Venezuela : la "chasse aux sorcières" s'intensifie, "la situation des droits humains est dramatique"
Amnesty International publie mercredi un rapport accablant à l'encontre du gouvernement du président de la Bolivie, Nicolas Maduro. L'ONG dénonce une "chasse aux sorcières" contre les manifestants, arrêtés et emprisonnés.
L'ONG de défense des droits humains Amnesty International a publié mercredi 26 avril un rapport dénonçant l'utilisation "illégale" du système judiciaire par les autorités vénézuéliennes "pour intensifier les persécutions et les sanctions à l'égard de ceux qui ne partagent pas leurs opinions".
Dans le pays d'Amérique du sud, "la dissidence est interdite" assure Erika Guevara-Rosas, la directrice du programme Amériques à Amnesty International. Elle a ajouté que les autorités n'ont "aucune limite" quand il s'agit de "punir ceux qui expriment un point de vue différent de la position officielle". Erika Guevara-Rosas conseille au Venezuela de "se concentrer sur la recherche de solutions concrètes et durables à la crise profonde" dans laquelle le pays est plongé.
Arrestations, détentions provisoires et campagnes de diffamation
Le rapport détaille les "actions illégales commises par les autorités" pour réprimer la liberté d'expression et donne des exemples : des militants non violents sont arrêtés pour des infractions contre la patrie, des recours injustifiés à la détention provisoire sont lancés et des campagnes de diffamation dans les médias sont menées contre des membres de l'opposition.
Amnesty International cite notamment l'arrestation, le 11 janvier 2017, du député de l'opposition Gibert Caro, d'une militante du parti d'opposition Voluntad Popular (Volonté populaire) Steicy Escalona, et de deux membres de sa famille par les agents du service bolivarien de renseignement. Devant les médias, le vice-président de la République avait affirmé qu'une arme à feu et des explosifs leur avaient été "confisqués".
"Réduire l'opposition au silence"
Le député s'est également vu accusé d'"activités terroristes". Il est en prison depuis le mois de mars, mais n'a toujours pas été présenté à un juge. Steicy Escalona a été quant à elle déférée devant un tribunal militaire et inculpée de vol de biens militaires et de rébellion. Selon l'ONG, ils représentent la manière dont les autorités s'y prennent pour "réduire l'opposition au silence, à l'heure où les manifestations se multiplient dans le pays".
Autre exemple donné par Amnesty International : le cas d'Yon Goicochea, leader étudiant et dirigeant actuel de Voluntad Popular. Il a été arrêté en août dernier pour port d'explosifs, et se trouve depuis maintenu en détention, au secret, jusqu'au 1er septembre. Une décision de justice datant du 20 octobre 2017 reconnaît pourtant que "toutes les conditions requises pour sa libération sont réunies". "La situation des droits humains dans ce pays est dramatique" a déclaré Erika Guevara-Rosas.
"Actes de torture et mauvais traitements"
Dans la plupart des cas, insiste le rapport, "les accusés sont poursuivis pour des infractions graves telles que trahison de la patrie, terrorisme ou vol de biens militaires, ou rébellion", des qualifications qui "permettent de recourir à la détention provisoire même lorsqu'il n'existe pas suffisamment de preuves recevables pour étayer les charges".
Ces infractions relèvent de "juridictions spéciales", "rarement impartiales" et qui ne devrait pas "juger des civils". Amnesty International a également recueilli des informations sur le cas de détenus dont les contacts avec leurs familles ou avocats sont restreints, "des actes de tortures et d'autres mauvais traitements" conclut le rapport.
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