Florange est "un canard boiteux" : la polémique en quatre actes
L'auteur de la formule, Jean-Pierre Jouyet, futur président de la Banque publique d'investissement, a été recadré par François Hollande sur la forme. Mais pas sur le fond.
ENTREPRISES – Ses propos ont été peu appréciés en Moselle. Le futur président de la Banque publique d'investissement (BPI), Jean-Pierre Jouyet, a laissé entendre vendredi 19 octobre que l'usine de Florange d'ArcelorMittal était un "canard boiteux". L'ancien ministre s'est ensuite fendu d'un communiqué pour rectifier le tir, tandis que François Hollande a jugé l'expression malheureuse, tout en confirmant que Florange "ne relève pas de la BPI". FTVi revient sur cette affaire en quatre actes.
Acte 1 : Jouyet voit en Florange un "canard boiteux"
Lors d'un entretien vendredi à Europe 1, Jean-Pierre Jouyet a annoncé que la future BPI, qui doit voir le jour début 2013 "aura vocation à maintenir l'activité et non pas à aider les canards boiteux". Directement visée, l'usine de Florange, dont ArcelorMittal a annoncé la fermeture des deux hauts-fourneaux.
Avant tout conçue pour "des PME et des entreprises de taille intermédiaire", la BPI "sera une banque pour prévenir les difficultés des entreprises et c'est une banque au service de l'avenir, a ajouté l'ancien secrétaire d'Etat chargés des Affaires européennes. Elle fera de la prévention contre le chômage, elle aidera à ce qu'il y ait de nouvelles activités." Dans le cas de groupes comme ArcelorMittal, PSA ou Sanofi, "c'est à d'autres dispositifs de jouer si nécessaire".
Acte 2 : une occasion perdue de "fermer son bec"
Les propos de Jean-Pierre Jouyet ont suscité l'indignation d'élus et de responsables syndicaux. "C'est inadmissible de nous traiter de canards boiteux aujourd'hui, surtout que la situation est difficile, a réagi le délégué FO à Florange, Walter Broccoli.
La présidente du Front national, Marine Le Pen, a "exigé" que "M. Jouyet présente immédiatement ses excuses aux salariés de Florange". Quant au Parti communiste, il a estimé que le futur président de la BPI "a perdu une occasion de fermer son bec" et dénoncé un "mépris pour les salariés de Florange qui se battent depuis des mois pour sauver leur emploi et leur site qui, doit-on le redire ici, est tout à fait rentable".
Acte 3 : Jouyet ne visait pas les salariés
"Le futur président de la Banque publique d'Investissement a le plus grand respect pour les salariés de Florange, héritiers d'une forte tradition sidérurgique française." Dans un communiqué de la Caisse des dépôts, son président Jean-Pierre Jouyet a tenté d'éteindre le début de polémique provoqué par sa déclaration.
Acte 4 : Hollande d'accord sur le fond, pas sur la forme
"Florange n'est pas un canard boiteux, a rectifié François Hollande. Florange fait partie d'ArcelorMittal et à ma connaissance, ArcelorMittal n'est pas un canard boiteux." Le président de la République est toutefois allé dans le sens de Jean-Pierre Jouyet, en soulignant qu'Arcelor n'a pas demandé d'intervention de la BPI et que "ce dossier ne relève pas de la BPI".
Pour François Hollande, la BPI n'est "pas là pour faire des concours de trésorerie à des entreprises qui seraient en difficulté", mais "pour prêter à long terme ou pour prendre des participations au capital dans des entreprises qui peuvent avoir besoin de fonds" et qui "ont un avenir". Il a affirmé qu'il "était très important" que Jean-Pierre Jouyet "donne cette ligne directrice".
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