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Assaut du Capitole : trois chiffres qui résument "la plus grande enquête criminelle de l'histoire américaine" menée par le FBI

Après un an d'enquête, la justice américaine a déjà inculpé plus de 700 personnes et condamné plus de 70 individus, mais des centaines d'autres sont encore recherchés.

Article rédigé par Marie-Violette Bernard
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Des partisans de Donald Trump prennent d'assaut le Capitole, à Washington (Etats-Unis), le 6 janvier 2021. (ALEX EDELMAN / AFP)

"Nous suivrons les faits, où qu'ils mènent." Le ministre américain de la Justice a promis, mercredi 5 janvier, que l'administration Biden poursuivrait tous les individus mis en cause dans l'assaut sur le Capitole, qui a causé la mort de cinq personnes, un an plus tôt. Son ministère "s'engage à faire rendre des comptes devant la justice à tous les assaillants du 6 janvier, quel que soit leur statut, qu'ils aient été présents ce jour-là ou qu'ils soient responsables pénalement pour l'attaque contre notre démocratie", a insisté Merrick Garland.

Alors qu'une enquête parlementaire tente d'établir les éventuelles fautes commises par Donald Trump et ses proches, le ministère de la Justice (Department of Justice ou DOJ, en anglais) supervise une investigation fédérale d'une ampleur sans précédent dans l'histoire américaine. Un an après l'assaut, franceinfo revient sur cette enquête, en trois chiffres marquants.

Encore 350 personnes recherchées par le FBI

Le FBI estime qu'au moins 2 000 militants pro-Trump sont impliqués dans l'assaut du Capitole, qui visait à empêcher la certification par le Congrès de la victoire de Joe Biden à l'élection présidentielle. "En réponse à l'attaque, le ministère de la Justice a lancé ce qui est devenu la plus grande enquête criminelle de l'histoire américaine, qui implique des centaines d'enquêteurs fédéraux et de procureurs à travers le pays", rappelle la radio publique NPR*.

Durant les dix premières semaines de l'investigation, les autorités ont ainsi émis "près de 1 000 commissions rogatoires (…) et 350 à 400 mandats d'arrêt", a listé un ancien procureur dans un entretien à CBS*. Mais le FBI recherche encore 350 personnes impliquées dans l'assaut et qui n'ont toujours pas été identifiées, selon la chaîne ABC*. Plus de 250 d'entre elles sont soupçonnées de violences envers les forces de l'ordre.

Au moins 725 mises en examen

En un an, le parquet fédéral a déjà inculpé 725 individus pour leur participation aux violences, selon le ministère de la Justice. L'immense majorité (87%) sont des hommes, précise le Project on Extremism de l'université George Washington*. La plupart viennent de Floride, de Pennsylvanie et du Texas, et ont été identifiés grâce à leurs comptes sur les réseaux sociaux.

Leurs profils sont variés. On trouve parmi eux aussi bien des partisans de Donald Trump que "des militants d'extrême droite aguerris et des conspirationnistes convaincus", détaille LCI. Près d'une centaine d'entre eux sont ainsi liés à des groupes extrémistes, comme les Proud Boys ou la mouvance conspirationniste QAnon, ajoute la chaîne CBS*. Ils sont en outre 12% à être passés par l'armée.

Environ 640 mis en cause sont poursuivis pour être entrés sans autorisation sur un site ou dans un bâtiment fédéral, un délit passible d'un an d'emprisonnement et de 100 000 dollars d'amende, rapporte CBS. Quelque 225 autres sont mis en examen pour avoir attaqué ou résisté à la police (qui a dénombré 138 agents blessés dans l'assaut), dont certains avec une "arme dangereuse ou mortelle".

Des militants affrontent la police à l'entrée du Capitole, à Washington (Etats-Unis), le 6 janvier 2021. (ROBERTO SCHMIDT / AFP)

Parmi les autres chefs d'accusations retenus : le vol ou la destruction de biens du gouvernement, l'attaque et la destruction de matériel de journalistes ou encore l'entrave au bon fonctionnement de l'Etat. Ce dernier crime, qui peut être puni de 20 ans de prison, cible les militants qui ont tenté d'empêcher le vote de certification de la victoire de Joe Biden à l'élection présidentielle.

Le DOJ a également précisé que 54 militants étaient poursuivis pour "association de malfaiteurs". Ce chef d'accusation, le plus grave jusqu'ici, implique que l'assaut a été planifié en amont. Le parquet n'a en revanche procédé à aucune mise en examen pour "sédition" ou "insurrection", crimes plus graves mais aussi plus difficiles à prouver.

Plus de 70 condamnations (et de nombreux procès à venir)

La justice a jusqu'à présent prononcé 74 condamnations contre des personnes ayant participé à l'attaque, dont près de la moitié ont écopé de peines de prison, selon un décompte de NPR. Parmi ceux-ci, on trouve des visages tristement célèbres de l'assaut, comme "le chaman de QAnon", Jacob Chansley. Ce militant trumpiste de 34 ans, photographié avec sa coiffe aux cornes de bison dans les couloirs du Congrès, a écopé de 51 mois de prison pour avoir entravé le vote du Congrès.

Des militants pro-Trump, dont Jacob Chansley (au centre), durant l'attaque du Capitole à Washington (Etats-Unis), le 6 janvier 2021. (SAUL LOEB / AFP)

A ce stade, la sentence la plus lourde a été prononcée mi-décembre à l'encontre de Robert Scott Palmer*. Cet homme originaire de Floride a été condamné à plus de 5 ans d'emprisonnement pour avoir attaqué des policiers avec un extincteur et une planche en bois.

Au total, 172 mis en cause ont signé des accords de plaider-coupable, qui permettent d'éviter un procès, selon les statistiques du Project on Extremism. Ces accords concernent en majorité des délits mineurs (comme la participation à une "manifestation non autorisée"), rapporte CBS.

La plupart des procès découlant de cette enquête doivent se tenir en 2022, souligne CNN*. Celui de Richard Barnett* aura lieu en février. Le sexagénaire, poursuivi pour sept chefs d'accusation, avait été photographié avec les pieds sur le bureau de la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi. "S'ils sont jugés coupables, la plupart des individus poursuivis pour des crimes risquent l'emprisonnement", rappelle la chaîne américaine.

Richard Barnett pose avec les pieds sur le bureau de Nancy Pelosi pendant l'assaut du Capitole, à Washington (Etats-Unis), le 6 janvier 2021. (SAUL LOEB / AFP)

* Les liens suivis d'un astérisque renvoient vers des contenus en anglais.

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