnaud Montebourg viendrait-il d'affirmer ses ambitions pour 2017 ?
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