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Trois questions sur le référendum d'indépendance au Kurdistan irakien

Près de 5 millions de Kurdes doivent se prononcer, lundi 25 septembre, sur leur indépendance vis-à-vis de l'Irak. Bagdad s’y oppose et appelle à des représailles.

Article rédigé par franceinfo
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L'indépendance du Kurdistan s'affiche sur les murs de la capitale de la province, Erbil. (ALAA AL-MARJANI / REUTERS)

Ils défient Bagdad. Plus de 5 millions d'habitants du Kurdistan irakien sont appelés à se prononcer sur leur indépendance, lundi 25 septembre. Ils doivent décider de leur sort au cours de ce référendum historique qui pourrait ouvrir la voie à un Etat, pour lequel ils luttent depuis plusieurs siècles. Mais la route est encore longue, car l'Irak et la communauté internationale s'opposent à ce scrutin.

Qui est concerné ?

Quelque 5,3 millions de personnes sont appelées aux urnes, soit 15 à 20% de la population d'Irak. Au total, 12 072 bureaux de vote ont été répartis non seulement dans la région autonome du Kurdistan, mais aussi dans des territoires disputés avec le gouvernement irakien, notamment la région pétrolière de Kirkouk.

Dans le nord du pays, le Kurdistan irakien est une entité politique autonome de fait depuis la guerre du Golfe de 1991, puis reconnue par la constitution d'Irak de 2005, après la chute de Saddam Hussein. Elle comprend les provinces d'Erbil, Souleimaniyeh et Dohouk.

La région peut émettre des visas et accueille des consulats étrangers dans sa capitale, Erbil, rendant possibles des relations diplomatiques avec d'autres pays. L'exercice du pouvoir, lui, est aux mains du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) et de l’Union patriotique du Kurdistan (UPK), deux factions politico-militaires issues de la guérilla contre le régime de Saddam Hussein.

Pourquoi les Kurdes sont-ils appelés à voter ?

La tenue du vote a été annoncée en juin 2017 par Massoud Barzani, le président du gouvernement régional du Kurdistan irakien. Le référendum est présenté comme un moyen de mettre fin aux dissensions entre factions kurdes et de renforcer la légitimité du Kurdistan dans les négociations avec Bagdad.

La question posée aux électeurs est simple : "Voulez-vous que le Kurdistan et les territoires disputés deviennent un Etat indépendant ?"

Au final, le "oui" devrait l'emporter. Mais une partie des Kurdes ne sont pas favorables à ce référendum. Le mouvement d'opposition Gorran a notamment plaidé pour un report du vote, rappelant les difficultés que traverse déjà le pays : une crise économique et sociale due à la chute des cours du pétrole et à la division des territoires. Sans oublier que des fonctionnaires kurdes ne sont plus payés, l'Irak ne reversant plus les revenus qu'il doit au pays, explique le journaliste Olivier Piot dans L'Express.

Quelles pourraient être les conséquences ?

Le président Massoud Barzani a déjà prévenu que le vote n'entraînerait pas l'annonce immédiate de l'indépendance : "Le référendum n'est pas là pour dessiner les frontières du Kurdistan. Il n'est pas là pour imposer notre volonté sur une quelconque région. Après le référendum, nous nous tenons prêts à commencer un long processus de dialogue avec Bagdad."

Pourtant, en organisant ce scrutin, le Kurdistan semble se fermer beaucoup de portes diplomatiques. D'abord avec Bagdad. "Prendre une décision unilatérale affectant l'unité de l'Irak et sa sécurité ainsi que la sécurité de la région (...) est contre la Constitution et la paix civile", a affirmé le Premier ministre irakien.

Comme mesure de rétorsion, Bagdad a demandé à tous les pays qui échangent avec le Kurdistan de cesser toute transaction pétrolière. Source majeure de revenus pour cette province, l'acheminement du pétrole dépend essentiellement de la Turquie. Chaque jour, le Kurdistan produit 600 000 barils, dont la majorité est exportée via Ceyhan, dans le sud-est de la Turquie. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a menacé de stopper toute exportation de pétrole par son pays.

L'Iran, comme la Turquie, a intensifié ses exercices militaires aux frontières avec le Kurdistan. Le pays menace aussi de fermer sa frontière et de mettre un terme à tous les accords de sécurité avec la région autonome si elle proclamait son indépendance. Le président iranien, Hassan Rohani, s'est entretenu par téléphone dimanche soir avec Haider Al-Abadi, le Premier ministre irakien, et lui a affirmé son soutien.

Washington a aussi menacé de cesser tout soutien politique et militaire en cas de proclamation d'indépendance, tandis que Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, a dénoncé "une initiative inopportune"Quant à l'ONU, elle a incité Erbil à abandonner son initiative en échange de son aide pour mener, dans les trois prochaines années, des négociations fructueuses avec Bagdad.

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