Ce qu'il faut retenir de la riposte de Nicolas Sarkozy dans "Le Figaro"
L'ancien président de la République affirme que le droit au respect de la vie privée a été "bafoué" et le secret de ses discussions avec son avocat "volontairement ignoré".
Il dit avoir "longuement hésité avant de prendre la parole". En pleine affaire des écoutes, Nicolas Sarkozy sort de son silence, jeudi 20 mars, dans une tribune publiée dans Le Figaro (article abonnés).
Francetv info détaille ce que dit l'ex-président dans ce texte écrit et réécrit tout long du week-end dernier, a indiqué son entourage à France 3.
Sur les raisons de sa tribune
Nicolas Sarkozy estime que "les principes sacrés de notre République sont foulés aux pieds avec une violence inédite et une absence de scrupule sans précédent". Il s'interroge et se demande si la présomption d'innocence a été "désacralisée" et "la calomnie érigée en méthode de gouvernement". "Je veux affirmer que je n'ai jamais demandé à être au-dessus des lois, poursuit-il, mais que je ne peux accepter d'être en dessous de celles-ci."
Il précise également que s'il prend la parole par écrit et non à l'oral, c'est parce qu'il souhaite "susciter la réflexion et non l'émotion".
Sur les écoutes
Nicolas Sarkozy affirme qu'il a pris connaissance de sa mise sur écoute en lisant les journaux. "J'apprends par la presse que tous mes téléphones sont écoutés depuis maintenant huit mois. Les policiers n'ignorent donc rien de mes conversations intimes avec ma femme, mes enfants, mes proches", écrit-il. Il dénonce ensuite "les extraits tronqués et mensongers de ces mêmes enregistrements" publiés par Mediapart.
Il compare également ces écoutes avec les pratiques de la police politique de l'ex-RDA. "Ce n'est pas un extrait du merveilleux film La Vie des autres sur l'Allemagne de l'Est et les activités de la Stasi. Il ne s'agit pas des agissements de tel dictateur dans le monde à l'endroit de ses opposants. Il s'agit de la France."
Sur les autres affaires
Affaire Bettencourt, affaire Karachi, soupçons sur le financement libyen de sa campagne de 2007, rejet de ses comptes de campagne, Nicolas Sarkozy énumère les différentes affaires dans lesquelles il est impliqué.
Il en profite pour rappelé qu'il a bénéficié, dans l'affaire Bettencourt, d'un non-lieu "après que toutes les investigations possibles ont été engagées". "J'ai eu envie de crier : 'Tout cela pour cela'", écrit l'ex-président.
Sur le trafic d'influence présumé de son avocat auprès d'un magistrat de la Cour de cassation, Nicolas Sarkozy se fait plus mordant : "Cette fois, fini de rire, car c'est à pleurer d'indignation."
Sur le gouvernement
Alors que l'opposition dénonce depuis mardi un cabinet noir de François Hollande, Nicolas Sarkozy met en doute la défense maladroite de Christiane Taubira et de Manuel Valls.
"Je sais, la ministre de la Justice n'était pas au courant, malgré tous les rapports qu'elle a demandés et reçus. Le ministre de l'Intérieur n'était pas au courant, malgré les dizaines de policiers affectés à ma seule situation, attaque l'ancien locataire de l'Elysée. De qui se moque-t-on ?" Et d'ajouter : "On pourrait en rire s'il ne s'agissait de principes républicains si fondamentaux. Décidément, la France des droits de l'homme a bien changé."
Sur les juges
Nicolas Sarkozy évoque une "justice de la République instrumentalisée par des fuites opportunément manipulées". Et s'il affirme "garder confiance dans l'institution judiciaire, dans l'impartialité de l'immense majorité des juges", il mentionne le "mur des cons" du Syndicat de la magistrature.
"Au moins dois-je être tranquillisé sur la clarté des opinions politiques d'un magistrat dont le devoir est pourtant d'enquêter à charge et à décharge. Pour la charge, je crois que l'on peut être confiant, mais pour la décharge..." ironise-t-il.
Sur son retour
Alors que son entourage ne cesse d'évoquer sa candidature en 2017, Nicolas Sarkozy balaye le scénario d'un retour imminent. "Contrairement à ce qui s'écrit quotidiennement, je n'éprouve nul désir de m'impliquer aujourd'hui dans la vie politique de notre pays", affirme-t-il.
Et il lance un conseil en forme d'avertissement : "A tous ceux qui auraient à redouter mon retour, qu'ils soient assurés que la meilleure façon de l'éviter serait que je puisse vivre ma vie simplement, tranquillement… au fond, comme un citoyen 'normal' !"
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.