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Les avocats de jihadistes françaises détenues en Irak et en Syrie portent plainte et dénoncent "la chronique d'une tragédie annoncée"

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Article rédigé par Delphine Gotchaux, Benjamin Illy
Radio France

Un collectif d'avocats va à nouveau porter plainte, vendredi, pour "détention arbitraire" de trois jihadistes françaises détenues en Irak et au Kurdistan syrien. 

Que faire des jihadistes françaises détenues en Irak et au Kurdistan syrien ? Un collectif d'avocats va porter plainte, vendredi 27 avril, pour "détention arbitraire" de trois jihadistes françaises

Depuis des mois, cette question embarasse le gouvernement français qui tient un discours à géométrie variable. "Du cas par cas", avait dit Emmanuel Macron le 8 novembre dernier. Deux jours plus tard, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian affirmait, lui, sur Europe 1, qu'il fallait les juger sur place et ne pas les laisser rentrer, à l'exception de leurs enfants.

Pour que le gouvernement se positionne 

Ces avocats avaient déjà déposé une première plainte en janvier 2018, mais elle avait été classée sans suite par le parquet de Paris. Cette nouvelle plainte avec constitution de partie civile est adressée directement au doyen des juges d'instruction, qui va donc devoir ouvrir une information judiciaire. 

Le collectif veut ainsi obliger le gouvernement français à se positionner clairement sur le sort de ces femmes et de leurs enfants : "La France a su froncer les sourcils par le passé, elle doit le faire aujourd'hui, assure Me William Bourdon, l'un des avocats à l'intiative de cette plainte.  Nous sommes dans la chronique, peut-être, d'une tragédie annoncée."

"La torture et les mauvais traitements"

L'avocat détaille les risques encourus par ses deux clientes détenues en Irak : la mort pour elle ou son enfant, les mauvais traitements en prison ("On sait que la torture et les mauvais traitements – c'est Amnesty international qui le dit, ce n'est pas nous – sont légions."), les agressions sexuelles ou encore "le risque que ces mères soient jetées dans un cul-de-basse-fosse ou dans des routes de camapgne et pouvant être l'objet de toutes les menaces, de toutes les factions dans une situation sécuritaire absolument dramatique".

C'est l'honneur de la France, c'est sa tradition, c'est son histoire, de rappeler au respect des principes.

Me William Bourdon

à franceinfo

Marie Dosé fait aussi partie du collectif d'avocats qui va porter plainte. Pour elle, ces femmes doivent être jugées en France et rapatriées avec leurs enfants car "elles sont en danger et plus le temps passe, plus elles le sont", affirme-t-elle. "D'abord, parce que des femmes qui n'ont pas la nationalité française, mais d'autres nationalités, quittent le camp progressivement et elles, elles doivent rester puisque la France n'en veut pas, poursuit Me Dosé. Les Kurdes ne veulent pas les juger. Les Kurdes montrent de l'impatience, commencent à être fatigués de devoir les nourir, les soigner et s'occuper de leurs enfants."

Le danger devient de plus en plus prégnant.

Me Marie Dosé

à franceinfo

Depuis deux mois, Marie Dosé demande le rapatriement de deux enfants d'une de ses clientes détenues au Kurdistan syrien. Elle n'a à ce jour eu aucune réponse du gouvernement français. 

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