: Info franceinfo Affaire Bygmalion : Jean-François Copé appelé à la barre comme témoin au procès "pour mettre en exergue l'absurdité de ses réponses"
Franck Attal, employé de Bygmalion en 2012, a fait citer à comparaître l'ancien président de l'UMP comme témoin lors du procès. Le tribunal va se pencher, à partir du 17 mars, sur les infractions liées aux comptes de campagne de Nicolas Sarkozy lors de la présidentielle de 2012.
Jean-François Copé n'est pas complètement débarrassé de l'affaire Bygmalion. "La justice m'a rendu mon honneur", martèle l'ancien président de l'UMP à ses interlocuteurs, depuis qu'il a bénéficié d'un non-lieu en février 2016. Mais selon les informations de France Télévisions, le maire de Meaux (Seine-et-Marne) devra malgré tout répondre à quelques questions en tant que témoin lors du procès concernant les infractions liées aux comptes de campagne de Nicolas Sarkozy lors de la présidentielle de 2012. Ce procès doit s'ouvrir mercredi 17 mars, mais plusieurs prévenus demandent un report.
Franck Attal, qui était directeur général adjoint pendant la campagne de 2012 la société Event & Cie (la filiale événementielle de l'entreprise Bygmalion) et qui avait en charge l'organisation d'une grande partie des meetings de Nicolas Sarkozy, a fait citer à comparaître l'ancien dirigeant de l'UMP. "Je fais appeler Copé à la barre car j'ai besoin de comprendre comment un président de parti peut ne pas être au courant d'un montage de ce niveau-là", explique Franck Attal. Lequel est lui-même accusé de "faux et usage de faux", "complicité de financement illégal de campagne électorale" et "complicité d'escroquerie". "Je suis extrêmement surpris que Jean-François Copé ne soit pas renvoyé devant le tribunal."
"Je ne m'attends pas à ce qu'il change de version. Je veux juste mettre en exergue publiquement l'absurdité de ses réponses."
Franck Attalà France Télévisions
"Compte tenu de sa fonction de l'époque, de sa relation avec son directeur de cabinet Jérôme Lavrilleux, et de sa proximité avec mon patron de l'époque Bastien Millot [dirigeant de Bygmalion], je ne comprends pas comment il peut affirmer ne pas avoir été au courant d'un tel montage", poursuit Franck Attal.
"Une défense pitoyable"
Contacté par franceinfo, Jean-François Copé se montre serein concernant son passage à la barre du tribunal en tant que "simple témoin". "C'est normal, c'est logique, ça ne m'a pas surpris", réagit l'ancien président de l'UMP. "On me demande de venir comme témoin, je viens comme témoin. Mais pour moi, l'affaire est derrière moi depuis le jour où les magistrats ont clôturé leur dossier et m'ont mis hors de cause."
Dans un message envoyé à franceinfo après la publication de cet article, l'avocat de Jean-François Copé, Hervé Temime, ajoute que son client "répondra à l'ensemble des questions qui lui seront posées, comme il l'a toujours fait durant cette procédure". "Je rappelle qu'après de très minutieuses investigations, aucun élément matériel ni aucun témoignage ne l'a mis en cause dans cette affaire, poursuit l'avocat. Les déclarations de monsieur Attal sont d'autant plus inacceptables qu'il ne l'a lui-même informé de rien... Il est insupportable de mettre en cause un homme qui a été exonéré de manière très claire de toute responsabilité par une instruction judiciaire particulièrement complète. C'est une défense pitoyable à laquelle monsieur Copé répondra dans le cadre de son audition."
Un comportement "étonnant" ?
Jean-François Copé a bénéficié d'un non-lieu il y a cinq ans. Dans l'ordonnance de renvoi, le juge Serge Tournaire explique : "L'enquête n'a pas permis de découvrir d'éléments matériels laissant penser qu'il était avisé du système de fausses facturations mis en place ou en capacité de le détecter." Par ailleurs, le maire de Meaux n'a pas été mis en cause par les personnes poursuivies dans le dossier. Son directeur de cabinet de l'époque, Jérôme Lavrilleux, a toujours déclaré qu'il ne l'avait pas tenu informé.
Le magistrat note tout de même que le comportement de Jean-François Copé peut paraître "étonnant", car il n'a pas cherché à comprendre les raisons pour lesquelles son parti se trouvait au bord du défaut de paiement en 2012, mais il "n'était ni destinataire des situations budgétaires émises par la direction financière, ni signataire des engagements de dépenses". Le juge s'étonne aussi de la réaction de Jean-François Copé au moment de la révélation des faits, en mai 2014 : "Il se serait contenté d'une information minimale, sans chercher à se renseigner précisément auprès de Franck Attal et Jérôme Lavrilleux sur l'identité des commanditaires et participants à la fraude." Mais pour Serge Tournaire, "ceci ne saurait pour autant constituer l'indice d'une complicité ou d'une coaction".
Jean-François Copé prévient par ailleurs, auprès de franceinfo, qu'il n'hésitera pas à attaquer en diffamation ceux qui continueraient à le mettre en cause dans cette affaire.
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