Témoignages à charge, plaidoiries, verdict... Six moments clés du procès de Donald Trump dans l'affaire Stormy Daniels
Le verdict est tombé. Donald Trump a été reconnu coupable de fraudes au procès de l'affaire Stormy Daniels, jeudi 30 mai, une première pour un ex-président américain. Il était accusé d'avoir maquillé des paiements pour acheter le silence de l'actrice de films pornographiques au sujet d'une possible liaison extraconjugale. Le candidat à la présidentielle américaine, qui peut toujours se présenter, encourt quatre ans de prison. Cette peine sera prononcée le 11 juillet, quatre jours avant la convention du Parti républicain qui doit l'investir comme candidat des conservateurs américains. Franceinfo vous résume cinq faits qui ont marqué les débats.
1 Stormy Daniels a livré un récit cru de sa rencontre avec Donald Trump
L'audition de Stormy Daniels, actrice de films pornographiques au cœur des accusations qui pèsent contre Donald Trump, était évidemment l'une des plus attendues du procès. Stephanie Clifford (son vrai nom) a été appelée à la barre à l'initiative des procureurs, dès le deuxième jour des débats. Durant huit heures, elle a raconté sa rencontre avec le milliardaire en marge d'une compétition de golf en 2006, affirmant avoir été invitée à dîner avec lui.
Selon l'actrice de 45 ans, Donald Trump l'aurait accueillie dans la luxueuse suite d'un hôtel, "habillé d'un pyjama en soie ou en satin". Au cours de la soirée, Stormy Daniels dit s'être rendue aux toilettes et avoir découvert à son retour le milliardaire en caleçon, sur le lit. Si elle a expliqué ne pas s'être sentie menacée, elle a assuré que le "rapport de force" avec Donald Trump était "déséquilibré". "J'avais remarqué qu'il y avait un garde du corps juste devant la porte", a-t-elle précisé, selon un compte-rendu du Wall Street Journal.
Alors que la défense ne voulait pas que l'actrice évoque la relation sexuelle qu'elle affirme avoir eu avec Donald Trump, et qu'il a toujours niée, la procureure l'a largement interrogée sur ce sujet. Stormy Daniels a ainsi livré des détails crus sur sa soirée, déclarant qu'elle a "fini par avoir une relation sexuelle avec lui", sans préservatif. "J'ai eu honte de ne pas avoir arrêté ça, de ne pas dire non", a-t-elle confié.
L'actrice a également expliqué comment son agente lui avait conseillé de monnayer le récit de sa relation avec le candidat à la présidentielle, lorsqu'il s'est lancé dans la campagne en 2016. "L'argent ne m'intéressait pas", a-t-elle assuré. Selon l'accusation, Stormy Daniels a toutefois reçu 130 000 dollars en échange de son silence. Les procureurs affirment que cette somme lui a été versée par Michael Cohen, ancien avocat de Donald Trump, via une société-écran.
2L'ancien avocat du milliardaire l'a accusé d'avoir autorisé le paiement
Le témoignage de Michael Cohen, ex-avocat de Donald Trump, a été l'un des plus importants pour l'accusation. Appelé à la barre lundi 13 et mardi 14 mai, il a livré un témoignage à charge contre son ancien client, affirmant que le milliardaire avait lui-même, à plusieurs reprises, autorisé le versement de 130 000 dollars à Stormy Daniels, dans le but de protéger sa candidature à la présidentielle. "Empêche [l'histoire] de sortir", lui aurait notamment demandé Donald Trump, selon un compte-rendu d'audience publié par le Guardian.
"Ce que je faisais était à la demande et au profit de monsieur Trump. (...) Tout nécessitait sa validation."
Michael Cohen, ancien avocat de Donald Trumplors de son audition au procès
Selon les dires de Michael Cohen, le républicain lui aurait également confié que sa supposée relation extra-conjugale avec Stormy Daniels était "une catastrophe" pour sa campagne, ajoutant que "les femmes [allaient] le haïr". L'avocat a estimé que l'argent versé à l'actrice avait pour but de "s'assurer que l'histoire (...) n'affecterait pas les chances de monsieur Trump de devenir président des Etats-Unis".
