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Récit Jeffrey Epstein : comment une affaire de pédocriminalité organisée a fini par devenir un scandale international

Article rédigé par Vincent Matalon - Jean-Loup Adénor
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 18min
Le financier américain Jeffrey Epstein (à gauche) accompagné de Donald Trump, alors homme d'affaires à succès, en 1997 lors d'une soirée organisée au club Mar-a-Lago de Palm beach (Floride). (DAVIDOFF STUDIOS PHOTOGRAPHY / ARCHIVE PHOTOS / GETTY IMAGES)

La mort en prison du financier américain accusé de pédo-criminalité, qui fait les gros titres outre-Atlantique, pourrait avoir des répercussions en France. Le parquet de Paris affirme "analyser et recouper" les informations sur ses activités dans le pays.

Mieux valait ne pas croiser la route de William Barr en début de semaine. Lundi 12 août, le ministre américain de la Justice profitait de chaque micro tendu pour dire sa "consternation" et sa "colère". L'objet de l'ire du ministre de Donald Trump ? Le "suicide apparent", dans la nuit du vendredi 9 au samedi 10 août, du financier Jeffrey Epstein au Metropolitan Correctional Center de Manhattan, à New York.

Pourtant supposé être surveillé de près par le personnel pénitentiaire après une première tentative de suicide deux semaines et demi plus tôt, le multimillionnaire de 66 ans a donc réussi à mettre fin à ses jours. Cette mort intervient au lendemain de la publication par la justice américaine d'un document de plus de 2 000 pages, jetant une lumière crue sur un trafic à grande échelle de jeunes filles, parfois âgées de 12 ans, qu'il était accusé de rémunérer en échange de services sexuels. Comment ce riche financier, ami des puissants, a-t-il finalement terminé sa vie derrière les barreaux après avoir esquivé la justice pendant près de quinze ans ? Franceinfo remonte le fil d'un scandale hors-norme.

"Plus loin tu iras, mieux tu seras payée"

Jeffrey Epstein ne sera donc jamais jugé. Pour la seconde fois, il échappe à un procès surmédiatisé, au cours duquel il aurait dû s'expliquer publiquement sur ses agissements et ses éventuels complices. Car le multimillionnaire a déjà eu affaire à la justice, au milieu des années 2000 en Floride. Le 15 mars 2005 à Palm Beach, le témoignage d'une adolescente de 14 ans va ébruiter pour la première fois cette affaire de pédo-criminalité tentaculaire.

L'entrée de la résidence de Palm Beach (Floride) appartenant à Jeffrey Epstein, le 14 mars 2019. (JOE SKIPPER / REUTERS)

Selon le rapport de police (document disponible ici, en anglais), la jeune fille, scolarisée au Royal Palm Beach High School, raconte avoir été invitée par une de ses camarades de classe à "se faire un peu d'argent" en prodiguant des massages à un riche homme d'affaires. C'est dans une luxueuse villa avec domestiques, agents de sécurité et autres assistants, qu'elle rencontre l'homme qui l'a abusée sexuellement, un certain "Jeff". Au cours de ce "massage", le quadragénaire aux cheveux gris se présente nu sous une serviette, détaille l'adolescente aux enquêteurs. Il exige qu'elle se déshabille entièrement avant de commencer à le masser, d'abord le dos, puis le torse. L'homme entreprend alors de se masturber en se livrant à des attouchements sur l'adolescente, allant jusqu'à utiliser des accessoires. Cette première session lui rapporte 200 dollars. "Plus tu iras loin, mieux tu seras payée", lui explique un peu plus tard sa camarade de classe.

Pendant un an, la police de Palm Beach poursuit ses investigations et auditionne de nouvelles victimes présumées. A chaque fois, le mode opératoire décrit est le même : une rabatteuse propose à une adolescente, entre 13 et 18 ans, de gagner un peu d'argent facile en s'improvisant masseuse pour un homme riche. Les filles sont payées en fonction de ce qu'elles acceptent de subir, de la masturbation aux attouchements. L'une des victimes raconte même aux enquêteurs comment, après avoir été violée par Jeffrey Epstein, ce dernier s'est excusé en la payant 1 000 dollars. Epstein propose à certaines de ces jeunes filles d'être payées sans avoir à le masser, à la seule condition de lui ramener de nouvelles adolescentes, les plus jeunes possibles. Ainsi, les victimes deviennent à leur tour actrices du système.

Une victime formée pour devenir "tout ce qu'un homme pouvait vouloir" d'elle

Jeffrey Epstein ne réservait pas ces séances de "massages" à ses seuls séjours en Floride. Le multimillionnaire naviguait entre Palm Beach, Paris, son ranch au Nouveau-Mexique, son île privée située dans les Iles Vierges américaines et sa luxueuse demeure de New York. Située à un saut de puce de Central Park, la bâtisse de près de 2 000 mètres carrés est "l'une des plus grandes propriétés privées de Manhattan", rapporte le New York Times. Escalier en marbre, cinq salles de bain, trois suites privées… L'édifice, estimé à près de 50 millions d'euros, est richement équipé.

