La menace terroriste est "sérieuse et il faut la considérer comme telle", assure le procureur national antiterroriste

Jean-François Ricard assure que "la principale menace reste endogène" même s'il note une "résurgence d'une menace exogène". Il mentionne les "environ 500 condamnés" suivis par son parquet national antiterroriste et estime "le risque de récidive tout à fait sérieux".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Jean-François Ricard, procureur national antiterroriste, le 16 avril 2024 sur France Inter. (FRANCE INTER / RADIO FRANCE)

La menace terroriste "est sérieuse et il faut la considérer comme telle", assure mardi 16 avril sur France Inter Jean-François Ricard, procureur national antiterroriste. À près de 100 jours des Jeux de Paris 2024, le magistrat précise qu'il "n'y a pas concrètement de menaces" car les groupes terroristes "ne vont pas dire [qu'ils vont] frapper tel jour, à telle heure et à tel endroit". Mais il appelle à "prendre tout à fait au sérieux" la menace globale qui pèse sur la France, évoquant notamment l'attentat près de Moscou qui a fait 144 morts le 22 mars.

Jean-François Ricard soutient que "la principale menace terroriste aujourd'hui reste la menace endogène, c'est-à-dire [provenant] d'un individu qui se trouve déjà sur notre territoire". Il affirme que depuis la création du parquet national anti-terrorisme (Pnat), "19 attentats" ont pu être évités et tous étaient "issus de cette menace endogène". Il observe cependant "depuis un an et demi environ" la "résurgence d'une menace exogène, c'est-à-dire d'une possibilité d'action projetée", comme cela avait pu être le cas lors des attentats de Novembre-2015.

Le magistrat évoque ainsi la présence d'un "certain nombre d'individus, issus de notre pays, et en liberté dans le nord-ouest syrien". "D'autres se trouvent dans les pays du Maghreb après avoir quitté la zone irako-syrienne et ils peuvent revenir sur le territoire européen, via notamment l'Espagne", avertit le rocureur national antiterroriste. Jean-François Ricardpointe également du doigt la "fameuse menace de l'État islamique au Khorassan", sa branche afghane "qui peut actionner des individus originaires d'Asie centrale (...) ou du nord-Caucase".

Il revient également sur les "environ 500 condamnés" suivis par son parquet national antiterroriste. Il précise qu'un "peu plus de la moitié sont encore en détention et les autres sont en milieu ouvert". Jean-François Ricard juge donc "tout à fait sérieux" le "risque de récidive pour un certain nombre d'entre eux" et considère qu'il s'agit "d'un véritable sujet". Pour assurer ce suivi, une "série de mesures sont mises en œuvre pendant un temps limité" à travers des "obligations, voire des interdictions". Il s'agit, précise le procureur, de "mesures judiciaires ou administratives".

"La menace de type jihadiste reste de très loin la menace principale" en France

Le procureur national antiterroriste assure que la "menace de type jihadiste reste de très loin la menace principale" en France. Mais Jean-François Ricard précise qu'il existe également une "menace d'ultradroite". "Une douzaine de dossiers ont été ouverts, plusieurs condamnations lourdes notamment devant la Cour d'assises, ont été prononcés contre ces individus issus de cette menace qui préparaient des actions violentes sur notre territoire, et c'est aussi une menace sur laquelle nous sommes particulièrement attentifs", ajoute-t-il.

Le magistrat explique par ailleurs les critères nécessaires pour décrire une attaque comme terroriste. Il insiste sur le côté "restrictif" de cette "qualification terroriste" : "On ne peut pas, et on ne doit en aucun cas, retenir une qualification terroriste pour n'importe quelle action violente", note-t-il. Jean-François Ricard confirme donc qu'il "ne suffit pas d'avoir une motivation politique ou religieuse pour que les faits commis puissent être considérés comme terroristes. Il faut la volonté d'adhérer à une entreprise ayant pour finalité de troubler l'ordre public par l'intimidation ou la terreur", ajoute-t-il. Pour le procureur national antiterroriste, "si on commence à vouloir dépasser cette qualification, on peut porter atteinte aux libertés, et c'est particulièrement dangereux", d'où son appel à la vigilance et au "respect strict des exigences juridiques".

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