Il a également déclaré face aux jurés que le milliardaire lui avait promis qu'il allait "retrouver son argent". Un élément clé dans le dossier de l'accusation, qui affirme que le républicain a demandé à son conseil de verser 130 000 dollars à Stormy Daniels, puis l'a remboursé via divers paiements censés correspondre à des frais d'avocat, explique le New York Times. Ce sont ces falsifications comptables présumées qui valent à Donald Trump d'être le premier président américain jugé dans un procès au pénal.
Michael Cohen a également décrit avec émotion la façon dont cette affaire à "fait dérailler sa vie", rappelant que le FBI a surgi à son domicile en 2018, pour l'arrêter dans le cadre d'une première enquête sur le paiement à Stormy Daniels. Selon ABC News, l'avocat a affirmé avoir été la cible de "pressions" de la part du clan Trump afin qu'il ne coopère pas avec les autorités. Convaincu par sa famille, il a finalement plaidé coupable de violations des règles sur le financement des campagnes électorales, en lien avec le versement effectué à l'actrice de films pornographiques. "Je ne voulais plus mentir pour le président", a justifié Michael Cohen face aux jurés.
3 Donald Trump est resté silencieux aux audiences, mais pas sur les réseaux sociaux
Plusieurs fois au cours du procès, la défense a laissé planer le doute sur un possible témoignage de Donald Trump. Mais l'ex-président, candidat à un nouveau mandat en novembre, a finalement renoncé à s'exprimer à la barre, jeudi 23 mai. Dans une attitude qui tranche avec sa pugnacité habituelle, le milliardaire s'est le plus souvent muré dans le silence lors des débats. Il a même passé de longues heures les yeux clos, au point que certains se sont demandé s'il dormait, rapporte ABC News.
Hors de la salle d'audience, en revanche, Donald Trump a eu bien du mal à garder le silence. L'ex-président était pourtant sous le coup d'un "gag order", un ordre du juge lui interdisant de s'exprimer publiquement au sujet des jurés, des témoins, de l'équipe de procureurs ou de la famille du magistrat. Cela n'a pas empêché l'accusé de multiplier les déclarations face à la presse ou sur les réseaux sociaux, dans lesquelles il a notamment accusé son ex-avocat Michael Cohen de mentir de manière répétée à la barre, relate Forbes.
Les multiples incartades de Donald Trump lui ont valu dix amendes de mille dollars chacune, pour avoir violé le "gag order". Le juge Juan Merchan l'a même menacé de prison pour outrage, s'il continuait de défier sa décision.
4 Les républicains se sont relayés au tribunal pour soutenir leur candidat
Faire campagne pour l'élection présidentielle lorsqu'on doit chaque jour se rendre au tribunal est une tâche complexe. Mais Donald Trump, assuré d'obtenir l'investiture du Parti républicain pour le scrutin, a tout de même tenté de consolider son image de champion des conservateurs durant son procès. Chaque matin, le milliardaire est arrivé accompagné de responsables et d'élus venus lui témoigner leur soutien, rapporte la BBC.
Le média britannique a notamment relevé la présence de plusieurs personnalités pressenties pour devenir colistier de Donald Trump, et occuper le poste de vice-président s'il remporte l'élection du 5 novembre. Parmi eux, l'ex-adversaire du milliardaire aux primaires du Parti républicain, Vivek Ramaswamy, qui a déclaré à la presse que le procès "sortait tout droit d'un roman de Kafka", raconte le Washington Post. Le speaker républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, a lui aussi fait le déplacement jusqu'à New York pour dénoncer une "chasse aux sorcières partisane".
"Je suis dégoûté par ce qui se déroule ici, ce qui est fait à notre système de justice."
