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Présidentielle américaine : ce qu'il faut retenir du meeting de retour en campagne de Donald Trump, sans la foule espérée

Lundi, Donald Trump avait assuré dans un tweet que "près d'un million" de personnes avaient réclamé des billets pour ce rendez-vous. La salle qui devait consacrer ce retour en fanfare à Tulsa, dans l'Etat de l'Oklahoma, n'était pas pleine, loin s'en faut. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le président américain, Donald Trump, lors de son premier meeting de campagne en trois mois, le 20 juin 2020 à Tulsa, dans l'Etat de l'Oklahoma (Etats-Unis).  (NICHOLAS KAMM / AFP)

Ignorant les mises en garde sur le coronavirus, Donald Trump a renoué avec les meetings dont il raffole, samedi 20 juin à Tulsa, dans l'Etat de l'Oklahoma (Etats-Unis). Dans un discours décousu de près de deux heures, le président américain s'est posé en défenseur de "la loi et l'ordre" et a appelé les Américains à se rendre aux urnes le 3 novembre, afin de lui assurer un deuxième mandat de quatre ans. Le dirigeant n'a toutefois pas réussi à réunir la foule attendue pour donner un coup de fouet à sa campagne de réélection, mal engagée. Voici ce qu'il faut retenir de ce rassemblement.

Le meeting était très controversé

Le premier meeting de Donald Trump depuis le coup d'arrêt de sa campagne sur le terrain, sonné par la pandémie de Covid-19 début mars, a suscité une vive polémique. Entre "Trumpistes" et manifestants antiracisme, les autorités locales avaient dit attendre jusqu'à 100 000 personnes à Tulsa. Beaucoup se sont inquiétés des conséquences sanitaires d'une telle foule venue de tous les Etats-Unis. D'autant plus que, quelques heures avant le début de ce rassemblement, six organisateurs ont été testés positifs au Covid-19 et placés en quarantaine. Jusqu'à présent relativement épargné, l'Oklahoma connaît actuellement une forte poussée des cas détectés.

Autre sujet majeur de controverse : le choix initial du chef d'Etat d'organiser son grand retour vendredi 19 juin, date qui marque les commémorations de l'abolition de l'esclavage aux Etats-Unis, et dans une ville marquée par l'un des pires massacres raciaux de l'histoire américaine. Quelque 300 Afro-Américains ont été tués et plusieurs centaines de bâtiments détruits par une foule blanche, durant deux jours de lynchages, en 1921.

Si l'équipe de Donald Trump a évoqué une "coïncidence", le responsable local du mouvement "Black Lives Matter" a qualifié ce meeting de "vraie gifle" pour la communauté Noire. Devant le scandale suscité en plein essor du mouvement antiraciste aux Etats-Unis, Donald Trump a finalement cédé et reporté son meeting de 24 heures, au samedi 20 juin.

La foule annoncée par le président ne s'est pas déplacée

Lundi, Donald Trump avait assuré dans un tweet que "près d'un million" de personnes s'étaient inscrites afin d'obtenir des billets pour son meeting à Tulsa. Mais la salle qui devait consacrer son retour en fanfare n'était pas pleine, loin s'en faut. Une première brève allocution du président, initialement prévue en dehors de la salle pour les malchanceux qui n'y auraient pas accès, a été annulée à la dernière minute. Et les nombreuses rangées de sièges vides n'ont pas contribué à donner l'image d'un candidat ayant su trouver un deuxième souffle.

Son directeur de campagne, Brad Parscale, a reconnu que les chiffres étaient en deçà des espérances, désignant comme responsables les "manifestants radicaux" et "une semaine de couverture médiatique apocalyptique". Ce qui n'a pas empêché l'opposition de se moquer de ce "raté", selon le Guardian (en anglais)"L'empereur n'a pas de foule", a ainsi raillé un ancien conseiller de Barack Obama, cité par le quotidien britannique.

Les militants antiracistes étaient également moins nombreux qu'escompté. Criant des slogans contre Donald Trump et le racisme, environ 1 000 militants ont défilé vers la salle du meeting, protégée par un imposant dispositif policier.

Des utilisateurs de TikTok affirment avoir saboté le rassemblement

Des internautes ont donné une autre raison pour expliquer le public clairsemé qui a assisté au meeting du dirigeant républicain. Selon le New York Times (en anglais), des centaines d'adolescents et de fans de K-Pop (un genre de musique sud-coréenne) affirment avoir saboté l'événement. En effet, un message appelant à s'inscrire pour le rassemblement mais à ne pas s'y rendre a été largement repris et partagé sur le réseau social TikTok, au cours de la semaine. L'objectif était d'empêcher les partisans de Donald Trump d'assister au meeting, en réservant un maximum de billets. 

Au moins 17 000 personnes auraient suivi la consigne, affirme l'auteure d'une des vidéos devenues virales sur TikTok, citée par le New York Times. Le quotidien américain précise que l'initiative a également été reprise sur d'autres réseaux sociaux, comme Instagram et Twitter. Il est toutefois difficile d'évaluer l'incidence de cette opération sur le nombre moins important que prévu de participants au meeting.

Le républicain s'en est pris à Joe Biden

Donald Trump s'en est pris avec virulence à son adversaire démocrate Joe Biden, qualifié de "marionnette" à la fois de "la gauche radicale" et de la Chine. Il a également présenté son rival comme un politicien n'ayant "jamais rien fait" en un demi-siècle de carrière à Washington. Tentant de retrouver le ton des meetings qui ont un joué un rôle central dans sa victoire-surprise de 2016, le président de 74 ans a assuré qu'il était en pleine forme physique, contrairement à son adversaire démocrate de 77 ans.

"S'il y a un problème, je vous le dirai", a-t-il lancé, revenant longuement sur une cérémonie à la prestigieuse académie militaire de West Point, au cours de laquelle il avait semblé donner des signes de fatigue. "Il y a quelque chose qui ne va pas concernant [Joe] Biden, ça je peux vous le dire", a-t-il ajouté. Malgré sa campagne mise en sourdine par le confinement, l'ancien vice-président de Barack Obama a récemment pris le large dans les sondages devant Donald Trump.

Il a défendu son bilan sur la crise du coronavirus

Devant une salle où peu de ses partisans portaient des masques de protection, Donald Trump a vigoureusement défendu ses décisions face au Covid-19, qu'il a de nouveau qualifié de "virus chinois". "J'ai sauvé des centaines de milliers de vies, mais personne ne salue jamais notre travail", a-t-il lancé. Selon son équipe de campagne, la température de tous les membres du public a été prise à l'entrée et masques et gel désinfectant ont été systématiquement proposés.

Le président a par ailleurs estimé que les tests étaient "une arme à double tranchant" : "Quand on fait ce volume de dépistage, on trouve plus de gens, on trouve plus de cas". Avant d'ajouter, sur un ton semble-t-il ironique : "Alors j'ai dit : 'Ralentissez le dépistage'". "Il plaisantait évidemment, pour dénoncer la couverture médiatique absurde", a ensuite indiqué à l'AFP un responsable de la Maison Blanche, sous couvert d'anonymat.

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