Syrie : "Dans les quartiers aisés de Damas, l'ambiance est sereine"
Deux journalistes de France 3 sont en Syrie depuis mardi. Alors qu'une intervention occidentale se profile, Hugues Huet, grand reporter et spécialiste des conflits, décrit l'atmosphère qui règne dans la capitale.
Alors que Barack Obama et François Hollande cherchent du soutien avant d'intervenir en Syrie, deux journalistes de France 3 sont partis, mardi 3 septembre, à Damas. Hugues Huet, grand reporter et spécialiste des conflits, décrit l'atmosphère qui règne dans la capitale.
Francetv info : Quelle est l'ambiance à Damas ?
Hugues Huet : En fait, il y a deux Damas. L'un sous le contrôle du régime, à l'ouest et au sud : c'est celui des quartiers aisés. Ici, l'ambiance est sereine. On y vit normalement, comme à côté de notre hôtel, où des gens se baignent dans la piscine. Seuls indices du conflit : plus de 100 checkpoints contrôlent les carrefours, par crainte d'attentats. Ce qui crée des embouteillages énormes. Autre problème de taille, qui rappelle que la guerre n'est pas loin : le bruit sourd, terrible, jour et nuit, des nombreux bombardements.
De l'autre côté de la ville, c'est le quartier rebelle. On ne peut pas y aller, ni filmer les bâtiments ou les mesures de sécurité mises en place. Nous sommes à un kilomètre de la zone frappée par les armes chimiques. Le discours que nous tiennent les officiels est le suivant : ce n'est pas le gouvernement qui a gazé mais les rebelles, pour attirer l'attention internationale. Quel intérêt avait le régime alors qu'il a le vent en poupe et reprend des territoires ?
La population est-elle inquiète ?
Les gens ne sont pas toujours bien informés. Ils pensaient qu'une grosse coalition occidentale allait suivre les Américains et frapper. En revanche, ils sont surpris que la France entre en guerre. La communauté chrétienne ne comprend pas et dit désormais détester un pays qui soutient des islamistes extrémistes.
Quant à la rue, elle n'avait pas peur jusqu'au vote de la commission des Affaires étrangères du Sénat américain, mercredi. Car les Syriens pensaient que les frappes dureraient deux ou trois jours, mais on parle désormais de 60 ou 90 jours d'intervention. Ils réalisent qu'ils vont souffrir. Et comme les quartiers aisés, ceux des ministères ou des casernes, seront des cibles pour les Occidentaux, la classe riche réfléchit à un départ. Globalement, les gens regardent beaucoup la télévision et attendent avec angoisse les résultats du G20.
Comment sont reçus les journalistes ?
Nous sommes très surveillés, très encadrés. Avec les huit autres reporters français, nous avons un guide officiel. Le problème, c'est qu'il est difficile d'imposer un angle et de satisfaire notre curiosité. Dans les heures qui viennent, nous allons essayer de visiter une entreprise pour voir comment elle s'organise pour travailler en temps de guerre.
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