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Jihadistes français à l'étranger : il faut trouver des solutions "justes, républicaines", sans céder "à une sorte d'obscurantisme"

Coralie Dubost, juriste et députée LREM de l’Hérault, estime que le retour de ces jihadistes en France n'est "ni une bonne ni une mauvaise chose. Il y a une réalité, il faut y faire face."

Article rédigé par franceinfo
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Coralie Dubost, députée LREM de l'Hérault, le 9 octobre 2018. (CHRISTOPHE MORIN / MAXPPP)

"Il faut absolument que la France puisse trouver des solutions qui soient justes, républicaines et qui ne cèdent pas à une sorte d‘obscurantisme", sur le sort réservé aux jihadistes français détenus en Irak et en Syrie, a réagi sur franceinfo mercredi 30 janvier Coralie Dubost, juriste et députée LREM de l’Hérault.

"Le gouvernement a ouvert la porte sur toutes les options, mais n’a adopté aucune décision à ce jour", mais "il y a une réalité, il faut y faire face" a ajouté la juriste spécialisée dans les modes alternatifs de règlement de conflits ainsi que dans le droit européen et international des droits de l'Homme. La gestion des prisonniers s'annonce "extrêmement complexe".

franceinfo : Comment avez-vous réagi en entendant la déclaration LR de Pierre-Henri Dumont qui estime qu'il faut "tuer" les jihadistes français ?

Coralie Dubost : Au-delà de cette espèce de buzz de la violence qu’a suscité Pierre-Henri Dumont, c’est une situation extrêmement complexe. D’une part le nombre de prisonniers n’est pas confirmé. Et parmi les prisonniers appartenant à l’Etat islamique et qui sont détenus par les Kurdes, il y a des hommes, des femmes et des enfants. Il y a parfois des jeunes Français partis il y a plusieurs années sur ces territoires, rejoindre l’Etat islamique, et qui ont par le biais d’unions mis au monde des enfants. La situation des enfants me préoccupe très particulièrement. Il y en a certains en très bas âge, qui n’ont rien demandé. Avec le retrait des troupes américaines, la gestion des prisonniers par les forces kurdes va être extrêmement complexe. Il faut absolument que la France puisse se saisir de cette situation et trouver des solutions qui soient justes, républicaines et qui ne cèdent pas à une sorte d'obscurantisme.

Est-ce une bonne chose que ces jihadistes rentrent en France ?

C’est ni une bonne ni une mauvaise chose. Il y a une réalité, il faut y faire face. On a une autre problématique du point de vue du droit international : la position traditionnelle de la France est de dire que les prisonniers sont jugés dans le pays où ils ont été arrêtés. Sauf que l’Etat kurde n’est pas encore un Etat constitué, ou pas encore reconnu comme tel, donc ça nous pose des problématiques de droit international sur l’équivalence des juridictions. Et puis, il y a une responsabilité qui est de fait, avec le changement de situation des troupes américaines qui va forcément entraîner des conséquences dans la gestion des prisonniers, et donc nous sommes tenus de réfléchir à ces questions-là. Le gouvernement a ouvert la porte sur toutes les options, mais n’a adopté aucune décision à ce jour.

A quoi peut-on être condamné en France quand on part faire la guerre à l’étranger ?

Ce sont des crimes extrêmement graves. Mais tout dépend du niveau d’implication au sein de l’Etat islamique. Il y aura plusieurs peines. Cela dépendra aussi de ce que les Kurdes auront pu récupérer et pourront nous transmettre. Il y a là un énorme travail de coordination diplomatique et des services de renseignement en la matière. Mais, si vous êtes reconnu coupable, vous avez les peines maximum.

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