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Frappes turques en Syrie : les réfugiés syriens à Gaziantep racontent ces regards de Turcs qui leur disent "Rentrez chez vous !"

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan a réitéré son intention d'ordonner, "le moment venu", une offensive terrestre dans le nord syrien, le long de la frontière avec la Turquie. A Gaziantep, les réfugiés syriens s'inquiètent et se sentent pointés du doigt.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le quartier historique de Gaziantep, au sud de la Turquie, où vivent de nombreux réfugiés syriens (ici en août 2022). (OMAR HAJ KADOUR / AFP)

Ils n’ont plus très envie de se confier, les Syriens de Gaziantep. En mode survie, happés eux aussi par la crise économique, en butte à une hostilité de plus en visible, leurs espaces de liberté se réduisent, le renouvellement de leur titre de séjour en Turquie est menacé. A tout cela s'ajoute maintenant le risque d’une offensive terrestre turque de l’autre côté de la frontière, après la série de raids aériens dans le nord-est de la Syrie.

Cette perspective ravive de douloureux souvenirs et fait grandir la défiance à l'égard des réfugiés syriens en Turquie. Ahmet est arrivé d'Alep en 2015. Ce jeune papa est aujourd'hui comptable. Il avoue se faire le plus discret possible. "Leur regard dit : 'Vous devriez être chez vous'. C’est ce qui se passe partout, au travail, dans la vie de tous les jours, dans la rue. D’un regard, ils disent : 'Ça suffit, rentrez chez vous !'" Mais rentrer serait un suicide ajoute-t-il. Selon Mahmoud, une nouvelle guerre ne va pas arranger les choses. "Ce que je redoute avec cette opération terrestre, c’est qu’il y ait des victimes côté turc. Au premier soldat turc tué, on va encore avoir cette même question : pourquoi restez-vous ici alors que notre armée se bat pour vous dans votre pays ?"

"Nous n’avons nulle part où aller"

Dans la poussière de l’usine de marbre où il travaille, dans les faubourgs de Gaziantep, Moncef, lui, souhaite cette intervention turque. "C’est une très bonne chose, cette opération : on sera débarrassés des partis kurdes terroristes dans cette région. Ils vont nettoyer la zone et il n’y aura plus de combats, d’extorsions, d’impôt révolutionnaire. Et le plus important, il n’y aura plus de recrutements forcés." Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), raconte-t-il, a cherché à les enrôler de force son frère et lui mais ils ont réussi à s’enfuir.

Son patron, Mustafa, n’est pas tranquille. "Le problème, c’est la peur dans laquelle nous vivons, l’incertitude du lendemain. Est-ce que demain, ils vont nous garder ? Nous renvoyer ? Accepter nos enfants dans leurs écoles ? Nous ne savons pas. Et puis, que faire ? L’Irak ne va pas nous accueillir, il y a la guerre en Syrie, les autres pays voisins ne veulent pas nous accueillir. Nous n’avons nulle part où aller." Mais surtout, redoute Mustafa, avec de nouveaux combats, de nouvelles victimes de tous côtés,  il y aura encore plus de souffrances. La solution à la crise syrienne sera alors plus compliquée et plus lointaine.

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