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"Si les jihadistes savaient que je te parle, ils m'exécuteraient" : en Irak, un habitant de l'ouest de Mossoul raconte son quotidien

Omar Ouahmane, envoyé spécial de franceinfo à Mossoul (Irak), a pu entrer en contact avec un habitant coincé dans la partie ouest de la ville, toujours aux mains du groupe État islamique en ce début du mois de février.

Article rédigé par Omar Ouahmane
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un véhicule de l'armée irakienne au pare-brise criblé d'impacts de balles à Mossoul (Irak), en janvier 2017 (DIMITAR DILKOFF / AFP)

Chaque soir à la tombée de la nuit, Ahmed, un habitant des quartiers est de Mossoul, reçoit un appel téléphonique. Au bout du fil, il retrouve un ami d'enfance pris au piège dans la partie occidentale toujours contrôlée par le groupe État islamique. "On meurt de faim. On n'a plus rien à manger", lui dit cet homme. Alors que la bataille de Mossoul marque une pause en ce début du mois de février, la deuxième ville irakienne se retrouve coupée en deux. Au milieu, le fleuve Tigre fait office de barrière naturelle entre les quartiers est entièrement libérés par l'armée irakienne depuis le 18 janvier et les quartiers ouest aux mains des jihadistes.

Tenter de gagner l'est de Mossoul est puni de mort

L'ami d'Ahmed nous raconte un quotidien dans lequel le kilo de sucre coûte 12 euros. Le prix d'un jerricane de 18 litres d'essence s'élève à 90 euros, tandis que celui de fioul, essentiel pour se chauffer, atteint les 100 euros.

Si la situation dure plus de quinze jours, ce sera catastrophique. Que Dieu nous protège !

un habitant de la partie ouest de Mossoul

à franceinfo

Comme chaque soir, la conversation ne dure que quelques minutes, car les jihadistes ne sont jamais très loin. "S'ils savaient que je te parle au téléphone, ils m'exécuteraient immédiatement, poursuit cet habitant. Ils patrouillent constamment dans la rue. Ils harcèlent les gens pour la moindre entorse à la charia, même les enfants. Daech fait aussi la chasse aux anciens fonctionnaires, ceux qui appartenaient à la police ou à l'armée."

On ne sort pas de chez nous. On vit dans la peur. 

un habitant de la partie ouest de Mossoul

à franceinfo

Les cinq ponts qui reliaient les deux rives de Mossoul ont été détruits. Au péril de de leur vie, certains habitants tentent malgré tout de franchir le fleuve pour rejoindre la partie est de la ville. "Il y a quelques jours, ils ont exécuté douze personnes qui avaient essayé de traverser", raconte l'ami d'Ahmed, avant de préciser : "Le plus âgé avec 16 ans"

Coupé du monde, cet homme attend désormais l'assaut final des forces irakiennes sur la partie occidentale de Mossoul. Une arrivée synonyme pour lui de libération.

"On meurt de faim. On n'a plus rien à manger" : Omar Ouahmane a pu entrer en contact avec un habitant coincé dans la partie ouest de Mossoul

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