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"À l'époque, je disais 'on a vécu Beyrouth'..." : les images du Liban ravivent le traumatisme des sinistrés de l'explosion d'AZF à Toulouse

Les explosions dans le port de Beyrouth qui ont fait plus de 100 morts et 4 000 blessés ont ravivé les souvenirs douloureux de la catastrophe d'AZF en 2001 à Toulouse. Une déflagration provoquée à l'époque par l’explosion d’un stock de nitrate d’ammonium, comme au Liban.

Article rédigé par Stéphane Iglésis
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des silos à grain endommagés sur le port de Beyrouth, au Liban, le 5 août 2020, au lendemain d'une double explosion. (STR / AFP)

Lorsque le Premier ministre libanais Hassan Diab a affirmé que les déflagrations, mardi 4 août, sur le port de Beyrouth, étaient notamment dues à l'explosion de 2 750 tonnes de nitrate d'ammonium, la même substance en cause dans la catastrophe d'AZF à Toulouse, les anciens sinistrés toulousains étaient déjà sur le qui-vive. "La nuit a été un petit peu difficile et ce matin quand je revois des images, c'est dur", raconte Pauline Miranda, présidente de l’Association des sinistrés du 21 septembre. "Parce que c'est AZF force 10. C'est effroyable. À l'époque, je disais 'on a vécu la guerre, on a vécu Beyrouth'. C'est impensable qu'un tel stock d'explosifs puisse être dans une ville aux abords des gens. C'est intolérable !"

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Christine Riveill, qui est toujours dans le quartier proche de l’ancienne usine a, elle aussi, repensé à l’explosion de l'usine AZF. "Ces images de désolation, ces voitures renversées, de la cendre partout, de la fumée... C'est très difficile. Quand vous remontez de votre boulot et que vous croisez des gens en sang, vous ne pouvez plus avancer en voiture", se rappelle cette habitante. 

On vous dit qu'il y a des nuages nocifs, vous vous dites 'est-ce que je vais retrouver mes enfants en vie ou morts ?'

Christine Riveill, habitante près de l'ancienne usine AZF

à franceinfo

Jeannine Cantarueil, ex-infirmière libérale, se souvient comme tous les Toulousains de ce qui s’est passé à 10h17, le 21 septembre 2001. "Face au stadium, j'avais ma petite voiture qui s'est soulevée. Un grand boum ! Deux éclairs, et elle s'est reposée", témoigne-t-elle. "Lorsque je me suis arrêtée, j'ai vu tous les gens qui travaillaient au belvédère sortir ensanglantés. Hier, quand j'ai vu ces pauvres gens j'ai automatiquement repensé à ça."

"Le nitrate d'ammonium, à certains égards, est un produit très courant. Il est utilisé comme engrais sous une certaine forme de production mais c'est par nature un explosif", rappelle Stella Bisseuil, une avocate qui a défendu de nombreux sinistrés. "La mémoire de sa dangerosité se perd et c'est là que le danger commence." Autant dire que les Toulousains sont non seulement solidaires mais aussi dans leur chair très proches des habitants de Beyrouth.

Explosions de Beyrouth, souvenirs d'AZF : écoutez le reportage de Stéphane Iglésis

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