Présidentielle américaine : qui sont les Proud Boys, le groupe d'extrême droite cité par Trump lors du débat ?
Lors du débat contre Joe Biden, Donald Trump a appelé mardi soir les Proud Boys, un groupuscule nationaliste, à "reculer" et à se "tenir prêts". Un message qui a choqué aux Etats-Unis.
"Monsieur le président, nous sommes prêts." Les Proud Boys ont reçu cinq sur cinq le message envoyé mardi 29 septembre par Donald Trump, qui leur a demandé, lors du premier débat de la présidentielle américaine, de "reculer et de se tenir prêts". L'épisode a mis sur le devant de la scène ce groupe paramilitaire d'extrême droite, même si le président américain a depuis tenté d'éteindre la polémique en appelant l'organisation à "laisser la police faire son travail", allant jusqu'à affirmer ne pas savoir "qui sont les Proud Boys". Franceinfo vous explique qui sont ces "Fiers garçons".
Une fraternité fondée en 2016
Le groupe a été créé en 2016 par Gavin McInnes, l'un des cofondateurs, dans les années 1990, du magazine Vice (qu'il a quitté en 2008). Selon le Southern Poverty Law Center (SPLC), une organisation spécialisée dans la surveillance des groupes extrémistes, ses membres, exclusivement masculins, se définissent comme des "chauvinistes occidentaux", engagés contre le "politiquement correct" et "la culpabilité blanche".
Toujours selon le SPLC, il existe quatre degrés d'implication dans le groupe. Pour intégrer le premier cercle, il suffit de déclarer : "je suis un chauviniste occidental et je refuse de m'excuser d'avoir créé le monde moderne". Pour passer un palier, il faut subir un passage à tabac et renoncer à la masturbation. Les membres du troisième degré sont ceux qui se sont fait tatouer le nom du groupe. Le quatrième grade est réservé aux Proud Boys qui se sont battus physiquement pour le groupe. Selon le New York Times, l'organisation compte entre 1 000 et 3 000 membres aux Etats-Unis.
Autre signe distinctif, leur polo Fred Perry noir à bandes jaunes. Ce vêtement est tellement associé à leur groupe que la marque a décidé, courant septembre, de réagir officiellement. "Nous avons décidé d'arrêter de vendre ce modèle aux Etats-Unis depuis 2019 et nous ne le vendrons plus là-bas ni au Canada tant que cette association avec les Proud Boys ne sera pas terminée", écrit l'entreprise, en condamnant l'idéologie du groupe.
Une organisation misogyne et raciste
Officiellement, les Proud Boys se défendent de toute connexion avec l'extrême droite. Une position "démentie par leurs actions", estime le SPLC, en relevant que ses membres relaient régulièrement des "mèmes suprémacistes" sur les réseaux sociaux, tiennent des propos misogynes ou islamophobes et entretiennent des liens avec des extrémistes reconnus. Ils ont par exemple participé en 2017 à la marche "Unissons la droite" à Charlottesville, aux côtés du Ku Klux Klan et d'autres organisations suprémacistes.
Figure du groupe malgré son départ officiel en 2018, Gavin McInnes n'a jamais caché sa misogynie ni son racisme, comme le montre la compilation de ses déclarations sur le site du SPLC. "Peut-être que la raison pour laquelle je suis sexiste, c'est que les femmes sont bêtes. Non, je plaisante, les filles. Mais vous avez tendance à ne pas briller dans certaines choses, comme l'écriture", avait-il lancé en 2017 dans son émission sur internet. "Je ne suis pas un grand fan de l'islam. Je pense qu'il est juste de me qualifier d'islamophobe", avait-il déclaré la même année sur la chaîne NBC. Trois ans plus tôt, il avait estimé que les mouvements antiracistes et la discrimination positive faisaient "bien plus de mal à la jeunesse noire que le Ku Klux Klan".
Un groupe impliqué dans des incidents violents
Interrogé par le New York Times au lendemain du débat présidentiel, Gavin McInnes assure que les Proud Boys ne forment pas "une sorte d'armée secrète" qui attendrait les ordres du président. Mais si les débordements en marge des manifestations antiracistes continuent, "les Américains ordinaires vont finir par dire : 'nous en avons marre que vous brûliez nos villes' et ils vont commencer à riposter", prévient-il.
Ces déclarations masquent mal les actions violentes déjà menées par le groupe. "Je ne peux que recommander la violence. C'est une manière très efficace de régler un problème", avait d'ailleurs déclaré Gavin McInnes en 2017, selon le SPLC. En octobre 2018, cinq membres de l'organisation ont été arrêtés à New York pour leur participation à une violente bagarre avec des manifestants antifascistes, comme le raconte la chaîne américaine CBS. L'incident avait entraîné le bannissement des pages du groupe sur Facebook et Instagram. Les Proud Boys comptent même une branche paramilitaire, le Fraternal Order of Alt-Knights, qui se présente comme une organisation de défense des militants d'extrême droite dans les manifestations.
Ces derniers mois, le groupe a vivement critiqué les manifestations antiracistes déclenchées par la mort de George Floyd, s'en prenant, comme le président, aux "antifa", jugés responsables des débordements. Selon le New York Times, certains membres des Proud Boys ont affiché leur soutien à Kyle Rittenhouse, l'adolescent qui a abattu deux manifestants à Kenosha, lors des rassemblements, via des t-shirts "Rittenhouse n'a rien fait de mal". Ils se sont également rassemblés, avec leurs armes, le 26 septembre dans les rues de Portland, épicentre des manifestations antiracistes, pour soutenir Donald Trump, défendre la police et prôner l'ordre.
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