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Clef USB jetée dans les toilettes, enregistrement des vidéos... Ce qu'a dit Alexandra de Taddeo aux enquêteurs sur l'affaire Griveaux

L'étudiante de 29 ans a été mise en examen dans l'affaire Griveaux, franceinfo a pu prendre connaissance de ses principales déclarations aux enquêteurs. 

Article rédigé par franceinfo, David Di Giacomo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Alexandra de Taddeo lors de l'émission "Obliques" diffusée sur Fréquence protestante, le 22 juillet 2017. (FREQUENCE PROTESTANTE)

De sa rencontre avec Benjamin Griveaux à la destruction des vidéos... Le service police-justice de franceinfo a pu prendre connaissance des principales déclarations d'Alexandra de Taddeo lors de sa garde à vue dans l'affaire Griveaux. La jeune femme de 29 ans, compagne de l'artiste russe Piotr Pavlenski, a bien reconnu être la destinataire des vidéos à caractère sexuel de l'ex candidat à la mairie de Paris, mais elle rejette toute responsabilité dans leur diffusion. Le couple a été mis en examen notamment pour "atteinte à l'intimité de la vie privée". 

Sur sa rencontre avec Benjamin Griveaux 

Alexandra de Taddeo a expliqué aux enquêteurs avoir contacté Benjamin Griveaux en mai 2018. À l'époque il est encore porte-parole du gouvernement. La jeune femme dit l'avoir approché via son compte Instagram avant d'échanger assez vite en privé des photos et des vidéos intimes. Les messages sont envoyés exclusivement par Instagram et Messenger, selon les déclarations de la jeune femme.

D’après les informations de franceinfo, l’étudiante de 29 ans a assuré devant les policiers qu’il n’y a eu qu’une seule rencontre physique, dans son appartement du 16e arrondissement, en mai 2018. Alexandra de Taddeo et Benjamin Griveaux poursuivent ensuite leurs échanges virtuels pendant quelques mois jusqu'en janvier 2019, lorsqu'elle se met en couple avec Piotr Pavlenski. 

Alexandra de Taddeo assure ne pas être restée en mauvais termes avec Benjamin Griveaux. Elle a affirmé aux enquêteurs qu'elle voyait cela comme un jeu. La jeune femme dit n'avoir gardé aucune animosité envers lui, ni aucun désir de vengeance. Elle a également affirmé n’avoir jamais exercé de chantage à l'encontre de Benjamin Griveaux, qui ne savait pas qu'elle avait conservé ses vidéos, selon elle. 

Sur l'origine et la conservation des vidéos  

Alexandra de Taddeo se souvient avoir enregistré quatre vidéos de Benjamin Griveaux sur une petite dizaine qu'elle a reçue. La jeune femme dit aussi avoir aussi conservé des parties de conversation. Elle a affirmé aux enquêteurs qu'elle avait activé une option sur son téléphone pour enregistrer ces images qui devaient normalement s’autodétruire au bout de trente secondes.

L'étudiante ne fournit pas beaucoup d'explications quant à la conservation de ces vidéos. Si elle les a stockées c’est pour, dit-elle, garder des preuves des sollicitations de Benjamin Griveaux. Elle se dit convaincue qu’il n’hésiterait pas à l’enfoncer si sa femme apprenait leur relation. Alexandra de Taddeo dit qu'elle a voulu se préserver. 

Face à l’ampleur de l’affaire, elle reconnaît avoir supprimé toutes les vidéos avant son interpellation puis avoir reformaté à plusieurs reprises son ordinateur et son téléphone. Selon nos informations, la jeune femme s’est également débarrassée d’une clef USB qui contenait les vidéos dans les toilettes d’un bar. 

Sur la diffusion des vidéos sur internet 

L’étudiante de 29 ans répète qu’elle n’a pas aidé son compagnon à mettre en ligne les vidéos du scandale. Elle suggère qu'il les a récupérées sur son ordinateur. Une version que Piotr Pavlenski va d’ailleurs confirmer à CNN. Alexandra de Taddeo a expliqué qu’elle partageait son ordinateur avec l'activiste russe et qu’il a donc pu accéder aux vidéos. D’après elle, son compagnon souhaitait avec son site ouvrir le débat sur le puritanisme en politique, l’attitude de Griveaux sur les réseaux étant contraire à son personnage public.  

Elle explique avoir aidé son compagnon dans la création du site qui va diffuser les images mais elle dit ne pas savoir beaucoup de choses à ce sujet, car Pavlenski était secret sur ce projet. Alexandra de Taddeo assure que son compagnon ne visait pas seulement Benjamin Griveaux : d'autres hommes politiques devaient se retrouver sur ce site pour des faits similaires. 

Alexandra de Taddeo a répété aux enquêteurs être étrangère à la mise en ligne des vidéos, qu'elle y était opposée et s'est même disputée avec Pavlenski à ce sujet. Mais elle a affirmé avoir ensuite compris et soutenu la démarche de son compagnon.

Sur ses liens avec Piotr Pavlenski 

Durant la garde à vue, un policier lui demande alors si elle a déjà été escort-girl. Non jamais, répond Alexandra de Taddeo car Piotr Pavlenski ne l’accepterait pas, selon elle. La jeune femme a estimé que c’est contraire aux principes de son compagnon, qu'elle a rencontré en novembre 2018. Elle s’était intéressée à son activité dès l’été 2017 et était allée le voir lors d'une conférence à Paris. Elle l’avait ensuite contacté par mail pour faire une interview audio, mais n'a pu le rencontrer qu'après sa sortie de prison (Pavlenski a passé 11 mois en détention après l'incendie d'une succursale de la Banque de France). Quand ils commencent à sortir ensemble, en janvier 2019, elle le met au courant de la relation qu'elle avait entretenue avec Benjamin Griveaux. Mais selon elle, Pavlenski n'a commencé à s'intéresser à lui que quand l'ancien porte-parole du gouvernement a fait acte de candidature à la mairie de Paris.

De son côté, l'activiste russe n’a rien voulu dire lors de sa garde à vue selon nos informations. Il a répondu simplement à toutes les questions posées en précisant qu’il avait besoin d’un avocat. Suite à l'imbroglio autour de la désignation de son avocat, il a refusé d’être défendu par un avocat désigné par le bâtonnier et a fini par demander lui-même à être défendu par Yassine Bouzrou. 

Piotr Pavlenski sera convoqué le 3 mars prochain devant la juge d’instruction, avec à la clef une possible mise en examen dans l’affaire de la bagarre survenue le 31 décembre dernier. Pour ces faits, le parquet avait requis son placement en détention provisoire. 

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