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Info France TV Assassinat d'Yvan Colonna : le Parquet national antiterroriste dément que des données sensibles aient pu être effacées

Selon le président de la commission d'enquête parlementaire et l'avocat de la famille du nationaliste corse, un signalement d'une surveillante de prison, la veille de l'agression mortelle, aurait disparu d'un logiciel réservé à l'administration pénitentiaire. Mais d'après les magistrats du Pnat, cette alerte n'a en fait jamais été renseignée.
Article rédigé par Eric Pelletier
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Des affiches demandant "justice pour Yvan Colonna" placardées à Paris le 16 mars 2022. (DANIEL PIER / AFP)

C'est la première réaction officielle du Parquet national antiterroriste (Pnat) après la polémique sur l'attitude de l'administration pénitentiaire en marge de l'assassinat d'Yvan Colonna. Les magistrats spécialisés affirment qu'il n'existe aucune preuve de l'effacement de données sensibles, une thèse soulevée la semaine dernière par une commission d'enquête parlementaire et par l'avocat de la famille du militant nationaliste corse. Condamné à perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Erignac en février 1998, Yvan Colonna avait été violemment passé à tabac le 2 mars 2022 par un autre détenu dans la prison d'Arles (Bouches-du-Rhône). Il était mort quelques semaines plus tard, le 21 mars.

Parallèlement aux investigations judiciaires, une commission d'enquête parlementaire a été créée. La semaine passée, son président, le député nationaliste de Haute-Corse Jean-Félix Acquaviva, a laissé entendre qu'une alerte, survenue la veille de l'agression, avait été sous-estimée par l'administration pénitentiaire. Selon les propos de l'élu, une surveillante aurait entendu un groupe de trois détenus, dont le principal suspect, le jihadiste Franck Elong Abé, prononcer cette phrase : "Je vais le tuer." D'après Jean-Félix Acquaviva, la surveillante aurait également alerté sa direction avant de noter, le jour même, ses observations dans un logiciel réservé aux détenus particulièrement signalés.

Assassinat d'Yvan Colonna : de nouvelles révélations jettent le trouble

Toujours selon Jean-Félix Acquaviva, cette alerte aurait pu être volontairement effacée après l'agression d'Yvan Colonna. "Nous avons les plus grandes interrogations et les plus grands doutes (...) quant à la possible tentative d'effacement de ces données" dans le logiciel de l'administration pénitentiaire, a déclaré le député, mercredi 15 mars, lors d'une conférence de presse. "Lorsque la commission a voulu vérifier les traces laissées sur ce logiciel (...), ils se sont aperçus qu'ils n'y étaient pas", a repris Sylvain Cormier, l'un des avocats de la famille Colonna, sur France 3. "Soit le logiciel a dysfonctionné, soit on a effacé."

Vers une levée du secret-défense ?

A cette hypothèse de l'effacement, le Parquet national antiterroriste apporte un démenti à France Télévisions. Selon les magistrats spécialisés, la surveillante n'a jamais déclaré avoir renseigné le fichier. Les données sur la discussion des trois détenus ne peuvent donc pas avoir été effacées puisque, selon le Pnat, ils ne figuraient pas dans le logiciel.

"Dans le cadre de l'information judiciaire ouverte pour assassinat en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroriste criminelle, les investigations portent notamment sur les observations des surveillants pénitentiaires avant, pendant et après les faits, rappellent les magistrats du Parquet national antiterroriste. Il n'est pas indiqué que le signalement sur ces propos menaçants aurait été intégré dans le logiciel et donc, par la suite, supprimé."

Parallèlement aux investigations de la commission d'enquête, les investigations judiciaires se poursuivent afin de savoir si l'agresseur, qui a agi seul, a pu être instrumentalisé. Les juges d'instruction ont demandé la levée du secret-défense. Ils veulent vérifier si Franck Elong Abé était une source référencée du renseignement pénitentiaire, une thèse avancée par la famille d'Yvan Colonna et par la commission d'enquête parlementaire.

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