Les initiales de Jeffrey Epstein, mises en évidence à l'entrée de sa résidence de Manhattan, à New York, le 15 juillet 2019. (KEVIN HAGEN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Il présente aussi des décorations d'un goût plus surprenant : des visiteurs racontent au quotidien américain avoir remarqué la présence d'un jeu d'échec aux figurines représentant les collaboratrices de Jeffrey Epstein "habillées de manière suggestive", une "poupée grandeur nature suspendue à un chandelier" ou, plus récemment encore, une fresque représentant le propriétaire des lieux en prison, entouré par des surveillants.

C'est notamment dans cette résidence de l'Upper East Side que Virginia Roberts Giuffre, une jeune femme de 30 ans qui affirme avoir rencontré Epstein alors qu'elle était encore adolescente, raconte avoir été transformée en "esclave sexuelle" destinée à satisfaire le multimillionnaire et ses invités. Dans une déposition effectuée en 2015 et citée par The Daily Beast, la principale accusatrice de Jeffrey Epstein explique avoir été "formée" pour devenir "tout ce qu'un homme pouvait vouloir qu'[elle soit]".

Ce n'était pas seulement une formation sexuelle, ils voulaient que je sois capable de répondre à tous les besoins des hommes à qui ils allaient m'envoyer.

Virginia Roberts Giuffre

dans une déposition à la police

Dans un entretien diffusé le 10 juillet par NBC News, une autre femme, Jennifer Araoz, raconte avoir été "vigoureusement violée" par le financier à l'automne 2002. Elle avait alors 15 ans.

Aujourd'hui âgée de 32 ans, elle dit avoir rencontré Jeffrey Epstein à 14 ans par l'intermédiaire d'une jeune femme venue à sa rencontre à la sortie de son lycée, située non loin de la luxueuse demeure new-yorkaise. Comme les autres victimes présumées, elle raconte avoir été régulièrement rémunérée en échange de massages de plus en plus intimes. "Il aimait que je joue avec ses tétons. Ça l'excitait. Et puis il finissait le travail lui-même et c'était terminé", se souvient la jeune femme, qui se persuade alors qu'elle ne "fait rien de vraiment mal".

Jennifer Araoz raconte avoir coupé les ponts avec Jeffrey Epstein et ses "associés" après avoir été violée. "Je me détestais. Je me disais que j'étais une fille stupide, et que j'aurais dû me douter de ce qui allait m'arriver", se remémore la trentenaire, qui explique avoir abandonné l'école – pour éviter de revenir dans le quartier – et subir des crises d'angoisse régulières depuis son agression.

Des victimes privées de procès à cause d'un accord favorable à Epstein

Fin 2006, la police fédérale américaine, avertie par le chef de la police de Palm Beach, ouvre une enquête allant de New York au Mexique en passant par la Floride. Dès 2007, le FBI assemble un dossier de 53 pages qui aurait dû conduire à l'inculpation de Jeffrey Epstein et à "le mettre en prison à vie", estime le Miami Herald. Pourtant, tandis que les enquêtes se closent et que les charges s'accumulent, l'équipe de juristes de Jeffrey Epstein négocie, depuis 2006 et en toute discrétion, un accord surréaliste avec le parquet.

Au centre de cette affaire de deal secret, un homme revenu récemment sur le devant de la scène politique : Alexander Acosta, alors procureur des Etats-Unis dans le district sud de la Floride, qui comprend la ville de Palm Beach. Peu connu de notre côté de l'Atlantique, Acosta a été nommé le 16 février 2017 ministre du Travail par le président Donald Trump. C'est lui qui, de 2006 à 2008, a négocié avec le camp Epstein les termes du deal qui tirera le financier d'affaire.

Selon cet accord, en échange d'une simple inscription au fichier des délinquants sexuels, Jeffrey Epstein obtient une peine allégée et des conditions de détention très favorables. Sont également prévus la confidentialité totale de la nature exacte des crimes commis par Jeffrey Epstein et, détail bien plus curieux, le secret sur "tous les éventuels complices" identifiés ou non du millionnaire, révèle le Miami Herald.

