Reprise de Raqqa par les Forces démocratiques syriennes : "Il fallait briser le califat"
Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française auprès des Nations unies, est revenu, mercredi pour franceinfo, sur l'assaut final mené à Raqqa, fief de Daesh en Syrie, par les Forces démocratiques syriennes.
La bataille de Raqqa ne signifie pas forcément la fin de Daech selon le général Dominique Trinquand. L'ancien chef de la mission militaire française auprès des Nations unies a expliqué, mercredi 4 octobre sur franceinfo, que la chute de Raqqa, qui est sur le point d'être reprise par les Forces démocratiques syriennes avec le soutien de la coalition internationale, ne marquera certainement pas la fin de l'idéologie meurtrière du groupe terroriste.
franceinfo : Quel est l'objectif de la bataille de Raqqa ?
Dominique Trinquand : L'objectif de la bataille était fondamental. Il fallait briser le califat avec la prise de Mossoul qui était la capitale, en Irak, de l'État Islamique et maintenant la prise de Raqqa, la capitale en Syrie. Il s'agit de briser ce mythe qui était un établissement territorial terroriste islamiste au Moyen-Orient.
Néanmoins, la bataille de Raqqa n'est pas terminée ?
C'est le troisième exemple de combat en zone urbaine après Alep et Mossoul. Alep était dans une configuration différente, mais nous sommes dans une configuration similaire pour Mossoul et Raqqa. Ce sont des villes anciennes, avec des rues étroites et une population de combattants implantés depuis longtemps. Elle a pris en otage la population, certes, mais, une partie de la population, ce sont les familles des combattants. C'est extrêmement difficile de combattre dans ces zones avec les engins blindés qui n'y ont pas accès. C'est du combat rue par rue. Les jihadistes ont eu l'occasion de préparer leur plan de bataille avec des mines, des pièges, des tunnels, des snipers. Cela rend le combat extrêmement difficile.
Pendant qu'on chasse les jihadistes de Raqqa, est-ce qu'ils se relocalisent ailleurs ?
Ils se relocalisent ailleurs. Il y a encore deux zones importantes pour les jihadistes. Il s'agit de Deir Ez-Zor, qui est plus vers la frontière irakienne, qui est attaquée par les forces gouvernementales et les forces russes, ainsi que la province d'Idleb dans laquelle des jihadistes ont été évacués après la prise d'Alep. Il y a donc deux grandes zones désertiques centrales dans lesquelles ils s'installent, probablement pour une guerre d'usure, parce que pour eux la guerre n'est pas terminée. Ils continueront à attaquer comme ils le font en Irak et en Syrie. Sur le plan de la tactique, les jihadistes sont extrêmement innovants. Ils utilisent des voitures piégées, des drones pour aller chercher et bombarder l'ennemi et des tunnels dans lesquels ils s'infiltrent pour attaquer les forces qui progressent par derrière.
Les soldats français ont-ils pour mission de repérer les jihadistes infiltrés parmi les civils syriens ?
Il y a trois types de missions en Syrie. Il y a la mission d'artillerie, ensuite il y a la formation et le renseignement. Cette dernière sert aussi bien pour fournir les objectifs que dans le filtrage entre les vrais civils et les faux qui ont déposé leurs armes et qui sont prêts à reprendre le combat un peu plus loin.
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