Mike Johnson, speaker de la Chambre des représentantsdans une déclaration à la presse
Mi-mai, une douzaine d'autres élus au Congrès sont venus ensemble au tribunal prêter main forte à leur champion, note encore le New York Times. "Nous sommes ici parce que nous pouvons dire des choses que le président Trump n'a, injustement, pas le droit de dire", a justifié le représentant de Floride Matt Gaetz, en faisant référence au "gag order" imposé à l'accusé.
5 La défense et l'accusation ont tenté une dernière fois de convaincre les jurés
Après un week-end prolongé, les jurés ont écouté les plaidoiries des avocats de Donald Trump et des procureurs, mardi. C'était la dernière occasion de convaincre les douze New-Yorkais avant qu'ils n'entament leurs délibérations. L'enjeu est majeur : l'ex-président ne peut être déclaré coupable qu'à l'unanimité du jury. Il suffit donc aux conseils de Donald Trump de persuader un seul d'entre eux pour éviter à leur client d'être condamné.
La défense a été la première à s'exprimer. Durant sa plaidoirie de plus de trois heures, l'avocat Todd Blanche a concentré ses attaques contre Michael Cohen, qualifié tour à tour de "plus grand menteur de tous les temps", "champion du mensonge" et d'"incarnation vivante du doute raisonnable", rapporte le New York Times. Pour discréditer les propos du témoin clé de l'accusation, il a aussi rappelé au jury que l'ex-conseil du milliardaire avait été condamné pour parjure devant le Congrès américain. "Ce que Donald Trump savait [de ces transactions] en 2016, vous n'en avez connaissance que par une source, et c'est Michael Cohen", a insisté Todd Blanche.
"Vous ne pouvez pas condamner le président Trump (...) en vous fondant sur la seule parole de Michael Cohen."
Todd Blanche, avocat de Donald Trumpaux jurés
Le procureur Joshua Steinglass a passé encore plus longtemps – six heures – à dérouler son réquisitoire. "Trois hommes riches et puissants ont tenté de devenir encore plus puissants en contrôlant les informations qui arrivaient jusqu'aux électeurs", a-t-il résumé selon le Guardian, faisant référence à une réunion en 2015 entre Michael Cohen, Donald Trump et David Pecker, un ancien patron de presse ami du milliardaire. Durant le procès, cet ancien PDG du tabloïd The National Enquirer a raconté comment, après cet échange, il avait acheté les droits exclusifs de deux autres témoignages susceptibles d'embarrasser le milliardaire durant la camapgne.
Pour le procureur, Donald Trump a bien tenté, en 2016, de "museler une star du porno" qui aurait pu nuire à sa campagne. "Stormy Daniels, c'est le motif" des falsifications comptables présumées, a-t-il martelé. Michael Cohen, lui, serait un "initié" avec "des informations utiles et fiables", et "une connaissance des rouages internes du phénomène Trump", a argué Joshua Steinglass.
"Cette affaire ne porte pas sur Michael Cohen. Cette affaire porte sur Donald Trump, [pour déterminer] s'il devrait être tenu pour responsable de la falsification de ses comptes."
Joshua Steinglass, procureuraux jurés
Mercredi matin, le juge Juan Merchan a donné aux jurés les dernières instructions sur le déroulé des délibérations, détaillait le New York Times. Ils se sont ensuite enfermés pour débattre du verdict.
6 Après la lecture du verdict, Donald Trump a fustigé un procès "truqué"
Après près de deux jours de délibérations, la décision des jurés est tombée jeudi vers 17 heures, heure de New York (23 heures à Paris). A la lecture du verdict de culpabilité pénale dans la salle d'audience, l'ex-président de 77 ans est resté stoïque, les épaules basses. Son entourage avait l'air abattu. En sortant du prétoire, le visage grimaçant, celui qui, en une décennie, a bouleversé la démocratie américaine s'est décrit en "homme innocent", fustigeant un procès "truqué" qui serait une "honte". Il a assuré que le "vrai verdict" tomberait le 5 novembre, au soir de l'élection présidentielle. Puis il est rentré, le poing levé, dans sa Trump Tower de la 5e avenue de Manhattan, d'où il donnera vendredi à 11 heures (17 heures à Paris) une conférence de presse.
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