Une autre question pose problème dans l'accord rédigé main dans la main par Alexander Acosta et les juristes du multimillionnaire, menés par Alan Dershowitz et Jay Lefkowitz : la notification aux victimes. Dans des échanges rendus publics et consultés par le Miami Herald, ce dernier remercie le procureur pour "l'engagement qu'il a pris" et réitère sa demande : "Vous m'avez assuré que vos services ne contacteraient aucune des victimes identifiées, des témoins potentiels ou d'autres hypothétiques plaignants ni leurs conseils juridiques concernant cette affaire." De quoi provoquer la colère des victimes présumées, qui n'ont pu assister ni s'exprimer lors de l'audience, le 30 juin 2008.

Cet accord leur a permis de faire taire ma voix et celles de toutes les victimes de Jeffrey Epstein.

Courtney Wild, victime présumée de Jeffrey Epstein

au "Miami Herald"

Plaidant coupable pour recours à la prostitution et recours à la prostitution avec une personne mineure, Jeffrey Epstein est finalement condamné à 18 mois de détention dans une aile spécialement aménagée de la prison du comté de Palm Beach, et non une prison fédérale comme c'est habituellement le cas dans ce type d'affaires.

Jeffrey Epstein sera libéré en juillet 2009, soit cinq mois avant le terme de sa peine. Le financier revient sur le devant de la scène judiciaire six ans plus tard, en janvier 2015, lorsque Virginia Roberts Giuffre relance l'affaire en déposant plainte contre lui. Elle explique que Jeffrey Epstein l'a forcée, au début des années 2000, à avoir des relations sexuelles avec des personnalités de premier plan : le prince Andrew, deuxième fils de la reine d'Angleterre, ou encore son propre avocat, Alan Dershowitz.

Elle affirme avoir été recrutée – alors qu'elle était encore mineure et qu'elle travaillait au club de golf VIP de Donald Trump à Mar-a-Lago – par une certaine Ghislaine Maxwell, décrite comme la plus ancienne compagne et partenaire de vie du financier. De nombreuses plaintes suivent celle de Virginia Roberts Giuffre, accusant Epstein et Maxwell d'avoir géré un réseau international de trafic sexuel impliquant des mineures. Quatre ans plus tard, et après de nombreuses procédures judiciaires, Jeffrey Epstein est arrêté le 6 juillet 2019 alors qu'il revient de Paris. Il est accusé de trafic sexuel et d'association de malfaiteurs, mis en examen et écroué.

Des secrets embarrassants sur ses puissants amis

Six jours plus tard, Alexander Acosta démissionne de son poste de ministre du Travail, fragilisé par les interrogations sur le deal conclu avec Epstein dix ans plus tôt. La presse et le Congrès s'interrogent : Jeffrey Epstein a-t-il bénéficié de ses connexions pour alléger autant que possible sa peine en 2008 ? L'accord passé avait-il pour objectif de couvrir des personnalités de premier plan, fréquentées durant de nombreuses années ?

>> Affaire Jeffrey Epstein : pourquoi Donald Trump, Bill Clinton et le prince Andrew d'Angleterre sont-ils impliqués ?

Car l'odeur de soufre qui flotte autour de l'affaire Epstein est surtout liée aux connaissances haut placées du sexagénaire, parmi lesquelles on retrouve les présidents américains Donald Trump et Bill Clinton. Autant de noms qui alimentent les spéculations, certains étant convaincus que le sexagénaire a pu bénéficier de la complicité des puissants de ce monde, ceux-ci étant soulagés de voir le financier emporter ses secrets dans sa tombe.

Le magnat de l'immobilier américain Donald Trump et sa future femme, Melania Knauss, en compagnie de Jeffrey Epstein et de son ex-compagne Ghislaine Maxwell, le 12 février 2000 au club privé Mar-a-Lago à Palm Beach, en Floride (Etats-Unis). (DAVIDOFF STUDIOS PHOTOGRAPHY / ARCHIVE PHOTOS / GETTY IMAGES)

James B. Stewart, chroniqueur au New York Times, n'est pas loin de penser la même chose. Lors de sa première et dernière rencontre avec Jeffrey Epstein dans sa demeure de Manhattan, en août 2018, le financier lui aurait confié connaître des détails potentiellement embarrassants au sujet de certains de ses amis, "y compris sur leurs prétendues tendances sexuelles et leur consommation de drogues".

Qu'en est-il vraiment ? Donald Trump et Jeffrey Epstein se sont en effet rencontrés au début des années 1990, alors qu'ils étaient tous deux voisins à Palm Beach. Plusieurs documents témoignent de leur proximité de l'époque. Une vidéo, filmée par NBC en 1992, montre ainsi Jeffrey Epstein plaisanter avec le futur président américain lors d'une soirée organisée au club Mar-a-Lago, propriété de Donald Trump.

Dans un portrait consacré au financier réalisé par le New York Magazine en 2002, Donald Trump loue également les qualités de son ami, qu'il qualifie de "gars génial".

