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A la fête de la Rose, Arnaud Montebourg garde son piquant

Accompagné par Benoît Hamon, le ministre de l'Economie a continué à Frangy-en-Bresse ses critiques envers la politique prônée par François Hollande et Manuel Valls.

Article rédigé par Vincent Matalon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Benoît Hamon (à gauche) et Arnaud Montebourg (à droite), dimanche 24 août 2014 à la fête de la Rose de Frangy-en-Bresse (Haute-Saône). (JEFF PACHOUD / AFP)

Il persiste et signe. Après avoir tancé dans un entretien au Monde "la réduction dogmatique des déficits", Arnaud Montebourg a profité de la Fête de la Rose organisée dans son fief de Frangy-en-Bresse (Saône-et-Loire) pour continuer sur sa lancée.

Sous le regard de plusieurs députés "frondeurs" et de son collègue de l'Education Benoît Hamon, le ministre de l'Economie a martelé son message : critique de la politique d'austérité imposée selon lui par l'Union européenne et l'Allemagne, et volonté de redonner du pouvoir d'achat aux Français en intervenant davantage dans l'économie. Voici ce qu'il faut retenir de son discours, et de ses conséquences.

Le ton : offensif sans vouloir offenser

Afin d'éviter d'avoir l'air de mener une attaque en règle contre François Hollande et Manuel Valls, Arnaud Montebourg a débuté son discours en louant le "travail accompli depuis deux ans" par le gouvernement, qui a permis de "reconstruire une puissance publique". "Nous avons des résultats", veut croire le ministre de l'Economie, égrenant les noms des entreprises qui relocalisent leur production en France.

Mais très vite, les propos de l'électron libre du gouvernement se sont fait plus acide, sans toutefois cibler directement le Président ou le Premier ministre. "Aujourd'hui, l'entêtement et l'obstination à poursuivre les politiques de réduction des déficits est une erreur qui risque d'être mortelle, il faut avoir l'intelligence d'en sortir", a-t-il lancé sous les applaudissements, après avoir listé des analystes économiques de tous bords ayant récemment fustigé les politiques de rigueur.

Le fond : la croissance d'abord, les économies ensuite

Pour Montebourg, seule une révision en profondeur des politiques économiques en vigueur en Europe pourra faire sortir la France de l'austérité. Et d'appeler, toujours sans citer directement Hollande, l'exécutif à incarner la "résistance" à la rigueur sur la scène européenne. En invoquant des figures historiques assez inhabituelles pour lui : "le Général de Gaulle avait su imposer la politique de la chaise vide, Margaret Thatcher menait l'UE à coup de crise de nerfs"

En attendant une réorientation en Europe, le ministre de l'Economie a "proposé au Premier ministre et au président de la République une inflexion majeure de notre politique économique : (...) aller chercher la croissance avec [ses] mains", et cela sans être obsédé par la réduction des déficits. Il souhaite également, grâce à son futur projet de loi sur les professions reglementés, "redonner du pouvoir d'achat" aux Français en "faisant sauter les verrous sur certains secteurs", comme celui des auto-écoles, des pharmarcies...

Montebourg demande à Hollande et Valls "une inflexion majeure" de la politique économique (FRANCE 2)

Les réactions : une "ligne jaune" franchie

Tout au long du discours de Montebourg, les responsables politiques de droite ont ironisé sur Twitter à propos du manque de solidarité gouvernementale du ministre.

La charge la plus virulente est pourtant venue des rangs de la majorité. Le député PS Jean-Jacques Urvoas a fustigé l'intervention de Benoît Hamon, qui a pris la suite d'Arnaud Montebourg à la tribune en reprenant les arguments de son hôte. 

Ni Manuel Valls, ni François Hollande n'ont pour l'heure réagi officiellement aux propos de leurs ministres. Mais interrogé par un journaliste du Monde.fr, l'entourage du premier indique que Montebourg a franchi une "ligne jaune". Matignon serait  "prêt à agir", selon cette même source. Invité de RTL, François Bayrou a de son côté appelé le Premier ministre faire le ménage dans les rangs du gouvernement. La rentrée promet d'être chaude.

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