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Attentat d'Ankara : quelles sont les différentes pistes évoquées ?

L'explosion de deux bombes samedi 10 octobre au matin au milieu d'une manifestation pacifique pro-kurde à Ankara a fait au moins 97 morts et plus de 500 blessés. C'est l'attentat le plus meurtrier de l'histoire de la Turquie.

Article rédigé par franceinfo
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Une femme en deuil attend près de la morgue après l'attentat qui a fait une centaine de morts dans une manifestation de l'opposition kurde samedi 10 octobre à Ankara. (OZAN KOSE / AFP)

A trois semaines des élections législatives anticipées en Turquie, un double attentat a fait officiellement 97 morts et 507 blessés à Ankara samedi 10 octobre. Les bombes ont éclaté alors que des milliers de manifestants participaient à un rassemblement pour la paix, organisé par l'opposition prokurde et plusieurs partis de gauche. Il s'agit de l'attentat le plus sanglant de l'histoire de la Turquie. Quelles sont les différentes pistes envisagées ? 

Les enquêteurs turcs privilégient la piste jihadiste

Le Premier ministre islamo-conservateur Ahmet Davutoglu a  a immédiatement pointé du doigt samedi le groupe Etat islamique (EI) parmi les coupables possibles. Dans les faits, les enquêteurs turcs privilégient pour l'instant la piste jihadiste, selon les services de sécurité turcs. En clair, le groupe Etat islamique ou ses sympathisants turcs.  Dimanche, la police turque a interpellé 43 membres présumés du groupe Etat islamique dans plusieurs villes du pays, selon l'agence de presse Dogan.

Selon les quotidiens Hürriyet et Habertürk, un des deux kamikazes de samedi pourrait être le frère de celui qui a perpétré l'attentat de Suruç en juillet dernier. Le 20 juillet dernier, cette attaque, très proche dans la forme de celle d'Ankara, avait tué 33 militants de la cause kurde dans cette ville proche de la frontière syrienne. Les autorités turques l'avaient alors attribuée au groupe Etat islamique, comme l'explique ce reportage de Soir 3.


L'attentat de Suruç, en Turquie, marque du groupe Etat islamique ?

Ankara accuse également le PKK

Le Premier ministre Ahmet Davutoglu a également pointé samedi la responsabilité possible du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK),  Dimanche encore, la presse favorable au président Erdogan a mis en cause dans cet attentat les rebelles kurdes, dont l'armée turque bombarde massivement  les bases arrières dans le nord de l'Irak.

Selon le journaliste de France 2 Alban Mikoczy, cette théorie paraît d'autant moins crédible que les victimes de samedi sont pour la majorité des opposants au régime turc. Il s'agit de jeunes prokurdes qui avaient répondu favorablement à l'appel au rassemblement pacifique du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde).


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L'opposition kurde voit "une manipulation" d'Erdogan

Les opposants turcs, eux, voient dans l'attaque de samedi une "éventuelle manipulation du président Erdogan à trois semaines des élections législatives qui doivent être organisées le 1er novembre prochain", rappelle France 2.  Le journaliste Alban Mikoczy évoque , par exemple, la piste des radicaux nationalistes turcs, opposés aux Kurdes.  

La presse française pointe d'ailleurs largement du doigt lundi le chef de l'Etat turc estimant qu'il attise les tensions en Turquie à trois semaines de législatives dangereuses qu'il organise après avoir perdu la majorité absolue au Parlement lors des élections de juin.  Le HDP avait en tout cas, dès samedi, souligné les mesures très insuffisantes de sécurité qui avaient été prises lors de la manifestation.

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