Cela fait quinze ans que je le connais Jeff. [...] On s'amuse bien avec lui. La rumeur dit même qu'il aime autant les femmes que moi, et que beaucoup d'entre elles sont plutôt jeunes.

Donald Trump à propos de Jeffrey Epstein, en 2002

au "New York Magazine"

Le ton du président américain, lui-même accusé d'agressions sexuelles, a depuis bien changé à l'égard de son voisin. Interrogé récemment sur ses liens avec le prédateur sexuel présumé, Donald Trump a assuré, face à la presse, qu'il connaissait Jeffrey Epstein "comme tout le monde à Palm Beach". "J'ai eu une dispute avec lui, je ne lui ai pas parlé depuis quinze ans. Je n'étais pas un grand fan de lui, je peux vous l'assurer", a-t-il avancé.

Jeffrey Epstein nouait également des relations privilégiées avec Bill Clinton, notamment après son départ de la Maison Blanche, en 2001. Outre des dons à la fondation créée par l'ancien chef d'Etat, le financier aurait également fait bénéficier Bill Clinton de voyages à bord de son Boeing 727 privé. Des vols qui "comprenaient des escales en lien avec le travail de la Fondation Clinton", assure un porte-parole. Le site Gawker évoquent d'autres voyages, de nature privée.

Bien qu'elle assure n'avoir jamais été abusée par Bill Clinton, Virginia Roberts Giuffre, principale accusatrice de Jeffrey Epstein, a affirmé dans une déposition que l'ancien président s'était rendu sur l'île privée du magnat située au cœur des Iles vierges. Une visite démentie par le porte-parole de l'ex-chef d'Etat dans un communiqué, dans lequel il assure ne "rien savoir des terribles crimes" reprochés au financier, auquel il n'aurait plus parlé depuis "plus de dix ans".

Jusqu'aux années 2010, Jeffrey Epstein comptait également parmi ses fréquentations le prince Andrew, deuxième fils de la reine d'Angleterre, que Virginia Roberts Giuffre accuse de viol au début des années 2000.

Le prince Andrew en compagnie de Virginia Roberts Giuffre, alors âgée de 17 ans, et de Ghislaine Maxwell, compagne de longue date de Jeffrey Epstein, dans la maison de celle-ci, le 13 mars 2001. (REX / SIPA)

D'après le Guardian, les deux hommes étaient notamment partis en vacances ensemble à Saint-Tropez et en Thaïlande. D'après le témoignage de Virginia Roberts Giuffre, cité par le Guardian, les agressions sexuelles auraient eu lieu à New York, à Londres et sur l'île privée de Jeffrey Epstein. Des accusations qui ont poussé le palais de Buckingham à nier "catégoriquement" des allégations "fausses et sans fondement". Un ton "inhabituellement vigoureux", analyse le quotidien britannique.

Des rebondissements en France ?

La justice française se penche désormais sur l'affaire. Juste avant d'être arrêté par les autorités américaines, le sexagénaire a en effet séjourné pendant plusieurs semaines en France. Lors de ses nombreuses et régulières escapades en Europe, le multimillionnaire logeait dans son appartement situé à deux pas de l'arc de Triomphe, au 22, avenue Foch, rapporte Paris Match.

L'immeuble dans lequel Jeffrey Epstein possède un appartement, le 12 août 2019 dans le 16e arrondissement de Paris. (JACQUES DEMARTHON / AFP)

Un ancien ouvrier qui a travaillé dans l'appartement raconte à Libération y avoir vu "un couloir avec plusieurs photos de jeunes femmes nues", comme dans ses autres résidences, tandis qu'une ex-employée contactée par le quotidien français se souvient aussi d'avoir aperçu "plusieurs jeunes femmes qui venaient dans l'appartement".

Jeffrey Epstein pourrait également avoir bénéficié de complices français. Outre sa partenaire Ghislaine Maxwell, qui possède les nationalités britannique, américaine et française, le millionnaire a longuement fréquenté Jean-Luc Brunel, dirigeant français d'une agence de mannequins "soupçonné d'avoir été l'un des pourvoyeurs principal du réseau", écrit Libération.

Un procès Epstein se tiendra-t-il un jour en France ? Contacté par franceinfo, le parquet de Paris affirme que "les éléments transmis au parquet de Paris sont en cours d'analyse et de recoupement". "Les premières vérifications sont actuellement en cours afin de déterminer si une enquête doit être ouverte sur le territoire français", ajoute le parquet. 

La mort du financier n'a en tout cas pas clos le dossier aux Etats-Unis, rapporte NBC News : mercredi 14 août, Jennifer Araoz, qui avait accusé Jeffrey Epstein de viol, a déposé plainte à l'encontre de l'ex-partenaire du financier, Ghislaine Maxwell, et de trois autres femmes ayant travaillé pour le millionnaire dont les noms n'ont pas été révélés.

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