Affaire Fillon : Jean-Pierre Jouyet, un gaffeur à l'Elysée
Mis en cause par l'opposition, le secrétaire général de l'Elysée est un habitué des bourdes.
Il est en fâcheuse posture. Après les révélations du livre Sarko s'est tuer, Jean-Pierre Jouyet, le secrétaire général de l'Elysée, est devenu en l'espace d'un week-end la cible de l'opposition. Ce proche de François Hollande est accusé de "mensonge" pour avoir raconté à deux journalistes du Monde la teneur d'un déjeuner avec François Fillon au cours duquel ce dernier lui aurait demandé d'accélérer les procédures judiciaires contre Nicolas Sarkozy. Coincé entre le démenti virulent de l'ancien Premier ministre et l'enregistrement de ses propos par les deux journalistes, le numéro deux de l'Elysée a dû faire marche arrière et changer de version.
Ce n'est pas la première fois que Jean-Pierre Jouyet met son camp dans l'embarras. Francetv info revient sur ses précédentes gaffes.
En 2007, il passe de la gauche à ministre de Sarkozy
Camarade de chambrée à l'armée et de promotion à l'ENA, Jean-Pierre Jouyet est un intime de François Hollande. "C'est la seule personne en trente-cinq ans avec qui je ne me suis jamais ennuyé un seul instant", explique-t-il à France 3. Comme le chef de l'Etat, il fait ses premières armes politiques à gauche, aux côtés de Jacques Delors et de Lionel Jospin.
Mais, en 2007, Jean-Pierre Jouyet décide d'aller voir ailleurs. Il accepte la proposition de Nicolas Sarkozy d'entrer au gouvernement, comme secrétaire d'Etat aux Affaires européennes. "C’est ta décision, et je la respecte. Mais je la regrette aussi. Elle va nous éloigner", réagit François Hollande, "tout pâle", selon des propos rapportés par un témoin au Monde (lien abonnés).
Si le président finit par lui pardonner, cet aller-retour entre la droite et la gauche ne passe pas. Selon un membre de l'exécutif cité par l'AFP, nombre de ministres du gouvernement Valls voient en Jean-Pierre Jouyet "un personnage intrigant" qui "manipule tout le monde". Ils lui reprochent d'entretenir des relations "troubles" avec la droite.
En juin 2012, il grille la politesse à tout le monde en annonçant la nomination de Jean-Marc Ayrault
Dès le début du quinquennat de François Hollande, Jean-Pierre Jouyet, alors président de l'Autorité des marchés financiers, commet une première gaffe. Invité sur RTL, il confirme avant tout le monde la nomination de Jean-Marc Ayrault comme Premier ministre. "Je pense qu'il sera nommé tout à l'heure", lâche-t-il, juste après avoir évoqué des sources privées.
"C'est une gaffe, ce n'est pas bien de faire ça", commente Ségolène Royal dans la foulée sur BFMTV. "Il faut respecter les institutions de la République française et c'est au secrétaire général de l'Elysée d'annoncer, sur le perron de l'Elysée et sur instruction du président de la République, qui sera le chef de gouvernement. Et à personne d'autre", tacle la présidente de la région Poitou-Charentes.
En octobre 2012, il qualifie l'usine de Florange de "canard boiteux"
Quelques mois plus tard, Jean-Pierre Jouyet est nommé à la tête de la Banque publique d'investissement (BPI). Interrogé sur Europe 1 sur l'usine ArcelorMittal de Florange (Moselle), alors au cœur de l'actualité, le futur président de l'institution réplique sèchement que la BPI "aura vocation à maintenir l'activité et non pas à aider les canards boiteux".
La réaction ne se fait pas attendre. "C'est inadmissible de nous traiter de canards boiteux aujourd'hui, surtout que la situation est difficile", réagit le délégué FO à Florange, Walter Broccoli. Pour le Parti communiste, Jouyet "a perdu une occasion de fermer son bec".
François Hollande doit le contredire publiquement pour calmer le jeu. "Florange n'est pas un canard boiteux, rectifie le président de la République. Florange fait partie d'ArcelorMittal et à ma connaissance, ArcelorMittal n'est pas un canard boiteux."
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