: Témoignage Syrie : "On espère que la France va venir nous chercher", plaide une Française détenue dans un camp sous la menace de frappes turques
La Turquie poursuit ses bombardements contre les combattants kurdes dans le nord-est syrien. Au camp de Roj, où sont retenus la plupart des Français proches de jihadistes de l'Etat islamique, l'inquiétude grandit.
Sarah n'était qu'une enfant quand ses parents l'ont emmené en Syrie. Sa mère, son père et ses six petits frères sont morts sous ses yeux a Baghouz, en Syrie, lors de la chute de l'Etat Islamique. La jeune fille est enfermée depuis trois ans dans le camp de Roj où sont enfermés la plupart des Français, dont 150 enfants, détenus sur le sol syrien. Aujourd'hui âgé de 18 ans, le retour de la Française n'est pas jugé prioritaire par les autorités.
La peur de Daech "qui rôde autour du camp"
Sarah craint désormais les bombardements turcs. Depuis le 20 novembre Ankara mène des frappes aériennes contre les zones kurdes du nord-est de la Syrie. Le camp d'Al-Hol qui abrite 50 000 proches de jihadistes de Daech a notamment été touché. À 300 km plus au sud, dans le camp de Roj, l'électricité et le gaz ont été coupés. "On entend beaucoup de bombardements autour, on a très peur et on a très froid", raconte Farida, une amie de Sarah qui vit avec elle sous la même tente. On est tous très malades, il n'y a pas de médicaments parce que les docteurs ne peuvent pas rentrer dans le camp."
"Il fait super froid, ils n'ont pas de gaz à nous donner pour le chauffage. On attend d'être rapatriés au plus vite. Même si la situation est difficile, on espère que la France va venir nous chercher".
Farida, détenue dans le camp de Rojà franceinfo
Depuis son département du sud de la France, la tante de Sarah se bat pour la faire rentrer mais la situation géopolitique l'angoisse : "Il peut y avoir des débordements, les Kurdes peuvent ouvrir les camps, toutes les femmes et les enfants français peuvent s'échapper dans la nature, sans savoir où aller et Daesh peut les récupérer parce qu'ils rodent autour du camp. On a peur que le fait que les turcs bombardent le Kurdistan soit une excuse pour la France de freiner les rapatriements et qu'ils repassent un hiver à -15 degrés, encore un. Sarah, elle a des éclats d'obus dans la tête qui lui font très mal l'hiver à cause du froid, et ça fait peur".
De nouvelles opérations de rapatriement devait avoir lieu en novembre et en décembre, mais le quai d'Orsay refuse de commenter la situation. En octobre dernier, le ministère des Affaires étrangères avait annoncé le rapatriement en France de 15 femmes et 40 enfants retenus dans des camps de prisonniers jihadistes et détenus par les forces kurdes.
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