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Qui est Gill Rosenberg, l'Israélo-Canadienne qui combat l'Etat islamique avec les Kurdes ?

A 31 ans, elle est la première femme étrangère à avoir rallié les forces kurdes en Irak et en Syrie pour combattre les jihadistes de l'EI. Ces derniers ont annoncé sa capture, mais la jeune femme à la personnalité hors du commun a démenti sur son compte Facebook.

Article rédigé par Vincent Daniel
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Capture d'écran d'une photo publiée le 9 novembre 2014 sur le compte Facebook de Gill Rosenberg.  (GILL ROSENBERG / FACEBOOK)

Elle est présentée comme la première femme étrangère à avoir rallié les forces kurdes en Irak et en Syrie pour combattre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI). Gill Rosenberg, 31 ans, possède les nationalités canadienne et israélienne. Les jihadistes ont annoncé sa capture fin novembre, mais la jeune femme a démenti sur son compte Facebook.

Comment a-t-elle rejoint les rangs des peshmergas ? Quelles sont ses motivations ? Francetv info a tenté de retracer son parcours.

Une militaire condamnée pour escroquerie

"Son passé n'est (...) pas blanc comme neige", écrit le site de Radio Canada à son sujet. Née à Vancouver (Canada), la jeune femme est une pilote d'avion qui a émigré en Israël en 2006 et s'est engagée au sein de l'armée. Elle a été l'instructrice de soldats kényans venus en Israël pour une formation de sauvetage, rapporte le site d'information israélien i24news. Sur son compte Facebook (en anglais), on peut d'ailleurs la voir en uniforme, armée, posant tout sourire avec d'autres soldats israéliens. Gill Rosenberg raconte qu'elle a tenté de rejoindre le Mossad, les services de renseignement israéliens, mais une blessure pendant un entraînement l'en a empêchée.

Pour faire face à des problèmes financiers, elle se tourne alors vers un groupe d'escrocs organisant des arnaques à grande échelle. La jeune femme est arrêtée en Israël en 2009 avec onze autres personnes dans une affaire de "jeux de loterie bidon qui ciblaient des victimes, essentiellement des personnes âgées", explique Radio Canada. Le montant total de l'escroquerie perpétrée par le groupe est de 25 millions de dollars, précise Le Monde. Gill Rosenberg est condamnée à quatre ans de prison. Extradée en 2009 aux Etats-Unis, elle ne passera que trois ans derrière les barreaux à la suite d'une négociation avec la justice américaine.

Entraînée avec les peshmergas en Irak

On perd ensuite la trace de la jeune femme jusqu'au 2 novembre 2014. Ce jour-là, elle quitte son domicile de Tel Aviv (Israël) pour atterrir à Erbil (Kurdistan irakien), selon Le Monde. Depuis, Gill Rosenberg publie sur son compte Facebook des photos d'elle qui semblent prises dans les régions kurdes d'Irak et de Syrie, visiblement dans l'intention d'encourager les vocations. "Dans l'armée israélienne, nous disons 'aharai', "suivez-moi". Montrons à l'Etat islamique ce que ça signifie", écrit-elle le 9 novembre.

Le lendemain, elle explique à Radio Israël s'être rendue en Irak et avoir suivi un entraînement avec les combattants kurdes. Elle dit avoir pris contact avec eux sur internet. La jeune femme affirme également vouloir se battre en Syrie voisine. "Les Kurdes sont nos frères. Ils sont de bonnes personnes. Ils aiment la vie (...) comme nous, vraiment", confie-t-elle à Radio Israël.

"Je suis saine et sauve, en parfaite sécurité"

Samedi 29 novembre, des sites proches des jihadistes de l'EI affirment que des combattants ont capturé une "femme militaire sioniste" à Kobané, ville kurde syrienne frontalière de la Turquie, où les combats entre peshmergas et jihadistes font rage. Le Jerusalem Post indique ensuite qu'il s'agit de Gill Rosenberg. Aussitôt, l'information, qui n'est pas vérifiable, fait la une des médias, principalement israéliens et canadiens. Et les réseaux sociaux s'activent car la jeune femme "a acquis une notoriété médiatique en quelques semaines, en raison de son parcours hors normes", écrit Le Monde. Son profil Facebook croule sous les messages d'encouragements. Certains internautes lui demandent même comment combattre eux aussi aux côtés des Kurdes…

Le 1er décembre, c'est sur son compte Facebook que Gill Rosenberg dément sa capture. "Je suis saine et sauve, en parfaite sécurité, écrit-elle. Je n'ai pas accès à internet, pas plus que je n'ai de dispositif de communication avec moi pour des raisons de sécurité. Je ne peux pas répondre régulièrement, mais j'ai lu ces bêtises de reportages quand je me suis branchée. Ignorez les informations disant que j'ai été capturée."

L'authenticité de ce message, ainsi que d'autres provenant de comptes Twitter de combattants kurdes et affirmant la même chose, n'a pas été confirmée, précise Radio Canada. Officiellement, le gouvernement canadien tente d'obtenir plus d'informations. Toutefois, la thèse de l'enlèvement n'a pas été retenue par les autorités canadiennes, selon le quotidien La Presse, qui cite des sources anonymes. Mutlu Civiroglu, journaliste et connaisseur du dossier, qui dit s'être entretenu avec un chef militaire kurde, indique également sur son blog (en anglais) que Gill Rosenberg se trouve loin de la région de Kobané.

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