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Affaire Jeffrey Epstein : que sait-on des accusations d'agressions sexuelles contre le prince Andrew, visé par une plainte de Virginia Giuffre ?

Dans sa plainte, l'Américaine affirme à nouveau avoir été forcée à trois reprises à des relations sexuelles avec le fils de la reine Elizabeth.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le prince Andrew, duc d'York, lors d'une de ses dernières apparitions officielles en tant que représentant de la couronne du Royaume-Uni, lors d'une commémoration à Bruges (Belgique), le 7 septembre 2019. (JOHN THYS / AFP)

L'affaire embarrassait déjà la couronne britannique, elle pourrait devenir encore plus brûlante. Virginia Giuffre, qui accuse le prince Andrew de l'avoir agressée sexuellement à trois reprises alors qu'elle était mineure et victime de trafic sexuel de la part de l'homme d'affaires Jeffrey Epstein, a annoncé lundi 9 août porter plainte contre le fils de la reine Elizabeth II. La plainte pour "abus sexuels" a été déposée à New York.

Le duc d'York était sorti de son silence en 2019 pour reconnaître ses liens avec Jeffrey Epstein et niait avoir rencontré son accusatrice. Il s'était tout de même mis en retrait des engagements de la famille royale britannique. Franceinfo vous résume ce que l'on sait de cette affaire.

Quelles sont les accusations portées contre le prince Andrew ?

Les faits dont il est accusé ont été mentionnés pour la première fois en 2014, dans une motion déposée en Floride par les avocats de Virginia Giuffre (née sous le nom de Roberts avant de prendre celui de son mari), dans le cadre de l'affaire Jeffrey Epstein. La jeune femme, alors anonyme, y accuse notamment le financier américain d'esclavage sexuel entre 1999 (elle avait alors 15 ans) et 2002, rapportait alors le New York Times (en anglais). Elle affirme avoir été forcée à des relations sexuelles avec le prince Andrew à trois reprises, à Londres, New York et sur une île des Iles Vierges américaines appartenant à Jeffrey Epstein.

Le troisième fils de la reine Elizabeth entretenait une amitié connue avec ce dernier. Il apparaît par ailleurs sur une photo en compagnie de Virginia Giuffre, qu'il enlace par la taille, et de Ghislaine Maxwell, accusée d'avoir tenu un rôle central dans le trafic de jeunes femmes mineures au profit de Jeffrey Epstein. Virginia Giuffre affirme que cette photo a été prise au domicile londonien de Ghislaine Maxwell en 2001, alors qu'elle avait 17 ans, rapporte le Guardian (en anglais).

Dans le cadre d'une procédure contre Ghislaine Maxwell, les avocats de Virginia Giuffre ont également transmis à la justice la déposition d'une autre femme, Joanna Sjoberg. Celle-ci affirme que le prince Andrew a placé sa main sur son sein sans son consentement lors d'une rencontre au domicile new-yorkais de Jeffrey Epstein, détaille le Guardian (en anglais).

Que change la plainte de Virginia Giuffre ?

Elle réitère avoir été la victime du prince Andrew à trois reprises, à Londres, à New York et sur l'île de Jeffrey Epstein. Dans la plainte, les faits commis sont qualifiés d'"abus sexuels", un terme qui en droit américain peut qualifier des actes qui, dans le droit français, relèveraient du viol.

La plaignante a également transmis une déclaration aux médias. "Je tiens le prince Andrew responsable de ce qu'il m'a fait. Les puissants et les riches ne sont pas exempts de rendre des comptes, y écrit-elle. J'espère que d'autres victimes verront qu'il est possible de ne pas vivre dans le silence et la peur".

Jusqu'ici, le prince Andrew avait été mentionné dans le cadre de l'enquête contre Jeffrey Epstein, mais n'avait pas fait l'objet d'une action en justice le visant directement. La plainte a été déposée en vertu d'une loi de l'Etat de New York qui permet aux victimes mineures d'intenter une action pour abus sexuels sans règle de prescription. La fenêtre pour le faire expire dans quelques jours.

Le prince Andrew a-t-il réagi à ces accusations ?

Ni le prince Andrew ni la couronne britannique n'ont réagi, lundi, à l'annonce de la plainte de Virginia Giuffre. Mais le duc d'York a toujours nié les actes qui lui sont reprochés. En 2015, Buckingham Palace avait publié un communiqué pour le défendre, dénonçant les accusations comme "catégoriquement fausses".

Quatre ans plus tard, dans la foulée du suicide de Jeffrey Epstein en prison, le prince Andrew a évoqué pour la première fois publiquement ses liens avec le financier et les accusations pesant contre lui, dans une interview à la BBC. "Je peux catégoriquement, absolument vous dire que ce n'est pas arrivé", a-t-il affirmé au sujet des viols dénoncés par Virginia Giuffre, assurant n'avoir "aucun souvenir d'avoir jamais rencontré cette femme". 

Son attitude durant l'entretien avait été vivement critiquée par de nombreux médias britanniques, s'étonnant de son apparente décontraction, du fait qu'il n'exprime pas de compassion envers les victimes, ou encore de son absence de regrets d'avoir fréquenté Jeffrey Epstein, grâce auquel il affirmait avoir rencontré des personnes "utiles". Face au tollé, le duc d'York avait finalement annoncé quatre jours plus tard son retrait de ses engagements publics en tant que membre de la famille royale jusqu'à nouvel ordre. En 2011, ses liens avec Jeffrey Epstein, condamné trois ans plus tôt dans une première affaire, lui avaient déjà coûté son rôle d'ambassadeur du commerce britannique.

Dans son interview à la BBC, le duc d'York se disait également prêt à coopérer avec l'enquête américaine sur Jeffrey Epstein. Mais en 2020, le procureur alors en charge de la procédure, Geoffrey Berman, l'a accusé d'avoir "complètement fermé la porte à une coopération volontaire". Il a depuis été démis de ses fonctions, et le prince Andrew n'a pour l'instant jamais été convoqué pour témoigner.

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