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Des familles syriennes toujours en quête de leurs proches enlevés par l'État Islamique en appellent aux pays de la coalition internationale

Ces familles recherchent leurs proches, disparus entre les mains du groupe État islamique. Près de 8 000 personnes seraient introuvables.

Article rédigé par Claude Guibal - Edité par Pauline Pennanec'h
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des femmes dans les rues de Raqqa (Syrie), le 1er mai 2019. (DELIL SOULEIMAN / AFP)

Que sont devenus les Syriens arrêtés par le groupe État islamique ? Alors que la bataille territoriale contre le groupe terroriste s'achève, des familles syriennes s'organisent en collectif. Elles demandent aux pays de la coalition internationale, partie prenante dans le conflit en Syrie, comme la France et les États-Unis, de les aider à savoir ce qu'il est advenu de leurs proches, portés disparus.

C’est le cas de Ghadir Naoufel. Elle recherche son mari, Firas Haj Saleh, une figure de l'opposition démocratique à Raqqa, depuis le 20 juillet 2013. Il était l’un des premiers à s'opposer au groupe État islamique : "C'était la nuit, Firas, mon mari était au café avec un ami à Raqqa. En revenant à la maison, en voiture, ils ont été arrêtés par des hommes cagoulés et armés."

Ils ont demandé à mon mari de descendre de voiture, il est descendu, et ils l'ont emporté avec eux, et on ne sait pas ce qu'il est devenu...

Ghadir Naoufel

à franceinfo

Comme lui, ils seraient près de 8 000 à avoir disparu entre les mains de l'organisation jihadiste, selon les organisations syriennes. Dans les territoires repris, souvent par les Forces démocratiques syriennes à majorité kurde, on ne cesse de découvrir des fosses communes. Les victimes de bombardements de la coalition ou du régime, mais aussi celles du groupe État islamique sont mélangées. Les corps y sont déplacés à la va-vite pour être réenterrés, sans enquête médico-légale, sans prélèvement ADN.

Les lieux de détention de l'organisation jihadistes ont été détruits, pour faire table rase, alors que sur leurs murs, les prisonniers ont parfois gravé leur nom, leur histoire. "L'État islamique est fini... et son territoire a été reconquis", selon l'avocat syrien Anwar al-Bunni. Il parle d'urgence et de catastrophe : "C'est maintenant qu'il faut agir, tant qu'il reste encore des preuves exploitables sur place."

Si on laisse faire ainsi, toute les preuves seront détruites, perdues, les gens impliqués auront disparu, et il n'y aura plus rien ni personne pour nous donner des réponses.

Anwar al-Bunni

à franceinfo

Pour Nadim Houry, de l'ONG Human Rights Watch, les pays de la coalition peuvent aider les familles en communiquant les informations obtenues auprès des prisonniers jihadistes, et des documents collectés : "Le groupe Etat islamique était un 'Etat' bureaucratique. Ils [l'État Islamique] écrivaient qui était détenu, qui était jugé, transféré..."

"Où sont ces documents essentiels aujourd'hui pour que les familles puissent avoir des réponses ? Sont-ils aux mains des Forces démocratiques syriennes, des services de renseignements occidentaux qui les ont obtenus ?", se demande Nadim Houry. "Aujourd'hui la bataille territoriale est terminée, mais il ne peut y avoir de victoire contre l'État islamique sans prendre en compte les intérêts des victimes", affirme-t-il. Des victimes dont le sort toujours inconnu hante des familles entières, épuisées par cette quête sans réponse.

Les disparus de l'État Islamique, reportage de Claude Guibal

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