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Syrie : près de six mois après la bataille de Raqqa, les habitants sont revenus mais le danger reste présent

En Syrie, alors que la ville de Raqqa (centre) se reconstruit lentement, les habitants de Manbij (nord) vivent sous la menace d'une offensive turque, selon l'envoyé spécial de franceinfo sur place.

Article rédigé par Omar Ouahmane - Édité par Alexandra du Boucheron
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Dans les faubourgs de Rakka, après la libération, en octobre 2017. (CHRIS MCGRATH / GETTY IMAGES EUROPE)

C'était la ville symbole de l'État islamique, la ville dont les jihadistes de Daech avaient fait la capitale de leur califat auto-proclamé. Cela fait près de six mois que Raqqa, dans le centre de la Syriea été reprise des mains de l'organisation terroriste. Sur place, la vie reprend peu à peu son cours, mais le processus est très long. 

Reportage d'Omar Ouhamane à Raqqa, près de six mois après la libération de la ville syrienne

Les habitants sont revenus dans une ville toujours en grande partie en ruines et surtout, minée. Il y a d'ailleurs régulièrement des victimes parmi les civils en raison des explosifs laissés par les jihadistes. Si Raqqa n'est plus cette ville-fantôme qu'on a connue après sa libération le 17 octobre 2017, la reconstruction est lente : les moyens ne suivent pas, l'aide internationale promise n'est pas encore arrivée et le conseil civil de Raqqa, chargé de gérer la localité, est débordé.

Pourtant, cela n'a pas empêché les Syriens de revenir. Ils vivent le plus souvent dans des habitations de fortune. Les premiers matchs de football ont été organisés dans le stade municipal. Les transports en commun ont repris : les bus rouges, criblés d'impacts de balles, sillonnent la ville au milieu des gravats et des célèbres taxis jaunes de Raqqa. Pour ces civils, l'essentiel est que Daech a été vaincu même si, selon les forces de sécurité, des cellules dormantes sont encore présentes dans la ville. 

La ville de Manbij, menacée par les Turcs

À 150 km de Raqqa, dans le nord de la Syrie, la population vit dans la crainte des Turcs. Après avoir pris le contrôle d'Afrine le 18 mars, les forces d'Ankara menacent d'envahir Manbij, entre Alep et Kobané, près de la frontière turque. C'est une ville multi-ethnique - arabe, kurde et turkmène - défendue par un conseil civil militaire. Celui-ci fait partie des Forces démocratiques syriennes (FDS), créées sous l'impulsion de Washington, qui ont vaincu Daech à Raqqa. Or, ce qui enrage la Turquie, c'est qu'au sein de ces FDS combattent des milices kurdes qualifiées de "terroristes" par Ankara. Ces milices, très appréciées de la population kurde, sont présentes à Manbij et elles sont sous la protection des États-Unis, qui contrôlent le ciel aérien dans cette région. À Afrine, c'était la Russie qui était maître du ciel et qui avait donné son feu vert à Ankara pour envahir l'enclave kurde.

Depuis plusieurs jours, on voit passer de très longs convois militaires américains en direction de Manbij. Certains parlent de plusieurs milliers de soldats américains, mais il n'y a aucun chiffre officiel. Quant aux Français, la question est évidemment sensible : Paris ne veut pas fâcher Ankara, mais la France fait partie de la coalition internationale qui intervient en Syrie et en Irak. En cas de besoin, la France pourrait venir en soutien aux forces américaines à Manbij. Pour l'instant, on n'a pas vu arriver le moindre soldat français sur place.

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