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Perquisition de la villa Trump : l'ex-président "est habitué à cette victimisation à outrance", selon un spécialiste des États-Unis

L'ancien président cherche à "manipuler les foules" selon Jean-Eric Branaa, qui affirme que Donald Trump ne se représentera pas à l'élection présidentielle de 2024. 

Article rédigé par franceinfo
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Des partisans de Donald Trump devant sa villa de Palm Beach, en Floride, au lendemain d'une perquisition du FBI.  (GARY I ROTHSTEIN / MAXPPP)

La perquisition de la villa de Donald Trump, lundi 8 août, par le FBI a été mise en scène par l'ex-président des Etats-Unis qui s'est dit persécuté, un contexte qu'il "crée lui-même" selon Jean-Eric Branaa, spécialiste des États-Unis et maître de conférences à l’université Assas-Paris II sur franceinfo, mardi 9 août. Selon lui, Donald Trump "est habitué à cette victimisation à outrance", dans laquelle il voit "une manipulation des foules".


franceinfo : C'est Donald Trump lui-même qui a révélé que sa villa était perquisitionnée, dans un communiqué alarmiste. Comment l'analysez-vous ?

Jean-Eric Branaa : On voit qu'il y a de la manipulation des foules et Donald Trump excelle dans cette partie. C'est ce qu'il a encore fait cette nuit avec son communiqué. Il est habitué à cette victimisation à outrance en remettant tout ça dans un contexte de persécution contre sa propre personne, qu'il crée en fait lui même.
C'est vrai qu'on pouvait dire qu'il y avait un acharnement au moment de "l'enquête russe" parce qu'il n'y avait pas de griefs à reprocher à Donald Trump personnellement, directement. Mais pour les enquêtes qui sont en cours sur l'envahissement du Capitole le 6 janvier 2021 pour lequel sa responsabilité est mise en évidence, par exemple, on s'attend à ce que la justice passe sur Donald Trump, on est dans un Etat de droit.


Pensez-vous qu'il sera candidat à l'élection présidentielle de 2024 ?

Cela fait deux ans que je répète qu'il ne sera pas candidat, et ça ne change pas aujourd'hui : les affaires judiciaires lui tombent dessus les unes après les autres au moment où les Républicains déclarent à plus de 50% qu'ils ne veulent plus de Donald Trump. Il rencontre de graves difficultés aux primaires avec des échecs retentissants en Caroline du Sud ou en Géorgie, des états clés dont il a besoin pour être candidat.

De même, la course pour 2024 est très ouverte du côté républicain et des candidats commencent à émerger contre lui : on parle beaucoup de Ron de Santis, le gouverneur de Floride, ou de Mike Pence, son ex vice-président. Ça fait quand même beaucoup pour un seul homme.

"Donald Trump n'ira selon moi pas parce qu'il y a trop de possibilités qu'il perde cette élection, qu'il évitera d'être le 'superlooser' en perdant deux fois de suite."

Jean-Eric Branaa, maître de conférences à l’université Assas-Paris II

à franceinfo


Est-ce que le parti Républicain et la démocratie américaine pourraient sombrer avec Trump ?

Je crois que le Parti républicain est toujours un grand parti. Il y a une frange de ce parti qui a sombré "dans le noir", qui est très à l'extrême-droite, mais c'est environ un tiers du parti. Pour le reste, ils sont surtout pris par des considérations de réélection qui leur fait soutenir des thèses qui, quelquefois, sont un peu limites. Mais ils savent aussi ne pas aller jusqu'au bout.

>> Perquisition de la villa Trump : une "chasse aux sorcières" pour les partisans de l'ancien président

Si la démocratie américaine est abîmée, je crois qu'elle a montré sa résistance. Elle a résisté au 6 janvier et actuellement, le Congrès est en train de réfléchir à comment corriger les erreurs qui ont mené à l'envahissement du Capitole. Tout cela fait partie d'une démocratie. Il n'est pas question de changer cette Constitution qui marche formidablement bien. Tout cela est assez positif au final, et je crois que c'est ce que retiendra l'Histoire.

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