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Affaire des écoutes : l'un des avocats de Thierry Herzog veut utiliser les "éléments à décharge" de l'enquête préliminaire

Paul Albert Iweins, l'un des avocats de Thierry Herzog, estime que les écoutes sont "parfaitement illégales". 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Paul Albert Iweins en novembre 2011.  (YANN FOREIX / MAXPPP)

Maître Paul Albert Iweins, l'un des avocats de Thierry Herzog, a estimé lundi 23 novembre sur franceinfo que "le général de Gaulle aurait qualifié", l'affaire Paul Bismuth "d'affaire de cornecul". Nicolas Sarkozy va comparaître ce lundi aux côtés de son avocat et ami de 40 ans, Thierry Herzog, et de l'ancien magistrat Gilbert Azibert, dans ce qu'on appelle l'affaire des écoutes ou l'affaire Paul Bismuth. Les trois hommes sont soupçonnés d'avoir mis au point un pacte de corruption. Nicolas Sarkozy aurait promis un poste à Monaco à Gilbert Azibert en échange d'informations sur une autre affaire judiciaire. "L'enquête préliminaire est un véritable scandale", a dénoncé Paul Albert Iweins avant l'ouverture du procès.  

franceinfo : Dans quel état d'esprit est Thierry Herzog ?

Paul Albert Iweins : Thierry [Herzog] est combattif. C'est un grand avocat pénaliste. Effectivement, pour lui, c'est une épreuve compte tenu des qualifications pénales qui lui sont reprochés, qui ne correspondent à aucune réalité. Mais il est très combatif et je pense que nous ferons la démonstration de son innocence.

Ce sont des écoutes réalisées sur le téléphone de votre client et sur celui de Nicolas Sarkozy qui ont déclenché cette affaire. Elles ont été réalisées dans le cadre de l'enquête sur le financement de la campagne de 2007. Est-ce que pour vous ces écoutes sont illégales?

Elles sont parfaitement illégales et c'est l'un des principaux problèmes de ce dossier, c'est que le secret professionnel des conversations entre un avocat et son client, qui est un principe absolu dans toutes les démocraties, a été gravement violé dans cette affaire.

Au déclenchement de l'affaire, Nicolas Sarkozy avait signé une tribune pour comparer les méthodes de la justice à celles de la Stasi, l'ancienne police politique d'Allemagne de l'Est. Ce sera l'une de vos lignes de défense?

Peut-être pas la comparaison, mais il est vrai que sous l'occupation, le secret professionnel des avocats n'a pas été remis en cause.

Pour l'accusation, il y a eu un pacte de corruption entre les trois hommes. Ce n'est pas le cas, selon vous ?

C'est une affaire que le général de Gaulle aurait qualifié d'affaire de cornecul et dont on essaie de faire une affaire d'Etat. Ce sont des conversations entre amis, des amis de très longue date en ce qui concerne Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog, et également une grande amitié entre Gilbert Azibert et Thierry Herzog. Ils se parlent au téléphone, ils se disent un certain nombre de choses. Ils parlent de l'affaire, c'est vrai.

Et ils parlent régulièrement du cas de Gilbert Azibert à une dizaine de reprises dans les 150 conversations écoutées par la justice. Nicolas Sarkozy dit par exemple, "moi, je le fais monter", "je l'aiderais".

Tout ça, ce sont des petits bouts de phrases extraits d'un contexte. Ce que l'accusation n'arrivera pas à prouver, c'est le pacte, c'est à dire la relation de causalité qu'il y a entre une démarche qui pourrait être faite à Monaco, d'une part, et les avis d'ambiance que Gilbert Azibert peut prendre à la Cour de cassation.

Pourquoi avoir pris des téléphones secrets si on n'a rien à se reprocher ?

Parce qu'il s'agit d'un ancien président de la République, du chef de l'opposition et ces téléphones dédiés sont pris dès le mois de juillet 2012. Ce n'est pas des téléphones qui ont été pris pour cette affaire. Nicolas Sarkozy devient le chef de l'opposition. Comme vous le savez, il n'y a aucune sécurité sur les lignes de portables classiques. Vous pouvez être écouté par n'importe qui. Quand vous êtes le chef de l'opposition, vous avez besoin de parler d'un certain nombre de choses que vous avez par ailleurs des dossiers et des procès en cours, ce qui était le cas de Nicolas Sarkozy à l'époque où ils prennent les premiers téléphones dédiés en juillet 2012. La seule sécurité, c'est vrai, c'est qu'on ne puisse pas vous identifier comme étant les interlocuteurs.

L'affaire Bismuth a débouché sur une autre, c'est celle des fadettes. Car pour tenter de savoir qui était la taupe qui aurait informé Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog qu'ils étaient sur écoute, le parquet national financier a fait éplucher les relevés téléphoniques de plusieurs personnes, dont les vôtres Ce procès sera-t-il aussi celui du PNF?

Ça ne sera pas le procès du PNF, mais ça sera le procès d'une certaine conception de l'enquête qui passe sur toutes les règles de droit pour essayer d'établir quelque chose qui n'existe pas. Cette enquête préliminaire est un véritable scandale, c'est vrai. Elle a duré six ans. Six années pendant lesquelles on nous l'a caché. Et pourquoi nous l'a-t-on caché? Parce qu'il y a dans cette enquête préliminaire des éléments à décharge. Des éléments que nous pouvions utiliser pour notre défense. On nous a caché, par exemple, que la prétendue taupe qui aurait existé dans ce dossier n'existait pas et cela permet ensuite au parquet et même à l'ordonnance de dire qu'une enquête préliminaire est en train d'établir qu'il y a bien une taupe qui a prévenu Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog de ce que le Bismuth était sur écoutes. Or, l'enquête préliminaire prouve qu'il n'en est rien et que les hypothèses les plus extravagantes sont tombées à l'eau. Il y a d'autres éléments que nous dirons à l'audience et qui sont des éléments à décharge que nous n'avons pas pu utiliser pendant toute l'instruction et que nous pouvons utiliser maintenant parce qu'enfin, au bout de six ans et de multiples demandes qui ont été refusées, nous avons pu avoir accès à cette enquête préliminaire.

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